FMJ MtlMercredi, 5e Semaine du Temps ordinaire – B
Frère Antoine-Emmanuel
1 R 10, 1-10 ; Ps 36 ; Mc 7, 1-13
8 février 2012
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Dieu est plus grand que notre coeur

« Car du dedans, du cœur de l’homme,
sortent les pensées mauvaises » (Mc 7,21) :
pensées nourries d’images sexuelles ;
pensées de vol, d’appropriation du bien des autres ;
pensées de meurtre… se débarrasser d’une personne
qui nous frustre ;
pensées d’adultère, d’infidélité à nos engagements ;
pensée de cupidité, de rêves de richesse ;
pensées mauvaises nourries de haine ;
pensées de ruse pour manipules les autres ;
pensées de débauche, d’orgies ;
pensées d’envie où l’autre devient objet de notre colère ;
pensées de blasphème où Dieu est conspué et rejeté ;
pensées d’orgueil où nous nous situons au dessus de tous
ou au dessous de tous ;
pensées de frénésie, de démesure.

*

Frères et sœurs, que celui d’entre nous
qui n’a dans son cœur aujourd’hui
aucune trace de semblables pensées
jette la première pierre… (Jn 8,7).

Notre cœur est malade.
Notre monde intérieur est désordonné
et tous nous souffrons, nous sommes humiliés
par les pensées qui montent en nous.

Que faire ?
Comment nous en sortir ?

Beaucoup d’hommes et de femmes très religieux
en Israël et ailleurs ont trouvé une solution :
celle de se revêtir d’une justice extérieure,
c’est-à-dire de performer dans des rites, des coutumes
qui vont nous rassurer sur notre valeur.

« Si je suis tout un ensemble de règles religieuses exigeantes,
alors c’est que j’ai de la valeur,
notamment aux yeux de Dieu.

Seigneur, ne t’occupe pas de mon cœur,
je m’en occupe…
Regarde mes œuvres, mes pratiques,
et tu vas voir que tu me dois de la considération,
des bienfaits, et même le salut. »

Mais cette manière de faire
est complètement démontée par Jésus.
Et c’est cela qui lui vaudra l’hostilité meurtrière
des religieux de son temps et de tous les temps.

Aucune œuvre de piété et même de charité
ne peut acheter l’Amour de Dieu.
La pureté de l’homme n’est pas dans des rites extérieurs,
elle est dans la pureté de son cœur.

Alors, que faire ?

*

Frères et sœurs,
pourquoi dans certains monastères de l’orient chrétien
les moines vont chaque jour dire à leur père spirituel
les pensées qui sont venues dans leur cœur ?

Parce qu’ils ont trouvé là un chemin de vie et de liberté !

Que font en réalité ces moines ?

D’abord, ils ne se racontent pas d’histoire :
ils reconnaissent que leur cœur est malade.

Ensuite, ils affirment chaque jour
qu’ils ne sont pas leur propre sauveur.
Même – et surtout – par des formules ou des rites
je ne suis pas sauveur.
J’ai besoin d’être sauvé.

Puis ils passent par un homme,
ils ne cachent pas leur misère,
ils ne jouent pas un rôle
et ils aiment que Dieu passe par les autres pour nous sauver.

Enfin, ils font confiance à Dieu.
Ils savent qu’il est bon d’attendre en silence
le Salut de Dieu.
C’est Dieu qui purifie le cœur.
C’est le Sang de Jésus qui lave notre monde intérieur.
C’est l’Esprit Saint qui y établit
La Seigneurie de Jésus.

*

Frères et sœurs,
nous n’irons pas ouvrir notre cœur
à notre père spirituel tous les jours…
Le Seigneur ne nous le demande pas.
Mais c’est la même attitude qui sera pour nous aussi
chemin de vie et de liberté.

Je suis habité par une pensée de haine.
Je ne me le cache pas : je le reconnais sans justification,
sans discours intérieur.
Je me souviens que le Seigneur est Lui seul sauveur.
À l’occasion d’une prochaine confession,
je ferai l’aveu de cette pensée.
Mais dès maintenant, je te la donne Seigneur,
je m’en remets à ton salut,
à la puissance guérissante de ton amour.

Cette expérience au départ humiliante
devient alors l’occasion d’une rencontre
avec le Seigneur au plus intime de nous-mêmes.
Le « salut » devient une réalité très concrète
et est tout enveloppé d’une amitié nouvelle avec Dieu.

*

Frères et sœurs,
Dieu est tellement plus présent, plus proche
plus intime que nous le pensons.
Et si notre cœur vient à nous condamner,
Dieu est plus grand que notre cœur.
Alors aucune pensée ne nous fait peur
parce que Dieu est fidèle.

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