FMJ MtlVendredi, 2e Semaine de Pâques – A
Frère Antoine-Emmanuel
Ac 5, 34-42 ; Ps 26 ; Jn 6, 1-15
6 mai 2011
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Philippe, André ou l’enfant ?

Nous l’avons su.
Nous l’avons vu.
Nous l’avons contemplé.
J’oserais dire : nous l’avons touché.

Depuis la Nuit de Pâques,
nous avons été rejoints par cette réalité extraordinaire :
la Résurrection de Jésus.

Nous n’avons pas vu un mort revenir parmi nous,
nous avons vu un mort entrer – par sa mort –
dans une existence toute nouvelle
qui nous est désormais offerte.

Cette expérience fait nécessairement
monter un nous un désir :
celui de connaître plus profondément
la vie, les faits, les gestes de Jésus.

Je désire scruter la vie de Jésus
non pas parce que moi j’estime avec mes critères
que c’est un grand homme,
mais parce que cette vie-là – la sienne –
a débouché sur la résurrection.

Quel style de vie, quel genre de vie,
quels choix mènent à la Résurrection ?
Voilà qui désormais nous passionne.

Parce que je vais me battre
pour vivre du même style de vie avec toutes mes forces ?
Non !
Mais parce que je sais que Jésus ressuscité
va me mener, Lui, par la force de son Esprit,
à vivre de ce style.

Le Ressuscité est vivant
et il me « travaille au corps »
pour que je puisse aimer avec Lui,
mourir avec Lui
et ressusciter avec Lui.

C’est dans cet esprit que nous ouvrons les Évangiles.
Les Évangiles ne sont pas un manuel de morale du genre
« bricolez vous-mêmes votre sainteté – succès garanti » !
Ils sont une carte routière qui nous montre le chemin
par lequel Jésus Lui-même vivant et agissant et sanctifiant
veut nous conduire.

*

Dans cette lumière regardons la page d’Évangile de ce jour.

Nous sommes d’emblée
mis dans une situation de difficulté, de problème.
Comment faire manger une foule immense dans un lieu désert ?
Ce n’est pas une question secondaire.
C’est une question vitale !

L’Évangile nous montre trois attitudes
et nous pouvons voir laquelle choisir.

La première attitude est celle de Philippe.
Jésus, pour le mettre à l’épreuve,
lui demande où l’on pourra acheter du pain
pour tout ce monde.
Philippe, lui, calcule :
« Deux cent deniers de pain ne suffiraient pas
pour que chacun en reçoive un petit peu » (Jn 6,7).
Il ne part pas du réel ;
il échafaude et il est amer.

La deuxième attitude est celle d’André.
André, lui, regarde le réel,
aussi maigre, pauvre, insuffisant qu’il soit :
« Il y a ici un enfant
qui a cinq pains d’orge et deux poissons » (v. 9).
Mais il ajoute, désabusé :
« Mais qu’est-ce que c’est pour tant de monde ? »

La troisième attitude est celle de l’enfant.
Que fait-il ?
Il ne fait pas de discours.
Il donne à Jésus ses cinq pains et ses deux poissons.

*

Frères et sœurs, à qui ressemblons-nous ?
Et quelle attitude choisissons-nous ?

Philippe parle devant Jésus
mais tout reste dans sa tête.
Il pense quelque chose de parfait
sans rien demander à Jésus
et il est amer.

André parle à Jésus,
mais ne lui remet pas la situation
et il est désabusé.

L’enfant, lui, comme Marie à Cana,
confie à Jésus la situation
en lui confiant tout ce qu’il a.
Et c’est une foule entière qui va manger à sa faim.

*

Ressuscité, Jésus est là,
avec nous, pour nous,
comme ce jour-là au bord du lac.

Les cinq pains et les deux poissons
c’est la pauvreté de ce que j’ai de ce que je suis,
mais si je les remets à Jésus,
lui en fera des merveilles.
Voilà le style de vie
auquel Jésus ressuscité veut me conduire !

Je ne reste plus dans ma tête.
Je ne rêve plus de tout faire par moi-même.
Mais je ne méprise pas non plus
notre pauvreté, nos pauvres ressources :
si la puissance de Jésus ressuscité me touche,
il y aura en moi un jaillissement de vie pour les autres.

Là où en moi je vois seulement de la misère.
Jésus, Lui, y voit de la vie.
Pourquoi ?
Parce qu’Il est ressuscité !
Son regard est nouveau.
C’est le regard de celui qui a traversé la mort !
Il voit toute l’espérance qui est en nous.
Alléluia!

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