FMJ MtlVendredi après l’Épiphanie – A
Frère Antoine-Emmanuel
1 Jn 5, 5-13 ; Ps 147 ; Lc 5, 12-16
7 janvier 2011
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Si tu veux, tu peux me purifier.

Un lépreux.
Un homme malade, un homme blessé, humilié, exclus.

Mais aujourd’hui il s’est jeté aux pieds de Jésus
avec une confiance étonnante :
« Tu peux me purifier » (Lc 5,12) ;
et un abandon beau et sans doute douloureux
‒ pour quelqu’un qui ne connaît pas encore Jésus ‒ :
« si tu veux » (id.).

Alors Jésus, nous venons de l’entendre,
tend la main,
le touche,
en disant : « Je le veux, sois purifié ».
Et aussitôt la lèpre s’en va de lui (v. 13).

*

Frères et sœurs, pouvons-nous imaginer la joie, la stupeur,
l’émotion, sinon le choc que fut cette guérison ?

Cela s’est passé il y a un peu plus de 2000 ans
dans une ville de Galilée (5,12).

Mais mon sciatique, dira l’un de nous ?
Mon cancer ?
Ma maladie de peau ?
Et tous ces millions de gens malades
dans leur corps ou leur psychisme ?

Non Jésus n’a pas guéri tous les malades de Galilée
et il ne guérit pas tous les malades de notre temps.

C’est d’ailleurs frappant de voir combien de saints et de saintes
ont eu la maladie comme compagnon des années durant.
Il suffit de penser aux maux d’estomac de frère André.
C’est donc que Jésus n’est pas venu
pour accomplir une guérison systématique
de tous les humains.

Dans le fond, c’est rassurant :
Jésus est venu pour une guérison plus profonde
de notre nature humaine.
Une guérison que l’Écriture appelle le « Salut »,
c’est-à-dire la réconciliation avec Dieu
pour ce temps et pour l’éternité.

*

Quel est le sens des guérisons physiques et psychiques
que Jésus opère depuis son entrée dans le monde ?
Elles sont des signes.
Des signes d’amour que le Père et Jésus nous donnent.
Des signes du Salut qui nous vient en Jésus.

Chaque guérison d’hier ou d’aujourd’hui
est un signe dont le but est de nous porter à la foi,
à la confiance en Jésus.
N’est-ce pas cela qui apparaît
quand frère André raconte
que selon son expérience, les guérisons immédiates
ne sont en général accordées
qu’aux personnes qui ne connaissent pas Dieu,
qui ne connaissent pas l’épiphanie de son Amour
qu’est Jésus ?

*

Or un signe, Jésus nous en donne un aujourd’hui
dans la guérison du lépreux.

Quand on lit dans le livre du Lévitique
la longueur et la complexité du rite de purification
d’un lépreux guéri,
on comprend combien la lèpre était perçue comme
une tare, un handicap, un mal
d’une très grande profondeur.
Et cela se traduisait par une exclusion radicale
de la communauté d’Israël.

La guérison, et même la « purification » du lépreux par Jésus
est un signe très fort.
Un signe où Jésus apparaît comme Celui
qui se fait proche de l’exclus,
et le ramène dans la communion.
Et cela c’est un signe qui nous parle à tous.

Il y a une communion,
une unité,
une circulation d’amour
que le péché nous empêche de connaître,
mais dont nous portons au plus profond de nous
une mystérieuse nostalgie.

Que fait Jésus ?
Il vient nous chercher et nous purifier
pour nous introduire dans cette circulation d’amour
où nul ne vit plus pour soi-même,
où la vie est une joie
parce qu’elle est sans cesse reçue et donnée.

Nous pouvons alors faire nôtre ce soir
la prière du lépreux.

Seigneur Jésus, si tu veux, tu peux me purifier.
Me purifier de tout ce qui m’exclut
de la communion avec les autres
De tout ce qui m’empêche de recevoir les autres,
de tout ce qui m’empêche de me donner aux autres.

Seigneur Jésus, tu connais mon histoire
tu connais tous mes mécanismes
par lesquels je me protège
contre la vraie rencontre avec les autres.
Sois béni toi qui prends sur toi
la lèpre de mon exclusion
en devenant toi-même le lépreux,
l’exclus,
le maudit.
À ma place.

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