FMJ MtlJeudi, 29e Semaine du Temps ordinaire – C
Frère Antoine-Emmanuel
Ép 3, 14-21 ; Ps 32 ; Lc 12, 49-53
21 octobre 2010
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Ce feu jailli de la croix

Un feu !
« Je suis venu jeter un feu sur la terre
et qu’est-ce que je veux, sinon qu’il soit allumé ? » (Lc 12,49)

Frères et sœurs, qu’est-ce que cela signifie jeter un feu sur la terre ?
Dans l’horizon biblique, cette expression
nous renvoie au livre d’Ézéchiel où, au chapitre 10,
il nous est dit qu’un homme vêtu de lin
a reçu de Dieu la mission de jeter le feu du sanctuaire
sur la ville pécheresse de Jérusalem (cf. Éz 10,2).

Cette même image du jugement par le feu,
nous la retrouvons au chapitre 8 de l’Apocalypse
où le feu du Sanctuaire céleste est jeté sur la terre par l’Ange de Dieu,
pour consumer l’impiété du monde.

Jésus reconnaît donc dans ce geste de jugement, de purification,
décrit par le prophète Ézéchiel
la mission qu’il a reçue du Père,
et il en parle dans un contexte bien précis :
celui de l’annonce des derniers temps
et de sa venue à la fin du monde.

Un feu, « Je suis venu jeter un feu sur la terre ».
Jésus est venu jeter sur la terre un feu de Dieu, le feu de Dieu,
le feu qui brûle dans le Sanctuaire éternel,
le feu qui brûle entre les personnes divines.
Il s’agit du feu de l’Amour,
de l’Amour de Dieu qui est un feu consumant
qui détruit l’impiété et se communique à la création purifiée.

*

« Et qu’est-ce que je veux, dit Jésus,
sinon que ce feu soit allumé ? »
Qu’est-ce que cela signifie ?
Cela veut dire qu’au jour de sa chair,
aux jours de la vie publique de Jésus,
ce feu n’est pas encore allumé.
Jésus attend avec une divine impatience qu’il soit allumé.

Et comment ce feu va-t-il être jeté sur la terre ?
Jésus lui-même nous répond :
par le baptême dont il va être baptisé,
c’est-à-dire par sa mort sur la croix.

La mort de Jésus, sa mort où il est glorifié,
cette mort allume un grand feu sur la terre !
Quand Jésus est glorifié dans sa mort,
un feu est jeté une fois pour toutes sur la terre.
Le feu de l’Amour, le feu de l’Esprit,
feu qui consume le péché et se communique au pécheur pardonné.
C’est cela qui s’accomplira pleinement à la fin des temps
comme l’indique le contexte des paroles de Jésus.
Mais les derniers temps sont déjà commencés:
Jésus est mort et a été glorifié.
Le feu est déjà allumé et il parcourt désormais la terre et le ciel.
La Croix de Jésus est le foyer d’un incendie
qui embrase le monde du feu de l’Amour.

Tous ceux qui s’approchent de la Croix,
tous ceux qui portent leur croix avec Jésus,
ceux-là – et puissions nous tous en être –
se mettent à brûler d’amour.
Tout comme l’amour en nous qui se refroidit
chaque fois que nous nous éloignons de la Croix et de notre croix.

Si nous restons proches de la Croix, le feu de l’Esprit nous envahit
et il est déjà le feu eschatologique du jugement
qui n’efface pas seulement le péché : il le détruit,
et qui se répand dans le cœur et le corps des pauvres de cœur
pour en faire des porteurs de feu.

*

Frères et sœurs, quand nous prions,
quand nous nous laissons attirer par Jésus crucifié et glorieux
dans l’oraison, la lectio divina, ou la liturgie, nous prenons feu !
Ce n’est pas nécessairement un feu sensible,
mais c’est le feu qui consume la volonté propre
et l’idolâtrie de soi et des créatures,
pour nous entraîner dans le don de soi,
dans la joie de se donner, de se perdre.

Voilà ce que nous pouvons demander les uns pour les autres
en cette Eucharistie et en cette nuit d’adoration :
que le monde entier se laisse embraser
par le feu qui jaillit de la Croix.

À celui dont la puissance agissant en nous
est capable de faire bien au-delà, infiniment au-delà
de tout ce que nous pouvons demander ou concevoir,
à lui la gloire dans l’Église et le Christ Jésus,
pour tous les âges et tous les siècles. Amen ! (Ép 3,21-22)

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