FMJ MtlPREMIER DIMANHE DU CARÊME, A
Frère Thomas
Genèse 2,7-9.3,1-7a ; Ps 51; Ro 5,12-19 ; Mt 4, 1-11
5 Mars 2017
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

En Jésus Nouvel Adam, victorieux de la tentation

En ce premier dimanche de carême,
la liturgie de l’Église offre à notre contemplation
Jésus tenté par le diable au désert.
Pourquoi Jésus a-t-il voulu être tenté ?
Il a d’abord voulu assumer jusqu’au bout notre humanité,
en étant tenté comme nous sommes tentés.
Il a ensuite voulu nous montrer que si nous sommes tentés,
il nous est possible de ne pas succomber à la tentation.
Il nous apparaît enfin comme le nouvel Adam,
qui par son oui renouvelle l’humanité.

« En ce temps-là, Jésus fut conduit au désert par l’Esprit,
Pour être tenté par le diable. »
Après avoir reçu le Baptême de Jean le Baptiste,
par solidarité avec les humains, Jésus est tenté par le diable,
par solidarité avec les humains.
Nous avons dans la première lecture de ce jour,
dans le récit du livre de la Genèse,
un archétype de toutes les tentations auxquelles l’être humain peut être soumis.
Il y a la tentation de la nourriture,
comme la première tentation de Jésus.
Il y a la tentation de la puissance –
être comme un dieu, connaissant le bien et le mal.
Nous la retrouvons dans la deuxième tentation de Jésus.
Il y a la tentation d’écouter la voix du diable plutôt que celle de Dieu,
se laisser séduire pare ses raisonnements, par ses artifices.
Nous la retrouvons dans la troisième tentation de Jésus,
lorsque le diable veut que Jésus se prosterne à ses pieds pour l’adorer.
Nous voyons ainsi Jésus qui s’expose aux tentations de l’avoir,
du pouvoir, du paraître et du savoir, qui sont le lot de l’être humain.

Il y a cependant une différence entre Jésus et Adam,
c’est que Jésus ne succombe pas
aux tentations auxquelles il est soumis.
Il y a donc une différence notable entre la tentation et le péché.
Ainsi ce n’est pas parce que je suis tenté que j’ai péché.
Jésus a été très fortement tenté.
Nous pouvons le voir dans le récit des tentations dans le désert.
Nous pouvons le voir aussi au moment de la Passion.
À Gethsémani Jésus est tenté de reculer,
de même que lorsqu’il est suspendu à la croix
et que des voix lui crient :
« Si tu es le Messie, descend de ta croix, et nous croirons en toi » (Mt 27, 40).
Mais à aucun moment Jésus ne succombe.
Jésus nous montre ainsi qu’il est possible d’être tenté sans pécher.

Si donc Jésus s’est fait solidaire de notre humanité en étant tenté,
si en lui il est possible d’être tenté sans pécher,
Jésus est aussi le nouvel Adam
qui vient renouveler l’humanité par sa victoire sur la tentation.
Le premier Adam a péché,
nous avons entendu le récit de sa chute.
Il s’est laissé prendre par le discours trompeur du serpent.
Il a succombé à la tentation.
Par lui le péché est entré dans le monde.
La théologie de l’Église parle du « péché originel ».
C’est comme une maladie qui est venue dans notre patrimoine génétique,
qui nous rend affaibli devant la tentation.
Mais Jésus, lui le Nouvel Adam,
vient en nous inverser cette tendance.
Il vient nous fortifier.
Sa façon de faire est bien différente du premier Adam.
Regardons dans le récit de la Genèse :
lorsque le serpent leur parle
et qu’il dit le contraire de ce que Dieu avait dit,
l’homme et la femme laissent entrer sa parole dans leur cœur.
Ils mangent la parole du diable avant de manger le fruit de l’arbre.
Jésus procède autrement.
Tout d’abord il jeûne, quarante jours et quarante nuits,
alors qu’Adam et Ève avaient mangé ce qu’ils n’auraient pas dû manger.
Puisque nos premiers parents avaient péché en mangeant,
Jésus nous enseigne la sainteté en jeûnant.
C’est pour cela que le jeûne reste un aspect fondamental du carême,
que l’Église nous appelle à vivre et à ne pas négliger.
Puis Jésus oppose à toute parole du diable une Parole de l’Écriture.
Ainsi Jésus évite de faire de la parole du diable sa nourriture.
Le malheur d’Adam, d’Ève, puis notre malheur,
c’est lorsque nous faisons de la parole du diable notre nourriture,
lorsque nous la laissons pénétrer
dans notre cœur et guider notre intelligence.
Le diable est menteur lorsqu’il dit à Ève qu’ils ne mourront pas
s’ils goûtent au fruit de l’arbre de la connaissance.
Sa parole dit exactement le contraire de ce que Dieu avait dit.
Il parvient à tromper l’homme et la femme
qui soudain ne se souviennent plus de ce que Dieu leur avait dit.
L’homme et la femme se sont déjà nourris de la parole du diable
avant de se nourrir du fruit de l’arbre.

Jésus, lui, ne laisse pas la parole du diable entrer dans son cœur.
Ces paroles sont des artifices,
elles vont à l’encontre de la Parole de Dieu,
à l’encontre des desseins de Dieu.
Dans la première tentation,
le diable cherche à détourner Jésus
de sa solidarité avec les humains qui ressentent la faim.
Dans la deuxième tentation,
le diable cherche à détourner le sens de la Parole de Dieu à son profit.
Dans la troisième tentation,
le diable ment tout simplement,
car les royaumes de la terre ne lui appartiennent pas.
À chacune de ces paroles du diable,
Jésus oppose la Parole de Dieu comme un couperet.
Jésus se nourrit de la Parole de Dieu
pour ne pas se nourrir de la parole du diable.
Voilà donc ce que nous enseigne le Nouvel Adam.
Voilà donc ce qui fait partie de notre patrimoine génétique d’enfants de Dieu.
Devant la tentation nous pouvons opposer la Parole de Dieu
et nous en nourrir,
en la méditant et en lançant au Seigneur des courtes prières,
répétées, qui feront fuir le diable.
La tradition de l’Église nous enseigne la lectio divina,
la prière du chapelet, la prière de Jésus :
« Jésus Fils de Dieu, fait miséricorde »,
ou encore le chapelet de la miséricorde.

Béni sois-tu Seigneur Jésus d’avoir bien voulu être tenté comme nous,
par solidarité avec notre humanité.
Béni sois-tu,
car tu nous enseigne qu’il est possible d’être tenté sans pécher.
Béni sois-tu Seigneur Jésus Nouvel Adam,
la grâce de Dieu s’est répandue en abondance sur nous
par toi qui nous enseigne à être vainqueurs du tentateur
par la Parole de Dieu et par le jeûne.

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