FMJ MtlVendredi, 8e Semaine du Temps ordinaire – B
Frère Antoine-Emmanuel
Si 44, 1.9-13 ; Ps 149 ; Mc 11, 11-25
29 mai 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Se laisser former de l’intérieur

La liturgie nous met aujourd’hui face à deux portraits :
celui du sage, en l’occurrence le fils de Sirac,
et celui des grands-prêtres, scribes et anciens
que nous pouvons rassembler sous le nom de Caïphe.
Ben Sirac et Caïphe…
Deux figures d’hommes religieux,
de juifs attachés à la loi, à la Torah.
Deux figures qui font autorité par leur stature religieuse.
Et en même temps, deux figures si différentes.

Commençons par Caïphe,
par les grands-prêtres, scribes et pharisiens,
tel que l’Évangile de ce jour nous les montre.
Voilà des hommes très religieux,
mais incapables d’accueillir la nouveauté de Jésus,
parce que ce sont des hommes qui savent,
qui sont bien arrimés à un système culturel et dynastique
et à un système d’autorité.
Ils y vivent et ils en vivent.

Or Jésus n’entre pas dans leur cadre, dans leur système.
Pour eux, il est impossible que le Dieu d’Israël
S’exprime, Se manifeste en ce Jésus,
d’où leur question : « Qui t’a donné autorité ? » (cf. Mc 11,28)
pour chasser les commerçants du temple ?
Qui ? Quel grand-prêtre ? Quel scribe ?
Cela ne peut pas être de Dieu…

Jésus voit bien la fermeture de leur cœur.
Jésus ne leur reproche pas, ne les condamne pas,
mais Il leur pose une question
qui les mènera ou à la vérité si leur cœur s’humilie,
ou à l’endurcissement si leur cœur se rigidifie.
Il leur pose la question de l’origine du ministère de Jean :
vient-il du Ciel ou des hommes ?

Alors se révèle le fonctionnement intérieur de ces hommes.
Ils ne cherchent pas la vérité,
ils n’aiment pas la vérité : ils calculent.
Ils disent ce qui les arrange ;
ils disent ce qui satisfait leurs ambitions.
Il n’y a pas de vérité en soi.
Tout est centré sur leurs propres calculs politiques.
« Nous ne savons pas… » disent-ils. (cf. Mc 11,33)

L’autre figure est celle de Ben Sirac :
un homme qui cherche,
qui cherche la sagesse,
c’est-à-dire l’art de vivre selon Dieu, avec Dieu.
Il l’a cherchée dès sa jeunesse.
Dans sa prière, il cherche ce qui plaît à Dieu.
En allant au temple, il cherche encore.
Il l’a cherchée et il confie que toujours, il la recherchera :
« jusqu’au bout, je la rechercherai » dit-il (Si 51, 14).
Et parce que son cœur était ainsi en recherche,
il lui suffisait d’incliner l’oreille
pour entendre Dieu lui révéler cette sagesse.

Mais il ne s’est pas contenté de chercher la sagesse,
il l’a mise en pratique et avec zèle.
Il a aussi déploré ses propres manquements,
et surtout, c’est grâce à elle que j’ai progressé (Si 51,17).

Voilà deux figures si contrastées.
L’un et l’autre sont très religieux,
mais l’attitude du cœur est tellement différente.
L’un sait, l’autre cherche.
L’un contrôle, l’autre avance.
L’un domine, l’autre progresse.

Et toi… et moi…
Es-tu en recherche de Dieu et de sa volonté ?

Il nous est bon d’entendre ces textes
dans la semaine qui suit Pentecôte,
car la sagesse, l’art de vivre selon Dieu,
nous autres chrétiens, nous savons ce que cela signifie :
il s’agit de l’écoute de l’Esprit-Saint,
de la fidélité à l’Esprit-Saint…

Y a-t-il de la place en ton cœur
pour cette écoute de l’Esprit-Saint ?
Cherches-tu son inspiration, son conseil, son intelligence ?

Nous avons constamment à faire ce passage,
à faire passer notre vie
dans la vie dans l’Esprit-Saint,
dans l’obéissance à l’Esprit.

En ces jours de Parvis, nous pouvons particulièrement
demander la grâce de vivre nos rencontres
sous la conduite de l’Esprit.

Je termine avec une prière inspirée
par des paroles reçues dans une assemblée de prière
où le Seigneur offrait à son peuple de transformer
le dévouement en mission.

« Dépose en nous Seigneur le feu du zèle de ta Maison,
le zèle de ton Royaume.
Allume en nous la flamme
qui nous pressera par l’intérieur
à nous livrer à la mission.
Que notre OUI soit désormais
un jaillissement de ta Présence active en nous.

Que cet appel soit pressant dans nos cœurs,
que nous le sentions brûler en nous.
Que ce feu nous apporte une force nouvelle.
Que nous éprouvions la joie du service.
Que notre écoute, notre accompagnement ne soit plus le même,
qu’il produise une fécondité nouvelle.
Que nous expérimentions ce que veux dire
« Te laisser passer à travers nous ».

Seigneur, aime à travers nous.
Console et guéris à travers nous.
Saisis-nous pour nous former par l’intérieur
afin que nous soyons des sarments
qui portent beaucoup de fruit. »

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