FMJ MtlSAINT MATTHIEU, APÔTRE, ÉVANGÉLISTE – C
Frère Thomas
Ép 4, 1-7.11-13 ; Ps 18 ; Mt 9, 9-13
21 septembre 2013
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Non pas les justes… mais les pécheurs.

Pourquoi donc Jésus choisit-il un publicain
– un traître à la nation juive,
un collaborateur avec l’occupant romain –
pour être parmi ses disciples les plus proches ?
Jésus fait preuve d’audace.
Il pose là un geste prophétique
qui voit l’unité et la croissance du peuple de Dieu
par delà tout clivage politique ou moral.
Et de fait l’avenir lui a donné raison,
puisque Matthieu le publicain est devenu un des quatre évangélistes.

Qui étaient les disciples qui suivaient Jésus ?
Les premiers qui se sont joints, à Jésus,
et que Jésus a appelés
– André, Pierre, Jacques et Jean –
étaient des pêcheurs du lac de Tibériade.
C’étaient donc des hommes simples de la Galilée.
Jésus étonnait – choquait même parfois –
en ayant ainsi pour disciples,
en se laissant approcher, par des gens simples.
Nous savons combien bon nombre de pharisiens
considéraient comme des maudits
cette foule qui – selon eux –
ignorait la loi de Moïse.

Voilà que Jésus fait un pas supplémentaire
dans sa singularisation,
en appelant un publicain, Matthieu,
à marcher à sa suite.
Les publicains, c’étaient des juifs
qui étaient devenus collecteurs d’impôts et de taxes
au service de l’occupant romain.
Pour les autres juifs, c’étaient des traîtres, des collaborateurs.
Pour les pharisiens, c’étaient des pécheurs,
des gens infréquentables.
De plus leurs contacts fréquents avec les Romains païens
les rendaient impurs.
En appelant ainsi Matthieu,
non seulement Jésus fraie avec un pécheur…
mais en plus Il risque de contaminer toute son équipe.

Eh bien oui !
Jésus l’appelle !
Et en plein exercice de ses fonctions,
à son bureau de publicain !
Jésus serait-il fou, inconscient ?
Mais non !
Alors que voit Jésus ?
Quel est son objectif en appelant Matthieu ?

Jésus peut bien mesurer que
– même si en le suivant
Matthieu cesse d’être publicain –
la vie dans la communauté de ses apôtres
ne sera pas de tout repos.
On peut par exemple imaginer
que les échanges entre Simon le Zélote
(qui avait fait de la lutte armée contre les Romains)
et Matthieu (qui avait collaboré avec les Romains)
ne devaient pas être toujours des plus courtois !

Mais nous connaissons aussi la réponse
que fit un jour Jésus
à ceux qui le questionnaient
sur l’obligation ou non
de payer l’impôt à l’empereur romain :
« Rendez-à César ce qui est à César,
et à Dieu ce qui est à Dieu
 » (Mc 12,17).
Jésus ne se situe pas au niveau de la politique.
Il est venu annoncer le Royaume des Cieux.
Quel signe prophétique alors s’Il a parmi ses apôtres
des personnes de tendances politiques différentes !

Aussi, Jésus rend compte aux pharisiens
de son choix de Matthieu :
« Je suis venu appeler non pas les justes,
mais les pécheurs. » (Mt 9,13)
Si Jésus n’avait choisi que des justes, des savants,
comment l’Évangile du Salut aurait-il pu être propagé ?
Ceux qui n’étaient ni justes, ni savants, auraient dit :
« Ce n’est pas pour moi ! »

Si l’Évangile nous parle aujourd’hui
et nous met en route,
c’est parce que des pauvres,
des ignorants, des pécheurs,
en ont vécu avant nous et nous l’ont transmis.
Dans les écrits du Nouveau Testament – par exemple –
il y a précisément l’Évangile selon Saint Matthieu !
Preuve donc que Jésus ne s’était pas trompé en le choisissant !

Il y a aussi 13 épîtres de Saint Paul.
Donc plus de la moitié du Nouveau Testament
a été écrit par un persécuteur, un pécheur, appelé par Jésus !

« C’est la miséricorde que je désire – dit Dieu –
et non les sacrifices.
« Je suis venu appeler – dit Jésus –
non pas les justes mais les pécheurs » (Mt 9,13).
Et nous saurons-nous appeler les pécheurs !

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