FMJ Mtl8e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – A
Frère Antoine-Emmanuel
Is 49, 14-15 ; Ps 61 ; 1 Co 4, 1-5 ; Mt 6, 24-34
26 février 2017
Maison de Prière, Mont-Saint-Hilaire

L’Évangile du Père

Y a-t-il du neuf dans la Parole aujourd’hui ?
Y a-t-il du neuf pour nous faire vivre,
pour nous faire re-vivre ?

Oui !
Il y a véritablement un « Évangile du Père »,
une Bonne Nouvelle qui nous dévoile la tendresse du Père.

Commençons par la Première Lecture.
Le Prophète Isaïe s’adresse à Jérusalem,
à la ville dépeuplée et dévastée
qui lance ce cri : « le Seigneur m’a abandonnée,
le Seigneur m’a oubliée » (Is 49,14).

C’est la douleur de celui ou celle qui a connu la tendresse de Dieu,
qui a vu se déployer la grâce
et qui se retrouve délaissé, humilié, abattu.
L’homme, la femme, dévasté…
Il n’y a plus rien en moi.
Rien qui tienne… tout s’effondre à l’intérieur de moi.
« Le Seigneur m’a oublié… »

Que répond le Seigneur ?
« La femme oublie-t-elle son nourrisson ?
Oublie-t-elle de montrer de la tendresse au fils de ses entrailles ?
Même si celles-là oubliaient, dis le Seigneur,
Moi Je ne t’oublierai jamais » (Is 49,15).

Quelle merveille : le Seigneur jamais,
jamais, ne nous oubliera.
Il est impossible que Dieu t’oublie.
Et ce qui est bouleversant, c’est que le Seigneur pour dire cela
prend l’image de la maman qui a porté l’enfant dans son ventre
et qui ne peut absolument pas oublier cet enfant.

Nous sommes chacun et chacune pour le Seigneur
ce que le petit enfant est pour sa mère.
Dieu nous a porté dans son sein.
Et comme Dieu n’est pas tributaire du temps
comme nous le sommes,
nous pouvons affirmer qu’aujourd’hui
chacun et chacune de nous est porté par Dieu
comme l’enfant dans le sein d’une mère.

Dieu a des entrailles maternelles,
et dans ces entrailles, il y a toi !
C’est pour cela que Dieu ne peut pas nous oublier.
C’est pour cela aussi que notre oubli de Dieu
est pour Dieu une si grande blessure au cœur.
Une blessure grande comme la Croix du Fils de Dieu.

*

Allons maintenant à la deuxième Lecture
qui nous fait écouter les confidences de l’apôtre Paul.
Que nous dit Paul ?
Vous portez sur moi des jugements…
Cela ne m’importe pas.
Personne ne peut me juger sinon le Seigneur.
Moi-même je ne me juge pas.
C’est vrai que ma conscience ne me reproche rien,
mais cela ne m’autorise pas à me juger.
Le seul qui peut me juger, c’est le Seigneur ;
c’est Jésus à qui le Père a remis tout le jugement (cf. Jn 5,22)

En d’autres termes, il n’y a que Dieu
qui connaisse les profondeurs de mon cœur.
Il n’y a que Dieu qui sache ce qui motive
nos choix, nos décisions, nos manières d’agir.
Dieu connaît les ténèbres de nos cœurs.
Mais Dieu connaît aussi les merveilles de nos cœurs :
ce qu’il y a de si beau, de si pur, dans ton cœur.

Nous sommes parfois – ou souvent – embourbés
dans des retours sur nous-mêmes déçus, accusateurs, désespérants ;
nous ne voyons plus que les misères
de notre cœur malade.
Dieu Lui, voit aussi la beauté de notre cœur.
Son regard nous rejoint
et réveille l’Amour qui se miche au fond de notre cœur
comme une source blessée, mais toujours vivante.

Dieu nous porte comme une mère son enfant,
et nous portons Dieu comme une mère,
parce qu’Il habite en nous et nous connaît de l’intérieur.

*

Allons maintenant jusqu’à l’Évangile.
Cette fois, nous sommes avec Jésus sur la montagne.
Nous sommes dans la belle Galilée riante et fleurie,
et Jésus nous invite à regarder
les oiseaux du Ciel et les lys des champs.

Comme Il devait être lumineux le visage de Jésus
lorsqu’Il regardait les oiseaux du ciel et les lys des champs
et qu’Il contemplait en eux
la prévenance, la providence, la tendresse du Père.
Non, les oiseaux ne sèment, ni ne moissonnent ni n’engrangent,
et je vois bien qu’Ils trouvent leur nourriture.
Non, les lys ne travaillent pas, ne filent pas,
et je vois bien qu’ils sont habillés d’élégance et de beauté.

Si le Père prend soin des oiseaux et des lys,
combien plus prend-il soin
des enfants qu’Il porte en son sein maternel
et en qui Il demeure par pur amour.
Est-ce un appel à l’oisiveté, au quiétisme ou à la paresse ?
Non, c’est un appel à la confiance.
Ne laisse pas l’inquiétude envahir ta vie.

Et le Père de famille angoissé parce qu’il a été mis à pied,
ne trouve pas de travail
et ne qu’il ne sait pas comment payer le dernier loyer ?
Et la mère monoparentale qui ne sait pas comment payer le minimum de nourriture
pour ses enfants ?
Jésus, qu’en dis-Tu ?
Jésus ne fait pas l’éloge de l’insouciance,
mais de la confiance.
Et son enseignement est clair :
le Père sait que vous en avez besoin.
Alors, cherchez le Royaume ;
cherchez la justice du Royaume,
c’est-à-dire cherchez à ajuster votre vie
à l’amour gratuit de Dieu,
et tout le nécessaire vous sera donné.

Et où vais-je le trouver le Royaume ?
Au pied de la Croix.
C’est là que resplendit l’Évangile du Père.
C’est là que nous sommes conduits
de la détresse de se sentir oubliés de Dieu
à l’abandon confiant
et à la joie de la résurrection.

La tendresse du Père ne s’arrête pas
là où nous ne se sentons plus ni Sa présence ni Sa providence.
Sa tendresse nous conduit au-delà,
elle nous emmène dans une Vie nouvelle,
une manière nouvelle d’être au monde.

« Ne vous inquiétez donc pas pour demain.
Demain s’inquiètera de lui-même.
À chaque jour suffit sa peine » (Mt 6,34).
Littéralement : à chaque jour suffit son mal.
Car chaque jour a ses difficultés, ses maux, ses épreuves.
Mais chaque jour a aussi sa grâce.
Pour l’épreuve de ce jour,
je dispose de la grâce, de la miséricorde de Dieu.
Mais pour l’épreuve de demain,
je n’en disposerai que demain.

Que veut nous dire Jésus ?
Que la tendresse du Père n’est pas dans le lointain ou le demain.
Elle est dans l’aujourd’hui.
Si tu la cherches loin de ton cœur et de ta vie,
tu ne la trouveras pas.
Si tu la cherches dans le moment présent de ton cœur et de ta vie,
elle est là.

Tendresse infinie qui se déploie et se déverse
par le grand Sacrement qu’est Jésus,
Jésus-Eucharistie
qui nous emmène aujourd’hui
dans l’Évangile toujours nouveau
qui Le fait vivre :
l’Évangile du Père !

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