Le 8 décembre 1976, à la liturgie du soir, apparaissaient sur le tapis de prière de Saint-Gervais les premières sœurs, qui ne s’appelaient pas encore « de Jérusalem ». Sœur Marie évoque, en ouverture de ce numéro de Sources Vives, ces débuts précaires et joyeux. Nous n’avons cependant pas voulu célébrer un anniversaire – à la Toussaint 2015, c’était la naissance de tout « Jérusalem » qui avait été fêtée avec éclat et saluée dans notre n°179 Ô ma joie, Jérusalem –, mais bien plutôt interroger une complémentarité et nous en émerveiller. La complémentarité voulue à l’origine par le Créateur nous formant « homme et femme » (V. Fabre) et qu’analysent avec bonheur certains écrits pontificaux récents (sœur Susannah Miriam et Ch. Pellistrandi). La complémentarité qui nous conduit à lire l’histoire d’un regard contrasté, selon qu’on soit fille d’Ève (É. Parmentier) ou descendant d’Adam (frère Joseph). La complémentarité qui se hausse jusqu’à l’amitié (E. Ronchi) et se transcende dans le service partagé (frère Bradford, frère Pierre-Benoît). « Homme et femme », hommes et femmes, nous écrivons ensemble, dans le tissage de nos accords comme de nos différences, dans l’avancée parfois chaotique car contrariée par la peur ou le besoin de s’affirmer, une histoire sainte qui nous fait devenir de plus en plus nous-mêmes, dans l’irréductibilité de notre singularité et l’approfondissement de notre unité, dans la fécondité de l’altérité. Jusqu’au jour où nous entrerons « de toute notre plénitude dans la plénitude de Dieu » (Ep 3,19).
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