FMJ MtlJeudi, 15e Semaine du Temps ordinaire – C
Frère Thomas
Ex 3, 13-20 ; Ps 104 ; Mt 11, 28-30
18 juillet 2013
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

N’aie pas peur de mon joug

Jésus invite ceux qui peinent sous le poids du fardeau
à venir à Lui pour être soulagés.
Mais curieusement, pour cela
Il leur propose de se chargez de son joug.
Quel est donc ce joug du Seigneur qui procure le repos ?

De fait, souvent, lorsque des personnes sont accablées de soucis,
elles se détournent de la prière :
elles disent qu’elles n’en ont pas le temps,
ni la force, ni le goût.

D’autres personnes recourent à la prière
à l’occasion d’épreuves qu’elles traversent
mais elles abandonnent
quand cela ne donne pas les résultats qu’elles attendaient.

D’autres encore découvrent
ou redécouvrent durablement la prière
et plus profondément le Seigneur
à l’occasion d’une épreuve.

Les chrétiens enfin – et particulièrement nous moines et moniales –
peuvent être des distributeurs du joug du Christ
pour que beaucoup trouvent soulagement et repos.

C’est un fait que beaucoup de personnes,
qui avaient l’habitude de prier,
cessent de prier – ou du moins
de fréquenter les assemblées d’église –
lorsque surviennent des épreuves
ou des bouleversements dans leur vie,
à l’occasion d’un déménagement, d’un travail prenant,
ou d’un décès, d’une maladie, d’une séparation.
C’est comme si les soucis causés par ces bouleversements
ne laissaient plus de place pour Dieu et sa Parole dans leur vie.
Comme dans la parabole du semeur,
lorsque le grain est semé dans les ronces
qui l’étouffent et l’empêchent de germer.

Pour ces personnes là,
le Christ n’est qu’un fardeau supplémentaire
qu’elles n’ont pas le loisir de porter
tant elles sont déjà accablées d’autres fardeaux.
Ah ! si elles savaient que précisément
le Christ aide à porter tous ces fardeaux !

D’autres personnes prient à l’occasion d’épreuves
qui leur surviennent :
une maladie, la perte d’un emploi,
un gros souci financier ou administratif.
Ces épreuves les portent à prier…
mais leur prière reste intéressée.
Si elles n’obtiennent pas ce qu’elles demandent,
elles se découragent et finissent par abandonner la prière.
Elles ne se chargent pas du joug du Seigneur…
mais veulent utiliser le Seigneur
comme une béquille, un distributeur.
Mais le Seigneur n’est ni une béquille, ni un distributeur.

Et enfin, il y a ceux et celles
qui découvrent le Seigneur à l’occasion d’une épreuve,
ou d’une étape importante de leur vie.
Ils découvrent alors véritablement ce joug du Seigneur
qui leur apporte soulagement et repos dans leurs épreuves.

Au fait, qu’est-ce qu’un joug ?
C’est un instrument agricole
utilisé autrefois pour réunir un attelage de bœufs.
Le joug permet à des bœufs
de tirer ensemble une charrue, d’assembler leurs forces.
Le joug a donné le mot conjugal,
pour désigner ce qui a trait au mariage
entre un homme et une femme.

Prendre le joug du Seigneur,
c’est donc faire attelage avec Lui,
c’est entrer dans un lien conjugal, sponsal, avec Lui.
Nos épreuves, nos difficultés humaines
ne sont pas supprimées,
mais le Seigneur Jésus les porte avec nous
(si nous le Lui permettons).
Non seulement Il nous soulage,
mais Il nous fait entrer dans son repos.
En effet, s’Il marche à nos côtés,
nous apprenons sa douceur et son humilité.
Au cœur de nos épreuves,
nous faisons l’expérience de la paix
et de la joie véritables et durables,
qui viennent de Dieu.

Prendre le joug du Christ reste cependant
un investissement humain, un choix,
une décision à prendre avec notre volonté.

La foi, la vie de prière, l’agir chrétien…
tout cela prend du temps, de l’énergie,
cela occupe notre intelligence et notre cœur.
Mais cela vaut la peine, car au bout du compte
toute notre vie humaine s’en trouve transformée.

Merci à vous tous, qui venez prier avec nous ici
au Sanctuaire du Saint Sacrement
de prendre sur vous le joug du Christ
et de témoigner ainsi combien Il transforme nos épreuves.
Vos épreuves ainsi ne sont pas supprimées,
mais vous ne les vivez pas de la même façon
que ceux qui n’ont pas la foi.

Nous-mêmes, moines et moniales,
qui faisons profession de ne faire qu’un avec le Christ,
de nous charger chaque jour de son joug,
nous sommes réconfortés et encouragés par votre témoignage !

Nous devenons ainsi, tous ensemble,
distributeurs du joug du Christ
(sans toutefois ne l’imposer à personne)
pour qu’un grand nombre découvre
cette joie sans pareille de faire attelage commun avec le Christ,
d’avoir avec lui un lien conjugal… de Le laisser nous épouser !

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