FMJ MtlSamedi, 32e Semaine du temps ordinaire – B
Frère Antoine-Emmanuel
Sg 18, 14-16; 19, 6-9 ; Ps 104 ; Lc 18, 1-8
14 novembre 2009
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Le décret inflexible de Dieu

Un silence paisible enveloppait toutes choses (Sg 18,14).

C’est le silence de l’attente.
Le silence de la nuit,
silence rude, éprouvant, qui prépare
les passages de Dieu dans nos vies.

Alors, du haut du ciel,
venant de ton trône royal Seigneur,
ta Parole toute puissante fondit (…)
comme un guerrier impitoyable (v. 15).

C’est l’heure où la Parole de Dieu
nous surprend en plein silence.
La Parole manifeste soudain son extrême puissance
jusque là cachée dans les mots.

Le silence lui a préparé le chemin
jusqu’au plus intime de notre être où elle vient
semer la mort (cf. v. 16) :
la mort de la mort
la mort de tout ce qui en nous est mortifère.

Car Elle porte l’épée tranchante
du décret inflexible de Dieu (cf. v. 15).
Et quel est ce décret ?
« Je passais près de toi
et je te vis te débattant dans ton sang.
Je te dis quand tu étais dans ton sang : « Vis ! » (Éz 16,6)
« Vis » : voilà le décret de Dieu.
Décret de vie.
Décret de miséricorde.
Décret de résurrection.
« Voici que je fais toutes choses nouvelles ! » (Ap 21,5)
Car je suis venu, dit la Parole de Dieu
pour qu’on ait la vie
et qu’on l’ait surabondante (Jn 10,10).

Frères et sœurs, voilà ce que fait la Parole
quand elle déploie sa Puissance,
quand elle disperse
ce qui est superbe et vain dans nos cœurs (cf. Lc 1,51),
quand elle visite et délivre nos âmes (cf. v. 68).

Alors, dit le livre de la Sagesse
ceux qui furent délivrés bondissaient comme des agneaux
en te célébrant, Seigneur, toi leur libérateur ! (cf Sg 19, 9).
Comme nous venons de la chanter dans le Psaume :
Dieu fait sortir son peuple en grande fête,
(il fait sortir) ses élus avec des cris de joie (Ps 104(105),1).

*

Frères et sœurs, notre Dieu est libérateur.
Notre Dieu est un Dieu de délivrance (Ps 67 (68), 21)

Si un juge inique et injuste
finit par entendre la plainte de la veuve,
combien plus le Père n’entend-il
notre plainte, notre cri, notre prière.
Ce n’est pas le priant qui, comme la veuve,
trouve l’attente infiniment longue…
C’est Dieu qui patiente avec nous… (Lc 18,7)
C’est Dieu qui attend notre vraie prière.
C’est Dieu qui attend
et qui inspire notre vraie prière,
la prière de notre cœur,
la prière où se joue la vie,
la prière qui attend tout de lui
comme la veuve attendait tout du juge
qui seul pouvait lui rendre justice.

Je vous dis que le Père fera justice en vitesse (v. 8)
à ses élus qui crient vers lui jour et nuit (v. 7).
Jamais le Père ne tarde à répondre à notre vraie prière,
à la prière purifiée par l’Esprit
dont l’intercession pour les (fidèles)
correspond aux vues de Dieu (cf. Rm 8,27).
Car Dieu est proche de tous ceux qui l’invoquent,
de tous ceux qui l’invoquent en vérité (Ps 144(145) 18).
Frères et sœurs, la veuve de l’Évangile
nous apprend à prier,
à toujours prier et à ne pas perdre cœur (Lc 18,1).
Mais c’est la Vierge qui nous conduit plus loin
et beaucoup plus loin.
Ce n’est pas vers un juge froid et inique
que nous tournons nos cœurs.
C’est vers le Père.
Vers celui qui nous veut ;
Celui qui nous désire ;
Celui qui nous attend
et qui, avec nous,
attend nos amis et nos ennemis,
et l’humanité entière.

La justice qu’Il nous rend,
c’est d’être juste avec son être même,
avec son Amour
qui consomme le péché dans la miséricorde
et la culpabilité dans le pardon.
Marie nous apprend à entrer dans la prière de son Fils.
Elle nous mène à l’autel
pour que le Visage du Père
brille dans notre cœur,
pour que nous goûtions la vraie délivrance
qui est la vie filiale,
qui est la liberté d’aimer le Père de tout notre être.

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