FMJ MtlJeudi, 14e Semaine du Temps ordinaire – A
Frère Thomas
Os 11, 1.3-4.8c-9 ; Ps 79 ; Mt 10, 7-15
10 juillet 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Avant de donner, prends le temps de recevoir

Nous sommes toujours
dans ce que la Bible de Jérusalem
appelle le discours apostolique de Jésus,
dans l’Évangile selon Saint Matthieu.
Jésus donne à ses apôtres des instructions
pour aller annoncer le règne de Dieu.
Plus tard, après la mort et la résurrection de Jésus,
ils annonceront la Bonne Nouvelle
de la Résurrection du Christ, l’Évangile.

Jésus choisit d’abord les douze apôtres parmi ses disciples,
puis il leur donne des instructions
sur la façon dont ils vont entrer en relation
avec les personnes à qui ils vont annoncer la Bonne Nouvelle.
Ensuite Jésus les préviendra
qu’ils seront persécutés s’ils annoncent l’Évangile.

Nous pouvons donc retenir aujourd’hui
la pauvreté volontaire à laquelle Jésus appelle les apôtres,
afin de favoriser les interactions gratuites avec les personnes
ainsi que les respect mutuel, la relation d’égal à égal.

Il y a parfois une certaine vision du missionnaire,
qui consisterait à le voir comme ayant acquis
le savoir et la connaissance, en matière de religion,
et dont le travail serait de transmettre
ce savoir et cette connaissance
au plus grand nombre de personnes possible.

Si c’était cela, la mission ressemblerait davantage
à de la colonisation qu’à l’annonce d’une Bonne Nouvelle.
Et de fait dans l’Histoire de l’Église,
la mission, l’évangélisation dans bien des pays
ont été perçues ainsi après coup.

Il est frappant de voir l’insistance
avec laquelle Jésus invite les apôtres
à la dépendance matérielle
vis-à-vis des personnes auprès desquelles ils sont envoyés.
« En entrant dans une ville ou un village,
faites-vous indiquer quelqu’un d’honorable
et demeurez-y jusqu’à ce que vous partiez.
» (Mt 10,11)

Si je demeure ainsi chez quelqu’un,
je ne pourrai me mettre à lui enseigner de haut mon savoir.
Ou alors si je commence à le faire,
je perdrai le caractère gratuit de ma visite.
Celui, celle, qui m’accueille
a d’abord beaucoup à m’apporter,
de par son ouverture, sa générosité,
sa tradition, son hospitalité.
Ce n’est qu’après l’avoir ainsi accueilli dans mon cœur,
que je pourrai lui annoncer la paix,
et je pourrai lui donner gratuitement
ce que j’ai reçu gratuitement.

La Nouvelle Évangélisation de fait
ne pourra porter du fruit
que si elle ressemble à la première Évangélisation,
celle à laquelle Jésus avait invité ses apôtres.

Si elle est faite de rencontre gratuite
et de respect de la liberté de conscience de l’autre,
elle aura davantage de poids
que si elle ressemble à un enseignement
doctrinal ou moral donné tout de go à des personnes
avant même d’avoir pris le temps de les connaître
dans ce qui fait leurs valeurs.

« Si quelqu’un ne vous accueille pas – dit Jésus –
secouez la poussière de vos pieds
» (Mt 10,14).
Ce n’est pas à moi de juger
celui qui n’accueille pas l’Évangile
que j’essaie de lui annoncer.
Je laisse Dieu le juger.
Il importe que je laisse la personne
libre d’accueillir la Parole de Dieu.
Et même si je lui impose ma Parole,
sans lui laisser le temps de la faire sienne,
tôt ou tard, il finira (lui ou ses descendants) par la rejeter.

© FMJ – Tous droits réservés.