FMJ MtlVendredi, 2e Semaine de Pâques – A
Frère Antoine-Emmanuel
1 Jn 5, 1-5 ; Ps 36 ; Mt 10, 22-25
2 mai 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Tu communies à la Résurrection

Le Jeudi Saint, nous avons réfléchi ensemble
sur la fraction du pain.
Et nous avons vu qu’au témoignage des Évangiles synoptiques,
c’est par ce terme
que Jésus parlait des miracles de multiplication des pains
et que la toute première communauté à Jérusalem
appelait la célébration eucharistique.

Est-ce que ce terme de « fraction du pain »
est présent dans l’Évangile de Jean,
dans le récit de la multiplication des pains ?
Oui et non !
Oui parce que Jean parle des morceaux (klasmata) de pain
qui restent et que Jésus fait ramasser.
Et ce mot klasmata est bien le même que celui
que les synoptiques emploient pour la fraction du pain.

Mais au moment de l’accomplissement du miracle,
ce terme n’est pas présent :
Jésus prend les pains
Il rend grâce et Il les distribue.
Ce n’est pas sur la fraction du pain
que Jean veut attirer notre attention.
Elle est présente, elle est connue de tous,
mais Jean voudrait nous montrer quelque chose d’autre.

Quel est donc l’accent que met Jean ?
Jean met l’accent sur l’autre rive
de la mer de Galilée, de Tibériade.
« L’autre rive… »

Il met l’accent sur la proximité de la fête de la Pâque,
il est même le seul à en parler.
La fête de la Pâque, mémoire de la libération d’Israël
enfin extrait de la tyrannie de Pharaon,
de l’empire de la mort.
Puis Jean dit que Jésus fait s’allonger les gens.
Ils vont donc manger à la romaine.
C’est un banquet… pas un pique-nique.

Il ajoute qu’il y avait beaucoup d’herbe en ce lieu.
L’autre-rive est donc une rive plaisante,
ce n’est pas la rive païenne.
C’est une rive qui a l’allure d’un jardin
où l’on partage un banquet généreux.
Sur des prés d’herbe fraîche tu me fais reposer
Devant moi tu apprêtes une table. (Ps 22)

Que veut nous dire l’évangéliste ?
Oui l’Eucharistie est fraction du pain,
elle nous fait communier au Sacrifice de Jésus,
à sa mort sur la croix,
à sa vie donnée comme un pain rompu.
Mais regardez bien :
l’Eucharistie est inséparablement le banquet de l’autre rive,
le banquet de la Vie éternelle,
l’accomplissement de la Pâque sur la rive de l’éternité.
Quand tu communies,
c’est au Ciel que tu communies !

Est-ce que l’Évangile de Jean présente un autre écho de cela ?
Oui !
Souvenez-vous de la troisième fois où Jésus Se donne à voir.
La troisième apparition, c’est celle qui constitue
la confirmation du mystère.
C’est sûr ! C’est vrai ! C’est indéniable!
Et cette apparition a eu lieu au bord du lac.

Les disciples sont aux prises avec les rigueurs de la vie
et la peine des filets vides.
Jésus, lui, est sur le rivage.
Et du rivage il se rend présent.
Et vers le rivage il attire ses disciples.

Et que fait Jésus sur ce rivage qui figure l’éternité ?
Il s’approche, prend le pain,
– il n’est pas dit qu’Il le rompt –
et le leur donne (cf. Jn 21,13)

L’Eucharistie c’est le pain de la résurrection !
C’est le pain de l’autre rive.
Le Pain de l’éternité.
Frères et sœurs, est-ce là de l’interprétation un peu exagéré ?
Souvenez-vous :
après avoir multiplié les pains, que fait Jésus ?
Il révèle le sens de ce miracle, de ce signe plus exactement ?
Il parle de Lui-même comme Pain du Ciel,
comme Pain de la vie,
et même comme « Pain vivant ».
Et Jésus va jusqu’à dire :
« Moi Je suis le Pain vivant descendu du Ciel
Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra pour l’éternité. » (Jn 6,51)

Voilà donc ce que Saint Jean veut nous dire :
n’oublie pas :
ce pain que tu reçois lors de la fraction du pain,
c’est le pain du Ciel !
C’est le pain qui te donne la vie éternelle.
Tu consommes la vie éternelle,
et plus tu la consommes par une foi vive,
plus cette vie éternelle te transforme,
plus ta vie prend le goût de l’éternité.

Ce n’est pas un symbole que tu reçois,
C’est le Christ ressuscité que tu reçois.
C’est le Ressuscité qui te reçoit.
Qui te reçoit dans sa propre vie éternelle.

Ce soir, nous allons communier à la Résurrection !

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