FMJ Mtl4e DIMANCHE DE CARÊME « LÆTARE » – B
Frère Antoine-Emmanuel
2 Ch 36, 14…23 ; Ps 136 ; Ép 2, 4-10 ; Jn 3, 14-21
18 mars 2012
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Aller à la Lumière

Parce que l’antienne d’ouverture de ce 4e Dimanche de Carême
est un appel à la joie,
ce dimanche est appelé le « dimanche lætare »,
ou dimanche de joie !
Regardons bien quelles lectures l’Église a choisies
pour nous attirer dans cette joie :
« Dieu, qui est riche en miséricorde » (Ép 2,4).
« Il voulait nous montrer la richesse infinie de sa grâce » (v. 7).
« Dieu a tant aimé le monde
qu’Il a donné son Fils unique » (Jn 3,14).

La joie chrétienne, couronnement et dépassement
de toutes les joies humaines
a des racines très profondes !
Elle s’enracine dans le cœur du Père.
Avons-nous déjà goûté cette joie ?

Pâques, c’est le jour où cette joie vient nous chercher,
où elle vient nous arracher à la tristesse
et nous saisit, nous enveloppe.
Le don est si grand que quarante jours de Carême
ne sont pas de trop pour nous y préparer !

Mais comment nous y préparer ?
L’Évangile nous montre le chemin aujourd’hui
en nous appelant à venir à la lumière.

*

Dans le ministère d’un prêtre,
il y a des moments très bouleversants…
Bien des fois, j’ai entendu des personnes me dire :
« Mon Père, à travers vous, je voudrais confier à Dieu
ce que je n’ai jamais dit à personne,
ce que je n’ai jamais pu dire à personne
et qui me ronge de l’intérieur depuis des dizaines d’années ».
Et je recueille au nom de Jésus
la confession d’un péché, d’un drame, d’une douleur incroyable
qui a dévoré les énergies intérieures d’une personne
pendant 10, 20, 40 ou 70 ans.
On peut être terriblement usé intérieurement
par le souvenir d’un geste, d’une parole voir d’une pensée
que notre conscience réprouve
mais que nous n’avons jamais pu mettre à la lumière.

*

Aujourd’hui le Seigneur nous lance cet appel très amoureux :
celui qui fait la vérité vient à la lumière (Jn 3,21).
C’est un appel à porter toute notre vie à la Lumière de Dieu.

Nous pensons que les ténèbres, le non-aveu, vont nous protéger :
mais c’est le contraire qui se passe ;
les ténèbres nous détruisent de l’intérieur.

Il s’agit de nous arrêter et de nous exposer à l’Amour de Dieu.
La première lecture nous a raconté
que la terre reposera soixante-dix ans
jusqu’à ce qu’elle ait compensée par ce repos
tous les sabbats profanés (2 Ch 36,21).
Si nous ne nous arrêtons pas
pour nous exposer à l’amour de Dieu,
tôt ou tard, c’est Dieu qui nous arrêtera.

En ce Carême, arrêtons-nous, prenons du temps avec Dieu
pour Lui dévoiler notre cœur
qu’Il connaît de l’intérieur et qu’Il veut libérer de toutes ténèbres.
Notre nature blessée hait la lumière (Jn 3,20).
Nous ne voulons pas venir à la lumière
pour que ne soient pas révélées nos œuvres.
Mais qui fait la vérité vient à la Lumière
et la Lumière de Dieu est une lumière de salut, de miséricorde.
Tout ce qui est manifesté est lumière (Ép 5,6)
écrit Paul aux Éphésiens.
Aussi laides que soient nos œuvres,
si nous nous exposons à l’amour de Dieu,
notre cœur est lavé, purifié ;
il devient lumière.

C’est l’extraordinaire nouvelle de l’Évangile de ce jour :
Dieu est venu,
Dieu vient en ce monde, en Jésus
non pas pour juger le monde,
mais pour le sauver.

Jésus se couvre de nos ténèbres,
pour nous revêtir de sa lumière.
Le plus sombre des criminels
s’il s’ouvre à la lumière de Dieu,
devient resplendissant de lumière.
Parce que la lumière de Dieu n’accuse pas,
elle guérit, elle relève, elle sauve.

« Nous qui étions morts – raide morts – par suite de nos fautes,
Dieu nous a fait revivre avec le Christ :
c’est bien par grâce que vous êtes sauvés.
Avec le Christ, le Père nous a ressuscités.
Avec Jésus, le Père nous a fait régner aux cieux » (cf. Ép 2,5-6).

*

Frères et sœurs, est-ce que nous allons accepter
de nous laisser revêtir de lumière ?
Accepterons-nous d’être rendus beaux et lumineux
par la tendresse du Père ?

Notre vie en sera transformée :
nous allons découvrir
que nous avons été créés en Jésus Christ
pour les œuvres bonnes – les œuvres belles –
que Dieu a préparées d’avance
afin que nous nous y engagions (Ép 2,10).

Il y a sans aucun doute
des œuvres bonnes, des œuvres belles
que le Père a préparées pour que nous nous y engagions :
si nous nous exposons à la lumière de Dieu,
nous allons découvrir ces engagements d’amour et de vie
qui nous rendront heureux,
très heureux parce que nous ferons beaucoup de bien aux autres.

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