FMJ MtlSAINT THOMAS, APÔTRE DU SEIGNEUR – B
Frère Thomas
Ép 2, 19-22 ; Ps 116 ; Jn 20, 24-29
3 juillet 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Croire sans avoir vu, pour voir encore plus de merveilles

Bien souvent la démarche de l’apôtre Thomas
est saluée comme sincère, authentique.
Et même l’apôtre en vient à faire
une profession de foi qu’aucun autre apôtre ne fait :
« Mon Seigneur et mon Dieu » (Jn 20,28).
Il professe ainsi la divinité de Jésus
simplement en le voyant ressuscité.

Cependant Jésus, Lui, adresse une mise en garde :
« Ne deviens pas incrédule, mais croyant » (v. 27) ;
et surtout, Jésus nous donne à cette occasion
une nouvelle Béatitude :
« Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru » (v. 29).

Essayons de regarder le danger qui se profile ainsi
dans la démarche de l’apôtre Thomas
et surtout de considérer cette Béatitude.

La position de Thomas est apparemment pleine de bon sens.
En effet, les autres apôtres lui disent avoir vu Jésus ressuscité :
il lui importe d’être sûr que c’est bien Jésus qu’ils ont vu.
Et pour cela de vérifier qu’Il porte bien les traces de la crucifixion.
Et même, Thomas exprime ici une demande
qui va au-delà d’une vérification expérimentale.
Pour lui, si Jésus est ressuscité,
les traces de sa Passion ne sauraient être effacées,
car ce sont les traces de l’amour de Jésus pour toute l’humanité.

Mais Thomas ne croit pas ses condisciples
qui lui affirment tous avoir vu Jésus ressuscité.

Comment se fait-il qu’il ne leur fait pas confiance ?
De plus, il était absent quand Jésus
était apparu pour la première fois.
Il n’a aucune parole pour s’excuser de ne pas avoir été là.

Dans la demande que Thomas fait
de voir la marque des clous
et de toucher les plaies de Jésus,
aussi légitime soit-elle dans son contenu,
il y a cependant de l’hostilité.
De l’hostilité envers ses condisciples
qui ont vu alors que lui n’a pas vu,
et même de l’hostilité envers Jésus,
qui ne S’est pas montré à lui.
Jésus va acquiescer à sa demande.
Il va lui montrer ses mains et son côté,
mais Il le mettra aussi en garde :
« Ne deviens pas incrédule, mais croyant ».

Durant sa vie publique,
Jésus n’a cessé d’en appeler à la foi
de toutes les personnes qu’Il rencontrait.

Dans l’Évangile d’hier,
Jésus voyait la foi des quatre personnes
qui portaient un paralytique au devant de Lui.

Dans l’Évangile de mardi dernier,
Jésus S’étonnait du peu de foi de ses disciples
au moment de la tempête sur le lac.
Il s’agissait alors avant tout
de la foi en la personne de Jésus.
Mais avec l’apôtre Thomas,
il s’agit aussi de la foi en ses condisciples.

Non seulement Jésus reproche le manque de foi en Lui,
mais aussi le manque de foi en ses disciples.
Jésus a aussi reproché aux autres apôtres
de ne pas avoir cru aux femmes
qui l’avaient vu ressuscité.

Dans la profession de foi, nous disons :
« Je crois en l’Église, une, sainte,
catholique et apostolique ».
Donc, il est important de croire aussi
en ceux et celles qui avant nous
ont fait l’expérience de Jésus ressuscité
et qui nous ont transmis leur témoignage.

La foi en Jésus et la foi en l’Église
– qui est le Corps du Christ – sont inséparables.
C’est le danger qui guette l’apôtre Thomas,
que de les séparer et finalement de devenir incrédule.
C’est le danger qui guette les autres apôtres.
C’est le danger qui guette tout croyant.

Mais alors comment pouvons-nous comprendre
la nouvelle béatitude que donne Jésus à Thomas :
« Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru » ?

Elle est du même ordre que ce que dit Jésus,
au début du chapitre 6 de l’Évangile selon saint Matthieu,
lorsqu’Il prescrit de faire les œuvres de justice
(aumône, prière, jeûne) en secret.
Si nous les faisons pour être bien vus des humains,
nous avons déjà notre récompense.
Mais si nous les faisons en secret,
notre Père des Cieux qui voit dans le secret,
nous le revaudra.

Ainsi donc, si nous croyons parce que nous avons vu,
nous sommes certes satisfaits,
mais alors ce n’est pas vraiment de la foi,
c’est une conviction.
Cela ne nous conduit pas très loin.

Nous pouvons noter que l’apôtre Thomas,
après avoir vu les plaies et le côté de Jésus ressuscité,
s’exclame : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Il professe ainsi sa foi en la divinité de Jésus,
bien au-delà de ce qu’il vient de voir.
En fait, il a été profondément touché
par la bienveillance de la réponse de Jésus
à se demande de Le voir et de Le toucher,
qu’il avait faite dans l’hostilité.

L’apôtre Thomas vit donc à ce moment là, la béatitude :
« Heureux ceux qui n’ont pas vu
– il n’a pas vu que Jésus est Dieu – et qui ont cru ».

Cela ne consiste pas à mettre notre intelligence de côté.
Cela consiste à nous ouvrir à un mystère qui nous dépasse,
sur lequel nous ne pouvons pas avoir prise,
pour voir encore plus loin,
pour voir de plus grandes merveilles.

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