FMJ MtlSIXIÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE, A
Frère Jakub
Ecc 15, 15-20 ; Ps 119 ; 1 Co 2, 6-10 ; Mt 5, 17-37
12 Février 2017
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

S’abandonner tout entier à l’Amour

Chers frères et sœurs,

la solution de la loi nouvelle
ne se situe pas dans ce texte de Matthieu,
que nous avons entendus,
mais bien plutôt dans le fait du Christ lui-même,
dans son propre mystère.
Entre l’ancienne législation et nous-mêmes,
Dieu a placé cette nouveauté totale qui transfigure l’agir chrétien :
la croix et la résurrection de Jésus et le don d’Esprit Saint.
Il y a une manière absolument nouvelle,
évangélique, d’observer les commandements que Dieu à donner à Moïse.
C’est de vivre en tant que fils dans Fils unique
et de se laisser brûler par l’amour de Dieu
répandu dans nos cœurs par l’Esprit.
« Qu’est-ce donc que le Seigneur a apporté lors de sa venue ?,
demande saint Irénée de Lyon
Sachez qu’il a apporté toute nouveauté,
en s’apportant lui-même ».
C’était précisément que la Nouveauté Jésus
viendrait renouveler et revivifier l’homme.

Le Grand Inquisiteur du roman de Fiodor Dostoïevski
Les Frères Karamazoff dit à Jésus :
« Tu as voulu que l’homme
que tu aurais séduit et attiré, te suive librement.
Privé de la loi ancienne, une loi sévère,
l’homme, dorénavant, devait juger lui-même,
dans son cœur libre, de ce qui était bien et de ce qui était mal,
en n’ayant devant soi pour seul guide que ton image
– mais comment n’as-tu pas pensé qu’il finirait par tout rejeter
et par tout mettre en doute,
tout, jusqu’à ton image et même ta vérité,
s’il était opprimé par un joug aussi terrifiant que la liberté de choisir ? »
Nous avons alors pour guide le Visage de Jésus et sa Parole.
La parole de Jésus dans l’évangile de ce jour,
c’est une parole qui conduit l’homme au cœur de lui-même.
Et l’Église commence son témoignage en proclamant le don,
la grâce, en disant ce que Dieu, en Christ,
a fait pour nous sauver, et non le devoir.

Les commandements n’occupent pas
la première place dans la relation avec Dieu.
Au-dessus, il y a le don.
Parce qu’on a connu l’amour de Dieu
et qu’on a fait volontiers ce qu’il commande.
Dieu n’est plus un patron mais un Père,
et l’homme n’est plus un esclave mais un fils.
Oui, « si tu le veux, tu peux observer les commandements » (Ecc 15,15-20).
Rester fidèle est en ton pouvoir
parce que tu as connu l’amour et la sagesse de Dieu.
Cette liberté de l’homme et cette faculté de choix
sont affirmées souvent dans la Bible.
La liberté véritable comporte à la fois
le pouvoir de prendre une décision et la possibilité de l’exécuter.
La liberté de l’homme est une participation à la sagesse de Dieu.
Grande est la sagesse de Dieu.
Dieu, dont les yeux sont trop purs pour voir le mal (Ha 1,13)
et qui n’a pas fait la mort,
ne peut ni vouloir ni permettre le mal moral
ni destiner l’homme à autre chose que la vie.
La seule destinée de l’homme, c’est le salut.
Dieu, notre sauveur,
qui veut que tous les hommes soient sauvés
et parviennent à la connaissance de la vérité,
à la vraie sagesse.
Et ce que l’œil n’a pas vu,
ce que l’oreille n’a pas entendu,
ce qui n’est pas venu à l’esprit de l’homme,
ce que Dieu a préparé pour ceux dont il est aimé.
Aller plus loin, toujours plus loin dans l’amour,
voilà la vraie sagesse.
C’est pourquoi la véritable sagesse,
qui commence quand nous obéissons aux commandements de Dieu,
ne peut trouver sa plénitude
que lorsque nous franchissons ce seuil
où il n’est plus seulement question d’obéir aux commandements,
mais de nous abandonner tout entier à l’amour,
c’est-à-dire d’accepter
de ne plus pouvoir mesurer nous-mêmes notre justice
et nous en remettre à Dieu qui pardonne.
C’est la présence miséricordieuse de Jésus,
aujourd’hui, ici, qui est pour nous.
Nous sommes ceux avec qui le Christ fait alliance d’amour
pour que de la communion avec lui naisse cette communion avec nos frères.
Comme un fruit, comme une vie nouvelle.
Amen.

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