FMJ MtlVendredi, 5e Semaine de Pâques – A
Frère Antoine-Emmanuel
Ac 15, 22-31 ; Ps 56 ; Jn 15, 12-17
27 mai 2011
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Je n’ai pas peur de perdre la foi

Enfant, j’ai toujours été émerveillé
par les aimants, les « magnets ».
En particulier par leur action sur la limaille de fer :
l’aimant réordonne tout dans une unique direction.
De même, recevoir en nous LE commandement de Jésus
donne une direction à tout ce qui fait notre vie.

Ce conflit avec une personne,
c’est dans l’amour qu’il me faut le vivre.
Cet attachement à une personne,
c’est vers un plus grand amour que je dois aller.
Ce travail, c’est par amour qu’il me faut le vivre.
Ce discernement vocationnel,
c’est en fonction du plus grand amour que je dois le faire.

Jésus ne nous laisse pas comme des errants ;
son commandement réordonne notre vie !

*

Ce commandement est un commandement au pluriel :
il ne dit pas « tu aimeras ton prochain comme je t’ai aimé »,
mais « aimez-vous les uns les autres
comme Je vous ai aimés » (Jn 15,12).

Nous sommes appelés à y obéir ensemble.
Et dans cet ensemble, j’ai ma responsabilité :
aimer et accueillir l’amour.

Nous ne deviendrons pas ce que Jésus attend de nous
si nous n’accueillons pas le don des autres.

Demandons à l’Esprit Saint d’ouvrir un espace en nous
pour accueillir le don de nos frères et sœurs,
le don tel qu’ils savent, aiment le faire;
pour accueillir leur manière d’aimer,
le don de leur vie.

De même que nous ne pouvons pas
donner autre chose que notre vie !
Je ne peux pas donner ce que je n’ai pas.
On peut passer sa vie à rêver de donner aux autres
une image idéale de soi et on ne donnera jamais rien.

C’est ma vie avec sa couleur propre,
avec ses limites, que je donne.

*

Alors nous devenons pour Jésus des « amis ».
Si nous n’aimons pas,
Jésus sera sans ami, sera seul.
Nous pouvons devenir pour le Fils de Dieu un ami précieux ;
le chemin en est l’amour réciproque
avec ceux et celles que nous côtoyons.

De son côté, Jésus, lui EST notre ami.
La preuve de son amitié,
c’est qu’il nous a révélé et nous révèle
ce qu’il a de plus personnel, de plus intime.
Il nous livre le secret de son être :
« tout ce que J’ai entendu de mon Père,
Je vous l’ai fait connaître » (v. 15).
Il n’y a RIEN que Jésus nous ait caché.

Il nous a tout dit par ses paroles et plus encore par sa vie.
Ce qu’il est, il nous l’a donné et nous le donne.
Jamais nous ne pourrons dire que nous n’avons pas d’ami.
L’amitié de Jésus est toujours là,
plus fidèle que le battement même de notre cœur.
Et notre mort ne nous enlèvera pas cette amitié :
elle nous la révèlera davantage.

*

L’Évangile de ce jour se conclut par une parole
qui peut devenir un véritable roc
pour notre existence personnelle et communautaire :
« Ce n’est pas vous qui m’avez choisi
mais c’est moi qui vous ai choisi » (15,16)
nous dit Jésus.
Si ma vie chrétienne reposait sur un choix
que j’aurais fait moi-même,
que ce serait fragile.
Non !
Jésus t’a choisi.
Jésus nous a choisis et nous a rassemblés.

Je n’ai pas peur de perdre la foi.
Je n’ai pas peur de remises en question de la foi
par la culture contemporaine.
Je n’ai pas peur de mes questions,
ni même de mes doutes
parce que ce qu’il y a de vrai, de pur dans notre foi
vient de Dieu.
C’est lui qui nous a choisis .
C’est lui qui nous aime le premier.
Et je le laisse déposer la foi en moi.

La foi vient et germe dans nos cœurs par grâce
et elle y germe d’autant mieux
que notre âme est silencieuse et confiante :
« Seigneur, c’est toi qui nous a choisis ».

Il nous a choisis de manière définitive :
l’appel de Dieu est sans repentance.
Et il met tout en œuvre,
selon un plan d’amour
que nous ne comprendrons qu’au ciel,
pour nous unir à lui et – c’est inséparable –
pour que nous portions beaucoup de fruit,
du fruit qui demeure (cf. Jn 15,16)

*

Frères et sœurs,
prenons simplement un moment de silence
pour redire oui au choix de Jésus
et pour redire oui à la fécondité de notre existence
que Dieu désire.

Regardons, contemplons,
à quel débordement d’amour
le Seigneur nous appelle.

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