FMJ Mtl

Mercredi, 29e Semaine du Temps ordinaire – C
Frère Antoine-Emmanuel
Rm 6, 12-18 ; Ps 123 ; Lc 12, 39-48
23 octobre 2013
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Rompre le pain

Veiller…

Rester éveillés dans l’attente de la venue en gloire de Jésus.
Passer notre vie en tenue de service et la lampe allumée :
C’est ce que Jésus nous disait hier dans la parabole des serviteurs
qui attendent leur maître à son retour des noces.

Pierre a très bien compris qu’il ne s’agit pas
de ne pas dormir quand vient la nuit,
et qu’il s’agit d’une image.
Mais une image qui reste très exigeante.
Impossible de mettre de côté notre foi
pour jouir goulument des biens de ce monde.
Non ! Il nous faut rester en éveil
et nous souvenir que la plénitude de la joie et de la fête
n’est pas ici-bas…

Mais, Seigneur, cette exigence,
elle est juste pour nous les apôtres ?
Les autres disciples vont pouvoir
jouir tranquillement des plaisirs de ce monde
et nous, nous allons veiller ?

À la question de Pierre, Jésus répond
en disant que cet appel est pour tous :
« Pour tout homme à qui est beaucoup donné,
beaucoup sera exigé. » (Lc 12,48)

Mais avant de donner cette réponse,
Jésus va d’abord faire comprendre à Pierre
ce qu’est le rôle particulier des apôtres
pendant ce long temps de veille.

Car c’est vrai qu’aux apôtres
et à tous ceux qui ont un service en Église,
il est demandé une vigilance accrue.

Jésus déploie en effet la parabole des serviteurs
qui doivent veiller en parlant de l’intendant.
L’intendant est, littéralement,
« établi sur la domesticité »
c’est-à-dire, établi, placé,
sur l’ensemble des serviteurs de la maison.
C’est le majordome.
C’est celui qui a la charge de la maison
qui veille sur tous les serviteurs.

Son travail, Jésus le précise :
il est établi sur les serviteurs
pour leur donner en son temps, leur ration de blé. (Lc 12,42)

Ce qui lui est donc demandé en tout premier lieu,
c’est de nourrir tous les serviteurs de la maison.

Être établi « sur les serviteurs »,
cela veut dire pour Jésus, en prendre soin, les nourrir.

Qu’est-ce que cela nous dit des apôtres
et à leur suite des évêques, des prêtres
et de tous ceux, hommes et femmes,
qui ont une charge pastorale en Église?
Que leur mission est de nourrir les frères et soeurs
qui leur sont confiés.

De quel blé ?
De quel pain ?

De quel pain les serviteurs ont-ils besoin
pour tenir le coup en attendant la venue glorieuse du Seigneur ?
Du pain de la Parole.
Du pain de l’Eucharistie
Mais aussi du pain de la table.

Nous comprenons alors le risque que la Parabole dépeint si bien,
le risque que les pasteurs se nourrissent et s’enrichissent
en usant pour eux du pain
qu’ils devaient donner à tous les chrétiens.

C’est le drame de cet évêque allemand
qui défraye la chronique
parce que l’on a – heureusement – dévoilé ses dépenses folles
pour restaurer son palais épiscopal.
Mais malheur à moi si je le juge…
parce que le même virus habite souvent nos coeurs.

Le pain de la Parole, nous en sommes tous riches ici,
mais c’est pour le partager.
Le pain de l’Eucharistie, nous le recevons en abondance,
mais c’est pour que notre vie devienne pain pour les autres.
Et le pain de la table, nous savons bien
que nous avons à le partager.

Notre joie, frères et soeurs,
ce sera de partager le pain,
de rompre le pain.
C’est cela que nous venons apprendre
et ré-apprendre chaque jour
autour de cet autel.

Nous entendons chaque jour Jésus dire
« Prenez et mangez en tous,
ceci est mon corps livré pour vous ».
À notre tour, nous pouvons dire :
« prenez et mangez-en tous,
ceci est mon corps, mon temps, ma vie… livrée pour vous ».

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