FMJ MtlHUITIÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE, A
Frère Jakub
Is 49, 14-15 ; Ps 62 ; 1 Co 4, 1-5 ; Mt 6, 24-34
26 Février 2017
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Croire que Dieu peut s’occuper personnellement de nous

« Ne vous inquiétez pas du lendemain… »
C’est l’annonce unique de l’Évangile de la liberté des enfants de Dieu
qui ont un Père dans les cieux,
un Père qui leur a donné son Fils bien-aimé.
Comment ne leur donnerait-il pas, avec lui, tout le reste ?
« Moi je suis venu pour que les hommes aient la vie,
pour qu’ils l’aient en abondance »,
dit Jésus dans l’Évangile de Jean.
« Seul celui qui obéit et qui a reconnu Jésus
reçoit de cette parole l’assurance de l’amour
du Père de Jésus Christ et la liberté de toutes choses.
Ce n’est pas l’inquiétude qui amène le disciple à ne s’inquiéter de rien,
c’est la foi en Jésus Christ » écrit Dietrich Bonhoeffer.

La liturgie de ce dimanche nous invite tout spécialement,
non seulement à faire confiance au Seigneur
et à nous en remettre à sa bonté de Père,
mais surtout à considérer ce qu’est l’homme pour Dieu ;
à considérer la tendresse sans mesure de Dieu.
Nous contemplons un Dieu non seulement Père,
mais également un Dieu mère, et le prix de chacun à ses yeux de « mère ».
« Une femme peut-elle oublier son nourrisson,
ne plus avoir de tendresse pour le fils de ses entrailles ?
Même si elle l’oubliait, moi, je ne t’oublierai pas, – dit le Seigneur. »
Il faut quand même de l’audace pour annoncer de telles promesses.
C’est presque trop beau pour être vrai, dirait-on.
Mais cette audace est celle même de Dieu.
Isaïe prend soin de parsemer ce chapitre de formules
telles que « Oracle du Seigneur »,
ou « Parole du Seigneur » ou encore « Ainsi parle le Seigneur »,
pour assurer ceux qui entendront ces paroles.
De soi, le précepte de « ne pas s’inquiéter » de la nourriture
ou du vêtement ne signifie pas qu’on ne doive aucunement s’en occuper,
qu’on puisse s’en désintéresser purement et simplement,
mais qu’on doit s’y tenir sans inquiétude,
sans trouble, sans anxiété, sûr de l’amour du Père,
conscient du vrai but de l’existence.
S’inquiéter pour les choses temporelles,
c’est manquer de foi en la sollicitude du Père,
c’est méconnaitre le cœur du Père.
Cependant l’objection nous hante toujours :
Il n’est pas possible de se désintéresser des choses indispensables.
Le Père sait cela, répond Jésus.
Dans la prière du Notre Père, Jésus nous donne l’exemple –
Il commence par adorer le Père ensuite il expose le besoin :
« Donne-nous notre pain quotidien. »
Le détachement du chrétien vis-à-vis des biens de la terre
ne représente que l’envers de son option
pour Dieu seul ou pour son Royaume.
Devant l’insatisfaction générée par le « jamais assez » de notre monde,
Jésus nous dit : « Cherchez son Royaume et sa justice. »
C’est-à-dire : tacher de l’obtenir,
A la fois par notre humble effort et aussi par la prière.
Oui, t’approcher de Dieu à ton réveil, l’écouter au cours de la journée
ou au coucher, lui fait plaisir.
Pense à Dieu avant ton travail, avant tes affaires,
Avant ton voyage et avant ta messe.
Nous sollicitons l’avènement de son Royaume en accomplissant sa Volonté.
Jésus ne veut pas que tes inquiétudes,
tes besoins, tes difficultés t’empêchent de prier Dieu,
de servir Dieu, d’adorer Dieu et de louer Dieu.
Dieu veut faire de nous ses enfants
dans le Royaume de son Fils bien-aimé
et il nous invite à un amour sans partage.
Notre expérience intime du chrétien
confirme que le Père ne nous laisse manquer de rien
et fait tout concourir à notre bien et à notre croissance dans la charité.
La charité est la présence anticipée du Royaume
et la manifestation de la condition d’enfant de Dieu.
Alors chers frères et sœurs,
Jésus nous invite en ce dimanche
à entrer dans le monde de l’essentiel,
C’est-à-dire croire que Dieu peut s’occuper personnellement de nous.
C’est une vraie révolution même pour les croyants.
Nous serons donc témoins que sa promesse est vraie
et qu’aujourd’hui elle s’accomplit si on la prend au sérieux.
En effet, Dieu n’a-t-il pas dit à sainte Thérèse d’Avila :
« Occupe-toi de mes intérêts, et moi je m’occupe des tiens ? »
Alors en réponse sainte Thérèse d’Avila écrit :
« Que rien ne te trouble,
que rien ne t’épouvante,
tout passe.
Dieu ne change pas,
La patience triomphe de tout.
Celui qui possède Dieu ne manque de rien, Dieu seul suffit ! »
Amen.

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