FMJ MtlMARDI APRÈS L’ÉPIPHANIE
Frère Antoine-Emmanuel
1 Jn 4, 7-10 ; Ps 71 ; Mc 6, 34-44
6 janvier 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Ils étaient tellement fatigués

Les apôtres étaient franchement fatigués
au retour de leur mission.
Ils n’avaient même pas un instant pour manger (cf. Mc 6,31).
Ils sont tellement fatigués que Jésus juge nécessaire
de les emmener se reposer dans un lieu désert.
Quand enfin ils arrivent au lieu qui devait être « désert »,
Jésus et les apôtres voient une foule nombreuse.

Que fait Jésus ?
Les apôtres ont besoin de repos, de silence
et il y a là une foule d’hommes, de femmes, de familles,
du monde ordinaire, des malades, des pauvres.

Jésus est remué jusqu’aux entrailles pour eux.
Pour eux… parce qu’ils sont comme des brebis
qui n’ont pas de berger (Mc 6,34).

Des brebis qui n’ont pas de berger errent dans les déserts.
Elles cherchent de l’herbe, de l’eau, n’en trouvent pas
et deviennent la proie, très facile, des prédateurs du désert.

Alors Jésus se met à les enseigner longuement (id.).
Jésus prend soin de ces hommes, de ces femmes
qui habitent ses entrailles.
C’est pour eux qu’Il est venu.
C’est à eux que le Père L’envoie.

Et les apôtres ?
Ont-ils repris la barque
pour aller vers un autre rivage plus calme ?
Sont-ils partis se reposer pendant que Jésus enseigne ?
Ils auraient eu toutes les raisons de le faire !
Jésus Lui-même a reconnu leur fatigue
et leur besoin de repos.

Mais, il y a en eux une espèce de solidarité avec Jésus.
Quelque chose du cœur pastoral de Jésus est déjà en eux.
Et ils restent.
Ils écoutent eux aussi le Maître.

Et sans doute la Parole de Jésus
commence-t-elle déjà à les restaurer.

Quand il commence à se faire tard,
ce sont les apôtres qui s’approchent de Jésus
et qui Lui suggère de renvoyer les foules.
C’est leur sagesse.
Une vraie sagesse mais…
une sagesse, qui n’a pas encore reconnu Qui est Jésus.

Et à ces apôtres fatigués,
Jésus demande de nourrir les foules !
« Donnez-leur, vous, à manger ! » (v. 37)

*

Il y a de ces moments dans notre vie de disciple de Jésus
où ce que le Seigneur nous demande
nous semble absolument impossible.
Et cela est humainement impossible !
Le Seigneur ne nous épargne pas ces moments-là.
Et Il ne nous en épargnera pas.
Car ce sont ces moments
où notre intelligence et notre cœur s’ouvrent ;
où nous découvrons que l’œuvre de Dieu,
l’inattendu de Dieu, l’humainement impossible
peut se déployer non pas au loin ou dans quelque vie de saints,
mais là, dans notre vie, dans notre quotidien.

Oui, il n’y a pas de solution horizontale
avec nos propres moyens humains.
Mais, il y a une ouverture tout en verticale
qui va se déployer de manière simple, humble
et incroyablement féconde.

Les cinq pains et les deux poissons dont tu disposes,
tu les déposes entre les mains de Jésus.
Et Jésus fait deux gestes :
Il les bénit, Il invoque sur eux le Nom du Père,
l’Amour du Père
et Il les brise,
Il les partage.

Ce que tu donnes à Jésus,
Jésus le bénit, le brise, le partage.
Ta vie, quand tu la donnes à Jésus,
Jésus la bénit,
Jésus la brise,
Jésus la partage.

Et tu n’es plus seul : c’est avec Jésus que tu es béni.
Avec Jésus que tu es brisé.
Avec Jésus que tu es donné.
Avec Jésus, tu ne fais plus qu’un.

Ce n’est pas avec tes forces que tu vas nourrir les foules.
C’est avec ta vie donnée,
remise entre les mains de Jésus.
Alors tu es en train d’entrer dans l’Amour.

Ainsi s’accomplit en toi ce que Saint Jean nous a dit :
Quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu,
ou plus précisément, pour mieux tenir compte du texte grec,
et parvient à la connaissance de Dieu (1 Jn 4,7).

Quand notre vie devient une vie donnée,
deux choses sont certaines :
la première est que nous sommes nés à nouveau de Dieu.
Le Père nous a fait renaître à une Vie nouvelle
qui est la Vie du Fils,
Vie bénie, rompue et donnée à la multitude.
Et la seconde est que nous sommes sur le chemin
de la vraie connaissance du Père.
Chaque geste d’amour que nous décidons,
nous dévoile la tendresse du Père.

Père, fais-nous renaître en ton Fils Jésus.
Enseigne-nous la vraie sagesse.
Attire-nous dans son Amour.
Alors, nous découvrirons ta tendresse
et nous la proclamerons au monde,
afin de préserver beaucoup de brebis
de la violence des prédateurs du désert.

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