FMJ MtlVendredi, 12e Semaine du Temps ordinaire – C
Frère Antoine-Emmanuel
2 R 25, 1-12 ; Ps 136 ; Mt 8, 1-4
25 juin 2010
Montréal, Sanctuaire du Saint-Sacrement

« Tu le peux ! »

Nous voyons la « lèpre » comme la maladie bien précise
dont le savant Hansen a découvert le bacille en 1873.
Mais la lèpre biblique n’est pas seulement cette maladie.

La lèpre biblique signifie de nombreuses formes d’affections,
de maladies de peau qui représentaient à la fois
une maladie et une forme grave d’impureté religieuse.

Être lépreux, c’était :
« je suis malade avec toute la souffrance
physique et morale que cela représente.
Et je suis impur.
J’appartiens à l’univers des choses et des êtres impurs. »
C’est beaucoup plus qu’une maladie.
C’est une tare.
C’est être sale, se sentir sale
d’une saleté morale et religieuse.
C’est être une menace pour les autres,
un danger pour les autres.

Nous pressentons le drame que représente cet état de paria
condamné à l’ex-communion, au ghetto, à « être impur ».

Or voici aujourd’hui un lépreux prosterné devant Jésus.
Avec un courage extraordinaire,
il a bravé toutes les interdictions légales
pour rejoindre le rabbi
qui vient d’enseigner sur la montagne.
Mais surtout, quelque chose en lui s’est animé
et l’a poussé à adresser au rabbi Jésus une prière magnifique :
« Seigneur, si tu veux, tu peux me purifier » (Mt 8,2).

Cette tare, cette laideur qui atteint tout mon être
et qui me coupe des autres,
je crois que toi, Jésus, tu peux m’en guérir… si tu le veux.

Que fait Jésus ?
Jésus est accompagné par une grande foule.
Mais rien n’est plus important pour lui que cet homme.
Jésus est tout à lui.

Si tu le veux… Oui Jésus le veut.
Il veut redonner à cet homme toute sa dignité,
toute son intégrité.
Jésus ne procède pas par rituel.
Il ne procède pas par magie.
Il n’agite pas la main sur la partie lépreuse (cf. 2 R 5,11)
comme Naaman l’attendait d’Élisée.

Jésus touche le lépreux en disant :
« Je le veux, sois purifié (Mt 8,3) »,
La guérison et la purification ne sont pas magiques.
Elles sont l’œuvre directe et personnelle de Jésus.

La parole de Jésus et son toucher
atteignent le plus profond de l’homme.
Ce n’est pas à l’extérieur seulement que le lépreux est guéri :
Jésus le purifie.
Jésus est descendu dans ses enfers,
il a pris sur lui la laideur, la saleté, la honte de cet homme.
Et c’est cela qui paraîtra au grand jour
dans les ténèbres du Golgotha
où Jésus sera comme quelqu’un
devant qui on se voile la face (Is 53,3).

*

Frères et sœurs, il y a beaucoup de lépreux aujourd’hui.
Beaucoup d’hommes et de femmes
qui se sentent profondément impurs,
qui sont rongés intérieurement par la honte,
par une certitude d’être maudit, d’être malédiction.

Je pense à une femme qui se sent impure depuis trente ans
parce qu’elle a été violée par son oncle dans la ferme familiale.
Je pense à un homme qui est ravagé intérieurement
par la passion du jeu
et qui dévore toutes les économies de la famille.
Je pense à un homme qui a le sida
et qui fréquente des clubs homosexuels.
Je pense à une femme qui est dévorée intérieurement
par la certitude d’être rejetée par Dieu à cause de son péché.
Je pense à tous les malades
qui considèrent leur maladie comme une punition de Dieu.
Mais combien parmi ces lépreux de notre temps
savent que Jésus est là pour eux,
offert pour eux sur la croix
et débordant de Vie dans sa résurrection.

Combien d’hommes et de femmes sont dévorés intérieurement
par le sentiment d’être impurs et ne connaissent pas Jésus.
Jésus qui délivre toujours de toute malédiction.

Ce soir en cette Eucharistie,
nous prions pour que la rencontre advienne,
par les moyens que Dieu voudra.

Nous pouvons chacun présenter au Seigneur
une personne, une situation,
et nous pouvons confesser ensemble :
« Jésus, tu es Seigneur ;
si tu veux, tu peux les purifier ;
si tu veux, tu peux les rejoindre
et leur redonner intérieurement
la conviction qu’ils ne sont pas une malédiction,
mais une bénédiction pour le monde.

Et si nous prions de manière authentique,
nous n’avons pas d’autres choix
que de nous mettre à la disposition du Seigneur
pour l’exaucement de cette prière.

Seigneur, me voici,
nous voici!
Fais de mois un instrument de la puissance de ton amour.
Amen.

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