FMJ MtlSAINT JOSEPH, ÉPOUX DE LA VIERGE MARIE – A
Frère Antoine-Emmanuel
2 S 7, 4-5.12-16 ; Ps 88 ; Rm 4, 13. 16-18.22 ; Mt 1, 16.18-21
19 mars 2011
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Les rêves ne durent pas longtemps

« Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre avec toi ta femme
car ce qui en elle est engendré est d’Esprit Saint » (Mt 1,20).
Joseph, ne crains pas…
Qu’est-ce que Joseph craint ?
Est-ce qu’il craint une tromperie de sa fiancée enceinte ?
Rien ne nous invite à une telle lecture.
Joseph est un homme juste (Lc 1,19) :
Sa crainte, sa crainte fondamentale
est de ne pas obéir à la Thorah, de ne pas obéir à Dieu.
Et la Thorah ne l’autorise pas
à prendre pour épouse une femme enceinte.

Il fallait une intervention divine explicite
pour libérer Joseph de cette crainte,
et, du même coup,
pour qu’il consente à se retrouver,
près, tout près, trop près… de la sainteté de Dieu.
Et il va consentir à ce voisinage quotidien avec la sainteté divine.

Souvenez-vous de la mort de ce pauvre Uzza
qui, voulant éviter à l’arche de tomber à terre,
la retint de ses mains
et en mourut sur le coup parce qu’il avait touché le sacré
sans que cela ne lui soit permis (cf. 2 Sm 6,7).
Souvenez-vous des parents de Samson
sûrs qu’ils allaient mourir
parce qu’ils avaient vu Dieu (cf. Jg 13,22).
Souvenez-vous d’Isaïe qui s’estimait perdu
parce que ses yeux avaient vu le Roi,
le Seigneur de l’univers (cf. Is 6,5).

Or Joseph consent, come Marie,
à l’irruption de Dieu en pleine chair, en pleine humanité.
Et cela est le fruit de l’Esprit Saint qui travaille en lui,
pour l’apprivoiser à la sainteté de Dieu.

Plutôt que de se rétracter comme Pierre criant :
« Seigneur, éloigne-toi de moi
car je suis un homme pécheur » (Lc 5,8).
Joseph consent.
Joseph se met au service.
Il donnera son nom – avec Marie – à l’Enfant-Dieu.
Il l’élèvera comme son propre fils.

Il consent à ce qu’en son humanité fragile
il soit sur cette terre le père de cet enfant.
Un vrai père.
Un père présent, agissant, viril, aimant, enseignant.
Un père qui ne se défile pas.

Joseph cette nuit-là a dit oui à sa vocation.
Il a discerné sa vocation et il a dit oui.
De tout son cœur,
de tout son être,
en ayant pour appui la Parole de Dieu,
la Promesse de Dieu.

Joseph est un jeune en discernement
qui ne cherche pas de midi à quatorze heures,
qui ne fuit pas, ne remet pas à demain,
et dit oui.

Il devient serviteur d’un grand, d’un très grand mystère.
Serviteur de l’entrée personnelle de Dieu
dans la chair humaine,
dans l’épaisseur de la pâte humaine.
En un mot : serviteur de l’Incarnation
le premier serviteur après l’Immaculée.

*

À partir de ce regard sur Joseph,
on peut embrayer sur deux pistes.

Si le mystère de l’incarnation
est une affaire du passé bien cadrée entre l’an zéro et l’an trente,
alors Joseph est un héros du passé, un modèle,
et c’est déjà bien.

Mais – et telle est la vérité de la foi –
si le mystère de l’Incarnation fait partie de l’actualité,
alors Joseph est et reste et restera très présent et très actif.
Or c’est bien cela qui se passe.
La résurrection de Jésus
n’a pas mis fin à la venue de Jésus dans la chair.
Elle a « démultipliée » cette venue
dans une proportion divine,
dans la proportion de l’Amour de Dieu
qui vient s’unir à toute chair,
à toute famille,
à toute société.

Alors, oui, Joseph, n’est pas un héros du passé ;
il est aujourd’hui le premier serviteur
de l’engendrement du Fils dans le monde entier.

C’est bien pour cela que depuis des siècles
on voit à la lumière de la foi
les fruits étonnants de l’amitié de Saint-Joseph.

Sainte Thérèse d’Avila,
qui avait été guérie physiquement
par l’intercession de Saint Joseph en était émerveillée
constatait que les saints et les saintes
« semblent avoir reçu de Dieu le pouvoir
de nous assister dans une nécessité spéciale ».
Et elle ajoute :
« Mais ce glorieux Saint [Joseph],
je le sais par expérience,
nous assiste dans tous nos besoins ».

« Je ne me souviens pas de lui avoir jamais adressé une supplique
qu’il ne l’ait exaucée ».

Saint Joseph est présent comme un père de famille
qui se met au service de la venue
et de la croissance de Jésus dans le monde.
Mais toujours avec une grande discrétion,
une sorte de retrait, de retenue
que l’on retrouve dans la manière d’agir du frère André.

Et plus nous désirons vivre de Jésus,
plus nous nous engageons au service de l’Évangile,
plus nous expérimentons cette étonnante amitié
de ce père discret et tellement efficace.

Un véritable ouvrier !
Un saint qui ne quitte pas l’atelier !
Un menuisier du Royaume.
Un charpentier de la Sainteté.
Un artisan qui nous transmet son art, sa joie
pour que nous aussi nous œuvrions au même métier,
celui de servir la venue de Dieu dans le monde.

Notre chantier c’est le monde d’aujourd’hui.
Joseph est avec nous pour y travailler à la justice et à la paix.
Avec lui, les rêves ne durent pas longtemps.
Il faut mettre la main à la pâte…
servir les frères et sœurs
peiner et suer s’il le faut,
parce que le don de Dieu est immense,
parce que la tendresse de Dieu se renouvelle chaque matin.

*

Saint Joseph,
serviteur et ouvrier de l’entrée de l’amour dans le monde,
nous te confions l’Église toute entière
qu’elle travaille sans se décourager
à accueillir l’Amour et à l’offrir au monde entier !
Nous te demandons tout particulièrement
de nombreuses vocations de frères et sœurs de Jérusalem
pour servir ce beau chantier de l’Amour
dans toutes les villes du monde.
Amen.

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