FMJ MtlJeudi, 2e Semaine du Temps ordinaire – B
Frère Antoine-Emmanuel
1 S 18, 6-9; 19, 1-7 ; Ps 55 ; Mc 3, 7-12
19 janvier 2012
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Le chemin

Jésus n’est pas mort pour une nation,
mais pour rassembler dans l’unité
les enfants de Dieu dispersés (Jn 11,52).
C’est à partir du mystère de Jésus
que se comprend le chemin de l’unité des chrétiens
et même de l’humanité entière.

Jésus est en sa personne Celui
qui rassemble,
qui réconcilie,
qui réunit.
Dans sa mort et sa résurrection,
Il ouvre son cœur,
Il ouvre ses bras éternellement
pour accueillir toute l’humanité,
pour que tous soient en Lui un seul corps.

N’est-ce pas cela que nous fait pressentir
la page d’Évangile de ce jour :
Beaucoup de gens venus de la Galilée le suivirent,
et aussi beaucoup de gens
de Judée, de Jérusalem,
d’Idumée, de Transjordanie,
et de la région de Tyr et de Sidon (Mc 3, 7-8).

La diversité parmi les disciples de Jésus,
voilà qui n’est donc pas nouveau !
Et quand Jésus choisira douze apôtres,
Il appellera un publicain, ami de l’occupant
avec un zélote, ennemi de l’occupant.
Cette diversité se retrouve aussi et plus encore
dans l’Église des premiers temps apostoliques,
qui rassemble
des disciples issus du judaïsme
et des disciples issus du paganisme,
sans parler des innombrables différences
de sensibilité, de culture, de tradition.
Jésus est en vérité Celui qui rassemble l’humanité.
Sans limites, sans frontières, sans discrimination.
Qu’il y ait des diversités dans l’Église
ne doit pas nous inquiéter
mais nous réjouir.
C’est là le signe de l’Amour universel de Dieu,
qui attire à Lui tous les hommes.
Quand la diversité n’est plus acceptée,
c’est le dessein de Dieu qui est rejeté.
Quand la diversité est niée,
c’est Dieu Lui-même qui est oublié.
Quand une communauté se ferme sur elle-même
et condamne l’altérité,
elle se coupe de sa source,
elle perd son souffle
et devient non plus Église, mais clan.

La route de l’unité n’est donc pas
l’exclusion de la diversité,
mais son intégration dans la charité,
ce qui est humainement au-delà des capacités humaines.
C’est le propre de Jésus, dans son Esprit.

L’unité ne se construit pas si elle demeure horizontale.
Écoutons ici deux témoins :
un de l’occident, Karl Rahner, et
un de l’orient, Matta El Maskine.

« Le plus proche chemin vers l’intimité
la plus personnelle et la plus incommunicable
d’un autre que nous aimons,
c’est le chemin qui passe par Dieu.
Il se peut que ce chemin soit infini.
Et pourtant, même s’il s’agit
de notre prochain le plus proche,
ce n’est pas un détour
mais bien le chemin le plus court,
et en définitive le seul. »

« Rechercher l’unité avant de parvenir
à un état de complet abandon
du cœur, de l’âme et de l’esprit à Dieu,
c’est aboutir soit à un conflit affectif,
soit à une illusion intellectuelle.
L’unité surgit comme une conséquence
inévitable et directe
de l’union de l’homme à Dieu. »
(Prière, Esprit Saint et unité chrétienne, p. 197, 198 et 123.)

La prière pour l’unité n’est donc pas d’abord
une prière pour demander des solutions,
pratiques ou dogmatiques.
C’est d’abord prière pour que les Églises cheminent,
chacune selon ses charismes, vers le Christ.
C’est supplier le Seigneur de renouveler dans son Esprit
chaque Église pour que les chrétiens de toute sensibilité
se laissent attirer vers Jésus.

Le drame qui nous préoccupe,
n’est pas d’abord le manque d’unité,
mais bien le manque de foi.

Que cette semaine soit pour nous l’occasion
de crier vers le Seigneur
avec les mots même de ses disciples :
« Seigneur, augmente en nous la foi » (Lc 17,5).
Augmente la foi dans nos communautés d’Églises.

Oui, l’unité est don de Dieu,
l’Unité est divine.
l’Unité du genre humain ne peut se faire qu’en Dieu.
Le désir de Dieu est de nous rassembler
en Jésus,
en son Fils unique,
en son Fils bien-aimé,
et la foi est consentement de tout notre être
à ce dessein de Dieu.

Le plus court chemin qui conduit au prochain
passe par Dieu.
C’est pour cela que nous avons tellement
besoin de l’Eucharistie,
besoin de recevoir le corps du Christ
pour former le corps du Christ.

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