FMJ MtlCINQUIEME DIMANCHE DU CARÊME, A
Frère Thomas
Ez 37, 12-14 ; Ps 129 ; Rm 8, 8-11 ; Jn 11, 1-45
2 Avril 2017
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

La résurrection de Lazare, lumière au cœur de nos ténèbres

Voilà le sixième signe opéré par Jésus
que nous raconte l’Évangile selon saint Jean.

Après l’eau changée en vin à Cana,
le fils du fonctionnaire royal guéri de sa maladie,
l’infirme guéri à Bézatha,
la multiplication des pains et la guérison de l’aveugle né.
Il y a dans ces signes, dans ces miracles,
un crescendo en ce qui concerne l’importance.
Nous voyons Jésus qui est le maître d’œuvre dans la réalisation de ces signes.
Et enfin nous voyons, après ces signes,
beaucoup croire en Jésus et l’hostilité des notables juifs grandir.

Entre l’eau changée en vin à Cana
et la résurrection de Lazare de son tombeau après quatre jours,
que de chemin parcouru !
Jésus en appelle toujours à la foi
de ceux et celles qui vont bénéficier de son signe,
mais avec la résurrection de Lazare la foi demandée est grande.
« Seigneur, il sent déja »
– s’exclame Marthe quand Jésus demande qu’on enlève la pierre du tombeau.
« Je vais ouvrir vos tombeaux – prophétisait Ezéchiel –
et je vous en ferai remonter, ô mon peuple. »

Ce n’est plus une simple guérison que Jésus opère,
c’est véritablement un relèvement du séjour des morts.
Jésus aurait pu aller tout de suite auprès de Lazare malade pour le guérir.
Mais Jésus a préférer attendre qu’il soit mort pour le ressusciter.
Il voulait ainsi faire grandir la foi de tous,
afin qu’ils voient qu’aucune détresse humaine
n’est inaccessible à la grâce vivifiante de Dieu.
Déjà en guérissant le paralytique de Bézatha (infirme depuis 38 ans),
ainsi que l’aveugle-né ;
Jésus avait montré qu’aucune infirmité humaine n’était appelée à être définitive.

Maintenant Jésus nous montre que la mort non plus n’est pas un obstacle.
Jésus nous le montrera par sa propre mort et sa résurrection,
qui constituent le septième signe de l’Évangile selon saint Jean.
Nous sommes baptisés dans la mort et la résurrection de Jésus,
et saint Paul nous dit :
« Celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts,
donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. »
Il y a aussi cette parole extraordinaire que Jésus dit à Marthe :
« Moi, je suis la résurrection et la vie.
Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra :
quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. »
Quel encouragement pour vivre notre mort
aussi douloureuse ou apparemment dégradante puisse-t-elle apparaître –
– puisque le Christ est présent en elle, et qu’elle débouche sur la vie.

Ce qui frappe aussi dans le récit de la résurrection de Lazare,
c’est la maîtrise de Jésus sur les événements.
Marthe et Marie envoient dire à Jésus que leur frère Lazare est malade,
mais Jésus laisse passer deux jours avant de venir auprès d’elles.
Ses disciples le mettent en garde
parce que les notables juifs cherchent à le lapider à Jérusalem.
Jésus y va pourtant.
Cela rappelle la façon dont Jésus a agit lors des autres signes qu’il a accomplis.

Pour l’infirme de Bézatha, pour la multiplication des pains et pour l’aveugle-né, Jésus avait agi par pure initiative personnelle :
personne ne lui avait rien demandé.
Pour l’eau changée en vin à Cana et le fils du fonctionnaire royal,
Jésus s’était fait prier,
il n’avait pas exaucé tout de suite la demande qui lui était faite.
Mais c’était afin de faire grandir la foi
de ceux et celles qui lui demandaient le miracle.
Ainsi jésus n’est pas un distributeur de guérisons,
de grâces, auquel il suffirait de s’adresser pour les obtenir tout de suite.

Ce que Jésus opère, ce sont des signes qui renvoient à plus loin qu’eux.
Jésus veut nous faire grandir dans la foi en sa présence, dans la foi au Père.
C’est pour cela que Jésus est le maître d’œuvre
dans la réalisation de ses signes.
Il sait ce qu’il veut, il sait où il va.
Marthe et Marie le font appeler,
mais Jésus ne vient que deux jours après.
Non pas que Jésus soit récalcitrant à venir
– il aimait beaucoup Marthe, Marie et Lazare –
Jésus veut faire grandir Marthe, Marie, ses disciples, et la foule,
dans la foi en sa personne, dans la foi au Père.

De la même manière,
Jésus ne va pas subir sa Passion,
il va la vivre, quand son heure sera arrivée.
Il dira lui-même : « Ma vie, nul ne la prend, c’est moi qui la donne. »
Jésus donnera ainsi au monde le signe le plus grand de son amour,
le signe de sa Pâques.

Enfin, nous voyons beaucoup de personnes
qui croient en Jésus à la vue des signes qu’il accomplit.
Et plus ces signes sont notoires,
plus le nombre de ceux qui croient en Jésus grandit.
Mais nous voyons parallèlement toute une hostilité à l’encontre de Jésus grandir.
Ce sont les notables juifs
– pharisiens et chefs des prêtres –
qui lui reprochent de faire des guérisons le jour du Sabbat
et d’appeler Dieu son Père.
Ils lui reprochent aussi de venir de la Galilée.
Avec la résurrection de Lazare,
ils vont simplement reprocher à Jésus
d’attribuer des foules de plus en plus nombreuses à lui
et de risquer ainsi de provoquer la destruction du Temple par les Romains !
Les signes opérés par Jésus séparent ainsi la lumière des ténèbres.
Et le dernier signe de Jésus, sa mort et sa résurrection,
sera provoquée par les ténèbres, mais sera une manifestation de la lumière.

Que le Seigneur soit béni pour la résurrection de Lazare.
Elle constitue un sommet parmi les signes opérés par Jésus.
Elle manifeste la parfaite maîtrise de Jésus sur les événements.
Elle annonce la résurrection de Jésus, lumière au cœur de nos ténèbres.

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