FMJ MtlVendredi, 4e Semaine de Carême – B
Frère Antoine-Emmanuel
Sg 2, 1.12-22 ; Ps 33 ; Jn 7, 2.10.14.25-30
23 mars 2012
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Nous saurons ce que vaut sa douceur

Ce Jésus nous gêne,
il s’oppose à nos actions.
Il déclare posséder la connaissance de Dieu
et il se nomme serviteur de Dieu.
Il est devenu un reproche vivant pour nos pensées
et sa seule vue nous est à charge (cf. Sg 2, 12-16).
Il fait même bon accueil aux pécheurs
et mange avec eux (Lc 15,2).
Il s’écarte de notre manière de servir Dieu
comme de souillures.
Il proclame heureux le sort des affligés,
des pauvres, des petits,
et se vante d’avoir Dieu pour Père (cf. Sg 2, 16).

Voyons si ses paroles sont vraies.
S’il est Fils de Dieu,
alors Celui-ci viendra à son secours (cf. Sg 2, 17-18).
S’il est Fils de Dieu,
il peut transformer les pierres en pain (cf. Lc 4,3).
S’il est Fils de Dieu,
Dieu donnera ordre à ses anges de le garder (cf. Lc 4,10).
S’il est Fils de Dieu,
Dieu l’arrachera aux mains de ses adversaires (cf. Sg 2,18).

Mettons-le à l’épreuve par l’outrage et la torture
nous saurons ce que vaut sa douceur (v. 19).

*

Nous saurons ce que vaut sa douceur
lui qui a proclamé heureux les doux (cf. Mt 5,4)
Lui qui a parlé d’aimer ses ennemis et de prier
pour ceux qui nous persécutent (cf. Mt 5,44)

Nous saurons ce que vaut sa douceur ?
Oui, nous savons ce que vaut sa douceur.
Arrêté en pleine nuit comme un bandit :
il n’a ni menacé ni maudit quiconque.
Trahi par Juda
et délaissé par ses disciples :
il ne les a ni conspués ni condamnés.
Accablé de faux témoignage :
il n’a exprimé ni colère ni mépris.
Accusé de blasphèmes
il s’est tu.
Couvert de crachats et moqué comme faux prophète :
il a fait silence.
Traduit devant Pilate et chargé d’accusations :
il ne répondit rien (Mc 15,5).
Victime de la jalousie des grands prêtres :
il ne s’est pas défendu.
Condamné comme un malfrat :
il ne manifeste aucune violence.
Couronné d’épines et entouré
de soldats romains à genoux qui le moquent :
il consent.
Crucifié, il demande à Dieu l’absolution de ses bourreaux.
Assailli par le vacarme des moqueries :
il entend la confession de bon larron et le canonise.
Infiniment dépouillé de tout,
comme abandonné de Dieu,
il se remet, s’abandonne, se laisse à la tendresse de Dieu,
lui le chef de notre foi (Hé 12,2).

Nulle violence.
Insulté, il ne rendait pas l’insulte »
lui qui dans sa souffrance, ne menaçait pas (cf. 1 Pi 2, 22-23).
Il a pris sur lui toute ma violence, toute ta violence,
toute la violence de l’humanité.
Il l’a pris, et avec elle, il s’est remis au Père.
Sa douceur n’est pas stoïque :
elle est filiale.
Sa douceur n’est pas molle et béate :
elle est un combat infini qu’il remporte dans l’Esprit Saint
en se jetant dans l’Amour du Père.

Oui, nous savons maintenant ce que vaut sa douceur.
Et nous qui l’avons accablé de souffrance et de violence,
nous lui demandons pardon ;
nous lui demandons ce soir sa douceur.

Jésus, souviens-toi de nous, viens dans ton Royaume,
viens en nous avec ta douceur,
Viens par ta douceur guérir notre monde malade.
Amen.

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