FMJ MtlMercredi, 2e Semaine du Temps ordinaire – B
Sainte Agnès, vierge et martyre, † 304 à Rome
Frère Thomas
Hé 7, 1-3.15-17 ; Ps 109 ; Mc 3, 1-6
21 janvier 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Et toi, comment vis-tu le sabbat ?

Pauvres pharisiens !
Le jours du sabbat, au lieu de goûter le repos de Dieu,
ils sont préoccupés de surveiller Jésus
pour voir s’Il fera une guérison.
Dieu disait par le prophète Isaïe :
« Si tu t’abstiens de voyager le jour du sabbat,
de traiter tes affaires pendant mon jour saint,
si tu nommes « délices » le sabbat
et déclares « glorieux » le jour saint du Seigneur,
si tu le glorifies, en évitant démarches, affaires et pourparlers,
alors tu trouveras tes délices dans le Seigneur » (Is 58, 13-14).

Qui donc, entre Jésus et les pharisiens,
vit le mieux cette Parole du Seigneur ?
Non seulement les pharisiens surveillent Jésus,
mais ils tiennent conseil avec les partisans d’Hérode
pour voir comment le faire périr.

Jésus leur tend une perche
pour les aider à sortir de cette hypocrisie
dans laquelle ils s’enferment,
par laquelle ils donnent l’impression extérieurement
d’observer le repos du sabbat,
alors qu’intérieurement ils ne le vivent pas.
Il leur pose une question :
une question claire, limpide,
afin de les aider à prendre clairement position.
« Est-il permis, le jour du sabbat,
de faire le bien, ou de faire le mal ?
de sauver une vie, ou de tuer ? » (Mc 3,4)
Si les pharisiens étaient logiques avec eux-mêmes,
ils pourraient répondre :
« Oui, il est permis de faire le bien, de sauver une vie
– certainement pas de faire le mal, ni de tuer –
mais dans les limites prévues par la Loi
et la tradition des anciens ».
Ils pourraient aussi ajouter
que l’homme à la main paralysée
pourrait venir se faire guérir un autre jour que le sabbat.
Mais ils ne disent rien,
ils ne répondent rien à Jésus
qui pourtant leur propose de sauver la face.

Ils sont en colère contre Jésus.
Cette colère monte en crescendo
durant tout le chapitre 2 de l’Évangile de saint Marc.
D’abord Jésus pardonne les péchés du paralytique :
pour eux, c’est un blasphème,
car Dieu seul peut pardonner les péchés.
Ensuite, Jésus appelle un publicain
– Lévi-Matthieu – à sa suite
et partage un repas avec des publicains et des pécheurs.
Jésus et ses disciples ne jeûnent pas
pendant que les pharisiens jeûnent.
Et enfin, Jésus et ses disciples se permettent
de manger du blé en froissant les épis le jour du sabbat.
Que s’est-il donc passé ?

Jésus vit le pardon, la miséricorde, le jeûne et le sabbat
autrement que les pharisiens les vivent.
Il ne renie cependant rien de ces valeurs.
Il ne les détourne pas non plus de leur sens premier
qui est de conduire à Dieu et à sa Vie.
Et les pharisiens n’acceptent pas cela.
Eux qui pourtant aiment discuter, argumenter,
refusent finalement le dialogue avec Jésus.

Jésus pourtant ne rejette pas
leur façon de vivre le sabbat,
tandis qu’eux rejettent la sienne,
car ils la reçoivent comme accusant
leur façon de faire, leurs coutumes à eux.

De la même manière,
si les chrétiens veulent vivre l’unité entre eux,
il importe qu’ils consentent à s’accueillir mutuellement
dans leurs diverses coutumes,
du moment qu’elles ne contredisent pas
le sens de leur foi commune en Jésus Fils de Dieu fait homme.
Cet accueil mutuel, pour qu’il soit véritablement accueil,
sera fait de questions ouvertes
dans un sens comme dans l’autre :
comme celle que Jésus pose aujourd’hui aux pharisiens.

Si ces questions ne rencontrent
qu’un silence d’hostilité ou d’indifférence,
l’unité de se fera pas.
L’unité, c’est la rencontre de personnes différentes,
qui non seulement s’acceptent dans leurs différences,
mais qui surtout se laissent enrichir
de leurs différences mutuelles
et qui savent dire aux autres
comment et combien ils les enrichissent.

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