FMJ MtlDIMANCHE DE LA DIVINE MISÉRICORDE – B
Frère Antoine-Emmanuel
Ac 4, 32-35 ; Ps 117 ; 1 Jn 5, 1-16 ; Jn 20, 19-31
14 avril 2012
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Le Fleuve de la Vie

En pensant à Clémence et à son départ,
je ne peux m’empêcher de penser au fleuve.
À ce fleuve de tristesse, de dépit, de découragement
qui emporte aujourd’hui tant d’âmes, et notamment de jeunes.
C’est un fleuve de mort
que véhicule toute une culture de mort.

Mais aujourd’hui, en ce Deuxième Dimanche de Pâques
nous apparaît un autre fleuve,
un fleuve plus profond
et infiniment plus puissant :
le fleuve de la divine Miséricorde.

Souvenez-vous de la prophétie de Zacharie :
En ce jour-là une source jaillira
pour la maison de David et les habitants de Jérusalem
en remède au péché et à la souillure (Za 13,1).
Une source de guérison
qui agira jusqu’au plus intime de l’âme.

Ézéchiel, lui, avait même vu un fleuve
qui jaillissait du Temple et donnait la vie en surabondance.
Il y aura de la vie partout où pénétrera le torrent (Éz 47,9).

C’est un Fleuve qui prend naissance dans le Cœur du Père.
Ce sont les Eaux vives du Cœur du Père.

Et c’est un fleuve qui jaillit sur notre Terre
par le Cœur du Christ.
Saint Jean nous l’a dit il y a un instant.
Jésus est venu par l’eau et par le sang.
La Mort de Jésus a permis à l’eau vive de la miséricorde
d’entrer à plein flots dans notre histoire.

*

Je pense en particulier à une grâce inouïe ;
quiconque se laisse imbiber de cette eau a le regard lavé.
On commence à voir au-delà de la mort.
Un regard nouveau nous est donné,
un regard qui n’est pas arrêté par le mal et par la mort,
qui voit au-delà.

C’est ce regard dont témoigne la famille de Clémence
et quel beau témoignage vous nous donnez…

Rappelez-vous ce que la lettre aux Hébreux dit de Moïse :
Comme s’il voyait l’invisible, il tint ferme (Hé 11,27).
« Le monde », c’est-à-dire la culture qui exclue Dieu,
le monde ne voit pas.
Il ne voit pas au-delà de la mort.
L’horizon est bouché.
Au contraire, le regard chrétien lavé par la Miséricorde
voit la vie qui est au-delà de la mort.
La foi est victoire sur le monde
vient de proclamer Saint Jean (1 Jn 5,4).

La foi, l’espérance, voient le monde nouveau,
le monde réconcilié par la mort et la résurrection du Christ ;
et parce qu’elles le voient,
elles se mettent au travail
pour que l’on vive déjà ici-bas de la miséricorde,
de l’unité qui vient de Dieu.

Nous l’avons vu dans les Actes des apôtres :
là où l’on vit de la Résurrection,
on se met à partager.
Lorsqu’on vit de la Miséricorde divine,
on n’a plus le goût d’accumuler des richesses pour soi.
La Miséricorde libère de l’esprit de possession,
de la course à la consommation,
et de tout ce qui flatte l’ego,
à commencer par l’orgueil spirituel.

C’est bien cela qui se manifeste au Cénacle aujourd’hui.
« La Paix soit avec vous » (Jn 20,19).
La Paix, c’est-à-dire le grand pardon
qui purifie et libère les âmes des apôtres.

Les apôtres s’étaient verrouillés au premier jour
…et encore au huitième jour.
Mais la miséricorde les a libérés
et ces hommes jusque là paralysés deviennent des témoins
de cette grande absolution du monde entier.
Là où le péché abonde,
la grâce surabonde (Rm 5,20).
Et cette grâce, cette miséricorde reconstruit
ce que le péché avait déconstruit.
La pierre rejetée par les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle, (Ps 117(118)22)
comme nous l’avons chanté.

La Miséricorde divine manifestée et donnée en Jésus
est ce qui fait tenir nos vies.
Sans cette miséricorde, ma vie s’écroule,
emportée par le fleuve de mes accusations intérieures,
par le fleuve de la culpabilité et de la tristesse.

*

Frères et sœurs, le fleuve de la Divine Miséricorde,
personne ne pourra l’arrêter,
personne ne pourra l’empêcher de sauver les âmes
jusqu’à l’heure de la mort.

Là où est ce fleuve, là est l’Église.

Les bienfaits de cette eau vive sont incroyables.
C’est une thérapie incomparable
du corps, de l’âme et de l’esprit.

Frères et sœurs, aujourd’hui le Seigneur vient laver notre regard.
Il nous dit : « Va te laver à Siloé » (Jn 9,7).
Viens te laver aux eaux de la miséricorde.
La lumière de la Résurrection
va transformer ton regard sur le monde, sur la vie, sur la mort.

Il est puissant le fleuve du dépit,
mais le fleuve de la Miséricorde est plus que puissant,
il est divin et il passe maintenant dans nos cœurs.

« Je désire que la Fête de la miséricorde
soit le recours et le refuge pour toutes les âmes,
et surtout pour les pauvres pêcheurs.
En ce jour les entrailles de ma miséricorde sont ouvertes.
Je déverse tout un océan de grâces sur les âmes
qui s’approcheront de la source de ma miséricorde.
Toute âme qui se confessera et communiera
recevra le pardon complet de ses fautes
et la remise de leur peine.
En ce jour sont ouvertes toutes les sources divines
par lesquelles s’écoulent les grâces ;
qu’aucune âme n’ait peur de s’approcher de Moi,
même si ses péchés sont comme l’écarlate » .
Petit Journal de S. Faustine, n° 699

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