FMJ MtlMercredi, 3e Semaine de Pâques – A
Frère Antoine-Emmanuel
Ac 7, 1-8 ; Ps 30 ; Jn 6, 35-40
7 mai 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Laisse entrer en toi la joie du Christ !

Saul et Philippe.
Quel contraste !

D’un côté un homme qui ravage l’Église,
pénètre dans les maisons,
en arrache hommes et femmes pour les jeter en prison.
Paul témoignera lui-même plus tard :
« Parcourant toutes les synagogues,
je multipliais mes sévices à l’égard
(des chrétiens)
pour les forcer à blasphémer,
et au comble de ma rage,
je les poursuivais jusque dans les villes étrangères » (Ac 26,11).

Voilà où conduit le refus du Christ.
Ravage, tortures, rage, violence…
Voilà ce qui se produit lorsqu’une personne
laisse entrer en soi
la « haine du démon contre le Christ »1 .
Cette haine qui cherche à envahir le monde
en s’emparant des cœurs qui se laissent manipuler par lui.

De l’autre côté il y a Philippe.
Philippe, chassé de Jérusalem par la persécution
se retrouve en Samarie.
Lui aussi entre dans la vie des citadins,
mais pas pour les violenter et les torturer :
pour leur annoncer Jésus,
pour leur annoncer l’Évangile.

Et Saint Luc a cette petite phrase extraordinaire :
Et il y eut dans cette ville une grande joie (Ac 8,8).

Celui qui accueille Jésus,
celui qui laisse Jésus conduire sa vie,
devient l’instrument d’une grande joie.

*

Voilà, frères et sœurs, notre mission,
notre si belle mission de chrétiens :
nous avons le ministère de la joie.
Le Seigneur nous a confié le ministère de la joie.

Le Pape François relit ainsi les Actes des apôtres :
« Le Livre des Actes des Apôtres raconte
que dans la première communauté
ils prenaient leur nourriture avec allégresse (Ac 2,46).
Là où les disciples passaient la joie fut vive (8,8),
et eux, dans les persécutions étaient remplis de joie (13,52).
Un eunuque, qui venait d’être baptisé,
poursuivit son chemin tout joyeux (8, 39),
et le gardien de prison se réjouit avec tous les siens
d’avoir cru en Dieu (16, 34).
Pourquoi ne pas entrer nous aussi dans ce fleuve de joie ? »
(La joie de l’Évangile, n° 5)

Au jugement dernier
je crois que le Seigneur me demandera :
« As-tu porté la joie dans la ville où je t’ai placé ? »
As-tu transmis ma joie ?
Avec tes frères et sœurs,
est-ce que vous avez laissé ma joie vous saisir
et passer à travers vous pour réjouir le cœur de tous et toutes
à commencer par les plus pauvres ?

« Telle est la volonté de Celui qui m’a donné mission 
– le Père –
Que je ne perde aucun de ceux qu’Il m’a donné
mais que je les ressuscite au dernier jour »
dit Jésus (Jn 6,39).
Et nous pouvons dire à notre tour :
Telle est la volonté de Celui (Jésus) qui nous a donné mission :
qu’aucun citadin ne se perde ;
qu’aucune âme ne se perde ;
qu’aucune âme ne soit privée de la joie de l’Évangile.

« En vivant dans l’amour,
provoque en chacun de tes frères et l’éclosion de la joie.
Deviens avec eux,
par le rayonnement de la joie communautaire,
le signe de la présence de Dieu
qui veut te renouveler par son amour
et danser pour toi avec des cris de joie
comme au jour de fête (Livre de Vie de Jérusalem, n° 180) ».

*

Mais comment assurer ce ministère de la joie ?

Prenons exemple sur Philippe.
Comment Philippe a-t-il fait naître la joie dans la ville ?

D’abord en ne se laissant pas impressionner, terroriser ou paralyser
par les menaces des autorités religieuses
ennemies de la joie du Christ.
Non seulement Philippe n’a pas cédé à la peur,
mais, par sa foi en la Résurrection,
la persécution est devenue pour lui un tremplin pour témoigner !

Ensuite Philippe a annoncé l’Évangile.
Il n’a pas tant cherché à déraciner le mal
qu’à semer le bon grain,
la semence de l’Évangile,
la Belle Nouvelle de la Réconciliation.
Il a fait confiance en la puissance de la Parole.
Et la Parole a porté son fruit de joie.

Enfin Philippe n’a pas voulu tout contrôler, tout dominer :
Il a laissé le Seigneur agir.
Il a permis au Seigneur de déployer les signes du Royaume
– guérisons et libérations –
dont nous n’avons pas la maîtrise,
mais qui ont la capacité de toucher les cœurs en profondeur
et d’ouvrir les âmes les plus fermés à la joie de l’espérance.
Et la joie fut grande en cette ville.

La joie fut grande parce que Jésus en sa personne
répond au désir le plus profond de tout humain.
« Qui vient à moi n’aura jamais faim,
qui croit en moi n’aura jamais soif » (Jn 6,35).

Jamais faim des autres nourritures
qui sont les nourritures de l’addiction, de la dépendance,
et finalement de la mort.

Aucune nourriture ne peut répondre à notre désir le plus profond.
Rien de seulement humain,
rien de seulement terrestre
ne peut combler notre âme
qui est faite pour ce qui est divin,
qui est faite pour des noces éternelles
avec L’Agneau, avec l’Époux, avec le Christ Jésus.
Lui notre joie, qui aujourd’hui nous consacre
comme ministres de sa joie.

1 – Pape François, homélie 6 05 2014

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