FMJ MtlMardi, 19e Semaine du Temps ordinaire – A
Frère Antoine-Emmanuel
Éz 2, 8 – 3,4 ; Ps 118 ; Mt 18, 1-14
12 août 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Ta Parole dans nos « entrailles »

Voici les premières paroles que le Seigneur nous adresse
en ce jour où nous reprenons la route ensemble :
« Fils d’homme, mange ce rouleau
ensuite tu iras parler à la maison d’Israël. » (cf. Éz 3,1)

Le Seigneur nous invite à ouvrir la bouche
pour manger sa Parole.
C’est-à-dire à regarder sa Parole comme une nourriture,
un aliment qu’il nous faut manger,
qu’il nous faut laisser descendre en nous.

« Nourris-toi et remplis tes entrailles
de ce rouleau que Je te donne ».
C’est la main de Dieu qui se présente devant nous
et qui nous tend la Parole,
qui nous offre la Parole.
Et c’est cela qui va se produire chaque jour.
La main de Dieu nous offrant ce Pain de Vie
qu’est sa Parole vivante et permanente (1 Pi 1,23).

Le Seigneur nous l’offre
et nous demande de la laisser descendre
jusque dans nos « entrailles ».
Que Sa Parole vienne en toi, en moi,
jusqu’au lieu de la vie en nous,
au lieu de nos décisions,
au lieu où nous concevons la vie,
où nous façonnons notre contribution
à la vie de la communauté, de l’Église, de la société.

Afin que notre contribution à la vie du monde
soit marquée, soit formée, moulée, façonnée
par la Parole de Dieu.

L’expérience du prophète Ézéchiel est alors étonnante.
Il dit oui.
Il mange la Parole.
Et la Parole fut dans sa bouche d’une douceur de miel.

Pourquoi était-elle d’une douceur de miel ?
Parce que cette parole était gentille, soft, doucereuse… ?
Non ! Elle était faite de plaintes, gémissements et cris (Éz 2,10).

Comment une parole rude, dénonçant le péché et nous,
appelant rigoureusement à la conversion,
peut-elle avoir la douceur du miel ?

Pour une raison sans doute :
parce que c’est un bonheur profond,
c’est une expérience de libération
que de découvrir que Dieu rejoint par sa Parole
alors même que nous sommes plongés dans nos péchés.
Quelle grâce, quelle miséricorde…
Alors même que je suis captif de mes infidélités,
tu t’adresses à moi et tu m’ouvres le chemin du retour…

C’est la joie de la brebis perdue
qui dans son égarement, sa solitude, sa peur,
voit le berger s’approcher avec une infinie tendresse
pour la ramener dans le troupeau,
pour la ramener à la vie.
Car la brebis qui se met à distance du troupeau
est condamnée à mourir…

*

Frères et sœurs,
nous allons ensemble ouvrir la bouche
et nous laisser nourrir par la Parole de Dieu.
Et déjà nous pouvons confesser avec le Psalmiste :
« Je trouve dans la voie de tes exigences
plus de joie que dans toutes les richesses
Mon bonheur, c’est la loi de ta bouche » (Ps 118,72).
« La bouche grande ouverte, j’ai prié,
assoiffé de tes volontés » (Idem).

Et quelle est l’Évangile que le Seigneur vient déposer
dans notre bouche pour qu’Il descende dans nos entrailles ?
L’Évangile de la petitesse.
Pas l’Évangile de grands projets,
de grandes déclarations, de grands idéaux…
L’Évangile de l’enfant.

Qui sont les petits enfants pour Jésus ?
Ce sont ceux en qui Il reconnaît
ce qui l’habite Lui-même.
La confiance qu’Il vit à l’égard du Père.
La confiance dont Il vit,
qui constitue son être profond,
où la voit-il comme reflétée ?
Dans les enfants les plus petits.

C’est à eux qu’appartient le Royaume !
Quel est le chemin du Royaume ?
Quel est le chemin d’une vie vécue en Dieu ?
« redevenir comme les petits enfants ».

Non pas redevenir le petit enfant que tu as été,
mais avec ce que tu es dans ton âge adulte,
choisir la petitesse, la confiance de l’enfant.

Jadis, Jésus avait pris un petit enfant
pour montrer la route du Royaume.
Et aujourd’hui, qui aimerait-Il prendre ?
Toi ! Moi !
À nous de cheminer pour que nous devenions petits
à son école afin que Jésus puisse
par nous, indiquer le chemin du Royaume !
Que son Esprit Saint vienne en nous
et nous fasse communier à l’enfance de Jésus,
à la confiance de Jésus.

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