FMJ MtlMardi, 8e Semaine du Temps ordinaire – C
Frère Antoine-Emmanuel
1 P 1, 10-16 ; Ps 97 ; Mc 10, 28-31
24 mai 2016
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Le centuple comme don de plénitude filial

La Première lettre de Pierre nous décrit aujourd’hui
une sorte de scène mystique.
Il nous parle des anges qui se penchent
et qui contemplent le Salut qui nous est donné
avec un profond désir.

Le don qui nous est fait à travers
la Mort et la Résurrection de Jésus,
à travers la Pentecôte et l’Église
est si grand, si beau, si gratuit, si lumineux
que les anges se penchent…
Ils contemplent ;
ils admirent ;
ils prient pour que nous accueillions un tel don.
Ils prient et ils agissent,
montant et descendant l’échelle de Jacob,
pour se mettre au service
de ce don d’amour infini de Dieu Trinité,
offert à ces créatures bien fragiles que nous sommes.

Eux, les anges, ne reçoivent pas la plénitude filiale
que nous, nous recevons,
mais ils l’admirent et se réjouissent
quand ils nous entendent appeler Dieu notre Père.

Le don qui nous est fait est immense.
Si le psalmiste pouvait déjà proclamer :
« Qu’est-ce que l’homme pour que Tu penses à lui ?» (Ps 8,5)
À combien plus forte raison nous le disons,
nous qui avons été rachetés par le Sang précieux du Christ.

La beauté du don de Dieu
c’est aussi ce qui paraît dans l’Évangile.
Il n’y a personne qui laisse une maison, des frères, des sœurs,
une mère, un père, des enfants ou une terre
à cause de Jésus et de l’Évangile,
sans recevoir au centuple, maintenant, en ce temps-ci,
maisons, frères, sœurs, enfants et champs,
avec des persécutions,
et, dans l’éternité qui vient, une vie éternelle (Mc 10,29-30).

Jésus est clair : si nous laissons familles et biens
pour répondre à l’appel de Jésus,
le centuple nous sera donné.

Cela mène à une question toute simple :
ce centuple, est-ce que nous l’accueillons ?
Est-ce que mon cœur est ouvert
au centuple familial et matériel ?

Il ne faut pas trop vite lire ce « centuple »
comme exclusivement spirituel…
Jésus parle bien de mères, de frères, de sœurs,
de champs et de maisons.

Mais il nous faut ici bien distinguer
les liens familiaux et les biens qui nous appartiennent
par nature, par contrat, par propriété
et ce que nous recevons
lorsque nous répondons à l’appel de Jésus.
Jésus ne nous enrichit pas selon le monde.
Tout ce qu’Il nous donne,
à commencer par ce Sanctuaire,
ne nous appartient pas.

Il s’agit de recevoir des relations ou des biens
sans s’approprier qui que ce soit ni quoi que ce soit.
C’est pour cela que Jésus commence par purifier nos cœurs
pour que nous apprenions à ne pas accaparer
les personnes et les biens.

Je pense à Mère Térésa à qui un riche bienfaiteur italien
remit les clés d’une magnifique villa.
Et celle qui sera bientôt sainte Teresa de Calcutta
les lui rendit immédiatement avec ces mots :
« Tout ce qui ne me sert pas, me pèse ».

Le centuple dont parle Jésus n’est pas une quantité,
mais exprime une qualité d’amour.
La famille Église que nous constituons
est bien ce centuple quand nous laissons l’Amour de Jésus
convertir, transformer, transfigurer nos relations.

Le centuple, c’est la miséricorde.
Le centuple, c’est la confiance mutuelle ;
ce sont toutes les qualités de l’amour fraternel
que décrit Saint Paul dans l’hymne à la charité (cf. 1 Co 13, 1-13).

Le centuple, c’est l’Amour que Jésus
déploie dans ce Sanctuaire où Il Se livre sans cesse ;
c’est l’Amour que Jésus manifeste dans les beautés de la création ;
c’est l’Amour qu’Il déploie
dans toutes les merveilles de la Providence.

En d’autres termes, le centuple
c’est le Royaume qui est déjà donné aux cœurs pauvres.

Avec des persécutions…
car en toute situation où le Seigneur
répand abondamment sa grâce,
l’ennemi sème dans la nuit, jalousies et discordes.

Et Jésus conclut : « et dans l’éternité, la Vie éternelle ».
Ce qui signifie que de tout laisser pour Jésus
et de recevoir le centuple,
l’un et l’autre nous préparent à la Vie éternelle.

Car la Vie éternelle est bien cela :
recevoir éternellement l’Amour
et sans cesse l’offrir au Père.
L’Éternité est une richesse sans cesse offerte,
une pauvreté sans cesse comblée.
Voilà ce que nous apprenons sur cette Terre,
voilà ce que l’Eucharistie nous fait déjà goûter.

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