FMJ MtlDIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION DU SEIGNEUR
Frère Antoine-Emmanuel
Is 50, 4-7 ; Ps 21 ; Ph 2, 6-11 ; Mt 26, 14 – 27, 66
9 avril 2017
Maison de Prière, Mont Saint-Hilaire

Quelle violence

Quelle violence dans ce récit de la Passion de Jésus !
Quelle violence…
Quelle violence…
Cela commence avec la violence de l’arrestation nocturne.
Bâtons, gourdins et cordes pour arrêter Jésus,
pour L’emmener de nuit, brutalisé comme un malfaiteur
qui ne mérite que mépris.

Violence chez Anne, chez Caïphe,
au sein du Temple du Dieu Saint.
Coups au visage, crachats, moqueries…

Violence chez Pilate, trop faible et trop attaché à son pouvoir
pour résister à un peuple manipulé,
de plus en plus ivre de sang et de haine.

Violence chez Hérode qui n’a pour langage
que le sarcasme et le mépris.

Violence de nouveau chez Pilate
avec l’horreur démesurée de la flagellation
qui déchire le corps,
avec la torture gratuite et sans raison de la couronne d’épines.

Violence tout au long du chemin qui monte jusqu’au Calvaire,
avec son cortège de cris et de haine.

Violence de la crucifixion,
des clous qui traversent aveuglément la chair et les nerfs.

Violence de la mort sous le regard satisfait des grands-prêtres
et les sarcasmes de la foule…

Mais il y a aussi toute la violence psychologique
de la Passion de l’Innocent,
maudit par le peuple de Dieu,
déshabillé et publiquement mis à nu, Lui le pur et le chaste,
abandonné par tant de ses disciples
et se privant même de sa Mère
pour que les disciples fidèles soient enfantés à la Vie.

Violence de la solitude immense…

Et que dire de la violence spirituelle,
du combat incessant que Lui livre Satan
pour Le détourner de la Volonté du Père…
Une lutte sans merci et jusqu’au dernier instant,
alors même que Jésus Se perçoit
entièrement abandonné du Père,
plongé dans la nuit de Dieu.

*

Il n’avait plus figure humaine
avait prophétisé Isaïe… (cf. Is 52,14).
Voilà ce que nous avons fait de Jésus.
Voilà de quoi nous sommes capables, de concert avec Satan.
Voilà ce qui advient quand l’ivresse du mal
s’empare de nous.
L’ivresse du mal…
La colère de l’humanité contre elle-même
qui se déchaîne aveuglément.
La jalousie de Caïn qui ne supporte pas
la douceur, la candeur et la foi d’Abel.

La violence humaine est terrible.
Il suffit de penser à Auschwitz
ou au massacre au gaz Sarin de cette semaine en Syrie,
ou du terrorisme en Égypte ce matin…
Violence qui en réalité est toujours une violence religieuse.
C’est la colère de l’homme religieux
qui ne parvient pas à manipuler Dieu.
Ce n’est pas la religion qui est à l’origine de la violence,
c’est l’orgueil religieux de l’homme qui veut manipuler Dieu ;
qui veut prendre la place de Dieu.
L’homme humble devant Dieu dépose les armes.
L’homme arrogant face à Dieu prend les armes.
Il fait sienne la colère de Satan,
révolté devant l’humilité de Dieu.

Le hommes s’entre-déchirent
parce qu’ils ne veulent pas se plier à la tendresse de Dieu.
Dieu veut la révolution de la tendresse,
mais Satan nous enchaîne dans la révolution des armes.
Nous ne voulons pas de l’humilité de Dieu.
Si ! Notre âme la désire, notre âme en brûle d’envie,
mais le péché paralyse l’élan de l’âme
et nous asservit à la violence.

Que fait alors Dieu ?
Il descend dans l’arène pour faire le service d’ordre
avec des agents de sécurité ? Non !
Il y a des gens qui se prennent
pour des agents de sécurité de Dieu…
Ce n’est pas ce Dieu qui les envoie !
Non ! Dieu descend pour être avec nous.
Il descend pour ouvrir un autre chemin.

Mais c’est terriblement dangereux pour Dieu
de descendre dans l’arène.
« Voici le fils… tuons-le
et nous aurons l’héritage !
» (cf. Mt 21, 33-43)

Alors, parce que c’était dangereux,
Dieu est venu avec des gardes du corps ?
Non !
Dieu est venu désarmé.
Tellement désarmé que les apôtres eux-mêmes
en ont été épouvantés et ont fui
quand ils ont vu qu’à Gethsémani,
Jésus ne prenait pas les armes.

Pourquoi être si désarmé ?
Pourquoi Jésus, Tu T’es laissé capturer
et défigurer par notre violence ?
Pourquoi Père as-Tu voulu que ton Fils innocent
meure abandonné sur la Croix ?

Jésus Lui-même ne pouvait-Il pas appeler douze légions d’anges
pour en finir avec cet innommable mépris de Dieu ?
Il le pouvait… ; Il ne l’a pas fait.
Pourquoi ne pas avoir épargné à Jésus
la mort atroce des maudits de Dieu ?
L’Islam n’a-t-il pas raison de dire
que Jésus n’est pas le Fils de Dieu
et qu’en fait, Il n’est pas mort sur la Croix ?
Pourquoi ?

« Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde,
Il les aima jusqu’au bout …
» (Jn 13,1)
Jusqu’au bout…
Jusque là…
Nous étions par nous-mêmes – nous sommes par nous-mêmes –
incapables de nous libérer de la violence.
Elle nous submerge.
Alors, Dieu est venu prendre sur Lui notre violence.
L’Amour est allé jusqu’au bout.
Pour désarmer nos mains, nos regards, nos pensées,
Il est venu désarmer nos cœurs.
Il est venu guérir notre angoisse la plus profonde,
notre sentiment brûlant et inconscient
de grave culpabilité devant Dieu
qui est à l’origine de toute notre violence.
Il est venu affronter Satan dans son domaine de prédilection
qui est le cœur de l’homme.
Jésus est venu mettre fin au royaume de Satan sur les cœurs.

Partout où entre le Christ,
Satan s’enfuit.
Partout où la Passion du Christ est accueillie,
la violence est désarmée.

Mais pourquoi tant de violence encore depuis 2000 ans ?
Pourquoi la 3e Guerre mondiale qui est déjà commencée ?
Parce que le combat n’a pas pris fin avec la Passion de Jésus.
Satan vaincu, cherche à voler à Dieu
le plus grand nombre d’âmes possible.
Il veut nous prendre avec lui dans l’Enfer de sa défaite.
Il est le séducteur, le diviseur, le belliqueux
qui veut nous arracher à l’Amour de Dieu.

C’est pour cela que Jésus nous a donné Marie pour Mère.
C’est pour cela que Jésus nous a donné L’Église
pour nous amener à Lui,
pour nous amener au Salut ;
pour que nous laissions Jésus entrer en nous
avec toute son humilité et sa tendresse.

Aujourd’hui, du Cœur de Jésus,
jaillit un fleuve d’humilité et de tendresse
et nous le laissons venir en nous,
nous le laissons descendre en nous
pour entrer dans la non-violence véritable
qui est l’humilité du Christ.

Elle nous transformera
et au milieu des horreurs de la 3e Guerre mondiale,
nous serons par pure grâce, des témoins de Jésus.

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