FMJ MtlVIGILES DE PENTECÔTE – B
Frère Antoine-Emmanuel
Gn 11, 1-9 ; Ac 2, 1-8 ; Jn 7, 37-39
23 mai 2015
Sanctuaire du Saint Sacrement, Montréal

Porter en nous l’image de Dieu

Je voudrais partir ce soir d’un évènement
des tout débuts de l’Église naissante.
La première arrestation.
Celle de Pierre et de Jean, arrêtés et interrogés
parce qu’ils annonçaient Jésus ressuscité
et qu’ils avaient été les instruments d’un miracle retentissant :
la guérison d’un infirme de naissance
qui mendiait à la Belle Porte du Temple.

Pierre et Jean furent relâchés parce que les autorités religieuses
ne voulaient pas prendre le risque d’un trouble politique.

Une fois relâchés, que font Pierre et Jean ?
Ils rejoignent la communauté et racontent ce qui vient de se passer.

La réaction unanime de la communauté est très significative.
Ils ne décident pas de prendre les armes
pour en finir avec la famille du grand Prêtre.
Ils ne décident pas de se trouver un avocat et d’aller à la cour.
Ils ne décident pas de contacter « le Devoir » ou « La Presse »
pour faire de la pression médiatique.
Qu’est-ce qu’ils décident ?
De prier ensemble.

Leur vient alors le Psaume 2 qui parle des grands
qui conspirent contre Dieu et son Messie (cf. Ps 2,2)
et annonce comment Dieu confirme la royauté de son Messie
qui est son Fils qui écrasera
les puissances ennemies (cf. Ps 2,9).

La Communauté puise dans ce Psaume 2
pour demander au Seigneur d’accomplir ses promesses.
Oui, ils se sont vraiment assemblés en cette ville,
Hérode et Ponce Pilate (…) contre Jésus ton saint Serviteur
que Tu avais oint (Ac 4,27).
Alors maintenant Seigneur vas-y,
accomplis ta promesse de victoire, de libération !

Est-ce qu’ils prient pour que les grands-prêtres
et les chefs romains soient anéantis, mis à mort ?
Non !
Écoutez bien la prière unanime de la Communauté :
« Et maintenant, Seigneur, sois attentif à leurs menaces,
et accorde à tes serviteurs de proclamer ta Parole
avec une grande assurance » (Ac 4,29),
c’est-à-dire une grande assurance, une grande audace,
libérés de toute crainte.
Et ils ajoutent :
« Étends donc la main (Seigneur)
pour que se produisent des guérisons, des signes et des prodiges
par le nom de Jésus ton saint Serviteur » (Ac 4,30)
afin que la parole soit confirmée par ces signes.

La Communauté ne demande pas des armes,
ni puissance politique, ni puissance religieuse.
Elle demande de pouvoir proclamer la Parole avec force,
d’annoncer la joie de la Résurrection avec assurance
et que cette annonce soit accompagnée de signes qui la confirment.

Quelle est la réponse de Dieu ?
À la fin de leur prière,
le local où ils se trouvaient réunis fut ébranlé :
ils furent tous remplis du Saint-Esprit
et ils proclamaient avec assurance la Parole de Dieu (Ac 4,31).
Réponse immédiate de Dieu…
une nouvelle Pentecôte !

Quand l’Église demande la grâce
de proclamer l’Évangile avec assurance
et que ce soit accompagné de signes,
le Seigneur répond immédiatement.

Car ce n’est pas une Église qui cherche à se défendre
ni une Église qui se referme sur elle-même et sur sa piété,
ni une Église qui veut du pouvoir sur le monde.
C’est une Église qui veut porter au monde la joie de l’Évangile.
Alors la Pentecôte se renouvelle.

Vous pourriez me dire :
oui, mais ce sont encore là, tous des juifs.
La grâce de Pentecôte leur est-elle réservée ?
La réponse à cette question est
aux chapitres 10 et 11 des Actes des Apôtres.
Pierre prêche à des païens.
Que se passe-t-il ?
« À peine avais-je pris la parole
que l’Esprit Saint est tombé sur eux
comme Il l’avait fait sur nous au commencement » (cf. 11,15).
« Dieu a fait à ces gens le même don gracieux
qu’à nous autres pour avoir cru au Seigneur Jésus-Christ » (v.17).

La Pentecôte n’est pas un événement unique
et qui ne se répèterait pas.
On dirait que c’est la journée de l’Amour de Dieu
qui s’infiltre dès qu’Il trouve des personnes,
dès qu’Il trouve une communauté,
disponibles pour que l’Évangile circule,
pour que L’Évangile soit transmis à d’autres.

Dès que Dieu voit une âme et surtout des âmes
prêtes à transmettre à d’autres la joie de l’évangile,
Il s’engouffre, Il vient, Il déborde ;
Il dérange certes et Il fortifie,
Il donne assurance, force et joie pour que l’Évangile soit transmis.

Quand Il trouve des âmes préoccupées par leur piété,
l’Esprit Saint sait qu’Il n’est pas bienvenu…
Quand Il trouve des âmes qui veulent défendre des dogmes,
défendre Dieu, défendre l’Église
partie en guerre contre les mauvaises mœurs,
et conquérir du pouvoir sur les autres,
l’Esprit Saint voit qu’Il n’est pas bienvenu.

Mais ce soir, l’Esprit Saint est bienvenu
parce qu’ensemble, si vous êtes d’accord,
nous Lui demandons de venir
pour que nous puissions porter l’Évangile
aux centaines de milliers de Montréalais
qui ne Le connaissent pas ;
pour que nous puissions annoncer
la joie de la Résurrection,
la fin de l’empire de la mort
et donc de l’empire de la consommation.

Cela ne veut pas dire que demain matin,
nous devons tous être sur la place du métro à crier

mais que nous allons chacun, chacune,
laisser l’Esprit Saint faire fleurir notre propre vocation,
pour que dans notre vocation, dans notre appel propre,
nous puissions laisser passer l’Évangile
et que nous puissions dire l’Évangile
dans un langage compréhensible
pour les gens qui nous entourent.

Qu’est-ce qui va dire l’Évangile ?
Qu’est-ce qui va proclamer l’Évangile ?
Notre vie !
Notre vie imprégnée par l’Esprit Saint.
Parce que nous aurons laissé l’Esprit entrer
dans toutes les cellules de notre être
dans tout ce qui fait notre personnalité.

C’est ce que nous demandons ensemble au Seigneur ce soir.
Et nous le demandons en particulier pour cinq d’entre nous
qui vont être consacrés ce soir comme témoins de l’Évangile
par le sacrement de la Confirmation.

*

Chers Alethea, Jeanne, Susana, Mathieu-Félix et Sébastien,
l’Esprit Saint n’est pas pour vous un inconnu.
Dès votre conception déjà, l’Esprit de Dieu était présent
vous donnant de porter déjà en vous l’image de Dieu.
Par le baptême, l’Esprit Saint vous a unis à la Personne de Jésus,
à son Mystère pascal.

Mais aujourd’hui, c’est la Présence personnelle de l’Esprit Saint
qui vient faire en vous sa demeure,
vous consacrant comme témoins de l’Évangile
et unissant pour toujours votre vie au Mystère de l’Église.

Et tout cela par les gestes et les paroles si simples, si sobres
du Sacrement de la Confirmation.
C’est une des plus grandes merveilles de Dieu
qui s’accomplit ce soir
et vous vous y êtes préparés des mois durant.

Que la Vierge Marie vous accompagne ce soir de toute
sa tendresse maternelle !

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