FMJ MtlSEPTIÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE, A
Frère Thomas
Lv 19, 1-2 ; Ps 103; 1 Co 3, 16-23 ; Mt 5, 38-48
19 Février 2017
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Etre Saint(e)s comme le Père est Saint

« Aimez vos ennemis. »
Le Seigneur Jésus n’y va-t-il pas un peu fort ?
Pourtant pour que la paix se fasse,
il faut que ceux qui étaient des ennemis deviennent des amis.
Déjà la loi du talion « œil pour œil, dent pour dent »,
était une modération à l’encontre de la vengeance disproportionnée.
Si Caïn était tué, il était vengé sept fois.
Jésus, lui, va encore plus loin.
Il appelle à ne pas chercher à se venger du tout.
Et Jésus donne la raison de cette attitude qu’il nous préconise,
et qui nous parait si insensée :
« Afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux ;
Car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons,
Il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. »

Déjà dans la Première Alliance,
Dieu avait donné une loi de sainteté
qui consistait à ne pas haïr son frère dans son cœur.
Dieu demande de ne pas se venger,
de ne pas avoir de rancune contre ses compatriotes,
dans le peuple d’Israël.
Dans la Nouvelle Alliance,
Jésus élargit cette loi de sainteté à toute l’humanité,
parce que Dieu est le Dieu de tous les peuples.
Nous savons ce que Jésus a répondu
au docteur de la Loi qui le questionnait pour savoir qui était son prochain,
que la Loi demande d’aimer comme soi-même :
la question n’est pas tant qui est mon prochain,
mais plutôt de qui je me fais le prochain…
C’est-à-dire que si je veux je peux faire de tout homme,
de toute femme mon prochain en l’aimant comme moi-même.
C’est donc véritablement à un amour sans limites que Jésus nous appelle.
Il nous en donnera l’exemple éloquent toute sa vie,
et spécialement au moment de sa Passion,
où il répondra par la douceur et la bienveillance
au flot de haine et de cruauté qui s’abattront sur lui,
de la part des chefs juifs, ses compatriotes,
et de la part des Romains, les envahisseurs.

Cela peut nous mener loin.
Cela peut nous conduire à tendre
la joue gauche si on nous gifle la joue droite.
Ce n’est pourtant pas là de la passivité,
ce n’est pas là renoncer à toute dignité,
comme on pense parfois.
C’est entrer dans une autre sagesse que la sagesse de ce monde.
« La sagesse de ce monde est folie aux yeux de Dieu »
– nous dit saint Paul aujourd’hui.
Toute violence est folie aux yeux de Dieu.
Comme ils sont aveuglés par leur haine
ceux qui commettent des actes terroristes.
Et même Jésus adresse ainsi un message
à ceux et celles qui exercent une fonction d’éducateur,
surtout auprès d’enfants, de ne pas user de violence.
Si je réponds à la violence par la violence,
je neutralise peut-être mon agresseur pour un temps,
mais je n’enlève pas le mal de son cœur.
Il est légitime que je me défende quand on veut attenter à ma vie,
et plus encore que je défende les personnes
qui sont sous ma responsabilité quand elles sont en danger.
Mais si je suis disciple de Jésus,
je peux être conduit à être injustement frappé ou spolié,
pour montrer à mon agresseur que son attitude est folie.
Ce à quoi Jésus nous appelle,
c’est de faire preuve d’inventivité
dans des attitudes prophétiques de douceur et de pardon,
face à l’agression et la violence.
Nous pouvons par exemple remarquer que Jésus
n’a pas tendu l’autre joue quand il a été giflé au moment de son procès,
mais qu’il a demandé pourquoi le serviteur le frappait.
Et nous pouvons constater
comment l’Esprit Saint a été inventif
dans les vies de tant de martyrs qui ont eu à faire face à la violence
et qui ont opposé la douceur et souvent l’humour.

Maintenant le commandement de Jésus
« aimez vos ennemis » peut nous poser question.
Comment pourrais-je aimer quelqu’un qui me veut du mal ?
Même si je ne réponds pas à sa violence par la violence,
pourrais-je avoir des sentiments d’amitié envers lui ?
Ne serais-ce pas plutôt de l’inimitié
envers lui qui habitera mon cœur ?
De la même manière,
beaucoup de personnes disent qu’elles ont du mal à pardonner.
Cependant Jésus ne nous demande pas de les aimer
comme nous aimons nos amis.
Il nous dit simplement :
« Priez pour ceux qui vous persécutent. »
Il est des personnes avec lesquelles
toute relation directe est difficile, voire impossible.
Mais la prière pour eux reste toujours possible.
Si je ne peux pas leur dire du bien,
je peux les bénir dans ma prière,
je peux leur souhaiter du bien dans ma prière.
Cela ne me sera pas naturel.
J’aurai à un moment ou à un autre à me faire violence.
Mais je sais que le Seigneur Jésus me précède sur ce chemin,
lui qui a prié pour ses bourreaux.
Je sais que l’Esprit Saint inspirera ma prière.
Je sais que je deviens ainsi davantage enfant du Père.
Je peux alors pardonner, c’est-à-dire donner par-dessus l’offense.
Certes l’exercice sera souvent à répéter,
car le souvenir du mal que j’ai subi me reviendra en mémoire.
Mais je pourrai toujours le refaire, en me replongeant dans la prière.
Et quand le moment sera opportun,
je pourrai entrer en relation avec la personne qui m’a fait du mal.

À la suite de Jésus,
avec tant de saints et saintes qui ont marché sur ce chemin,
je serai de plus en plus saint comme le Père est saint ;
je serai de plus en plus parfait comme le Père est parfait.

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