FMJ MtlJeudi, 24e Semaine du Temps ordinaire – A
Frère Thomas
1 Co 15, 1-11 ; Ps 117 ; Lc 7, 36-50
18 septembre 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Seigneur, aie pitié de moi pécheresse.

Jésus ne voit pas la même chose
que son hôte Simon le pharisien :
ce dernier voit une prostituée
qui essaie de séduire Jésus
en usant d’impudicités en public.
Il voit aussi que Jésus n’en est pas conscient,
et il doute pour cette raison que Jésus soit un prophète.
Jésus, lui, voit une femme
qui lui manifeste de l’amour.
D’où vient cette différence ?

C’est que Simon n’accueille ni la femme,
ni Jésus tels qu’ils sont.
Avant même de les observer,
il les a déjà catalogués dans des catégories pré-établies.

Jésus, Lui, accueille la femme dans toute sa personne,
avec ses travers, ses maladresses
et surtout avec sa soif d’amour véritable.
Et Jésus accueille aussi Simon,
avec ses préjugés et ses inquiétudes,
qui l’empêchent d’être lui-même.

Simon le pharisien avait invité Jésus à manger avec lui.
Les relations de Jésus avec les Pharisiens
et les docteurs de la Loi n’étaient pas seulement conflictuelles.
Les Pharisiens et les docteurs de la Loi
avaient en commun avec Jésus leur amour de la Torah,
de son étude, et de son observance.
C’est pourquoi ils aimaient discuter avec Jésus sur la Torah.
Parfois, ils achoppaient sur certaines positions
ou comportements de Jésus,
et certains en devenaient hostiles à son égard.
Parfois aussi, ils appréciaient
certains points de l’enseignement de Jésus,
comme par exemple
que les deux premiers commandements de la Loi
étaient ceux de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain.
Certains pharisiens comme Nicodème
étaient même disciples de Jésus (en secret).

Lorsque Simon voit cette femme entrer chez lui
– sans avoir été invitée –
se placer aux pieds de Jésus, derrière Lui,
les cheveux dénoués,
pour couvrir ses pieds de baisers en y versant du parfum,
il n’est pas content du tout !
Cette femme – une prostituée –
connaissait Simon et était connue de lui.
Leurs relations devaient plutôt être froides – voire hostiles.

Lorsqu’il la voit ainsi entrer chez lui,
il reçoit cela comme de la provocation.
Il voit qu’en plus,
elle vient faire des impudicités à son invité, Jésus.
Et voilà qu’en plus Simon est choqué
que Jésus la laisse faire.
Selon Lui, si Jésus aime la Torah
– qui condamne la prostitution –,
il devrait repousser cette femme.

Pour quelle raison Simon avait-il invité Jésus chez lui ?
Pour profiter de son enseignement ?
Peut-être.
Mais aussi beaucoup pour le surveiller.
Un certain nombre de scribes et de pharisiens
doutaient que Jésus soit un vrai prophète.
Voilà que l’attitude de Jésus envers cette prostituée
le conforte dans son doute.
Simon n’accueille ni cette femme, ni Jésus :
Il réduit l’un et l’autre à l’image qu’à priori, il s’en fait.

Lorsque cette femme s’approche par derrière
et commence à embrasser ses pieds,
Jésus perçoit tout de suite ce qui se passe au-dedans d’elle.
Elle pose des gestes pleins d’amour,
puisqu’elle essuie les pieds de Jésus,
elle les couvre de baisers et y verse du parfum.

D’aucun pourraient y voir des gestes sensuels,
des avances qu’une prostituée peut faire à un homme.
Mais elle le fait au vu et au su de tous,
elle s’approche par derrière, aux pieds de Jésus,
et elle verse des larmes.
Si vraiment elle avait voulu faire de Jésus un de ses clients,
elle s’y serait pris autrement.
Jésus perçoit tout cela.
Il voit une femme en détresse
qui vient chercher refuge auprès de lui –
devant tous les regards accusateurs
de bien des convives venus chez Simon.
Jésus voit aussi une femme qui prend soi de lui.
Jésus perçoit aussi le malaise de Simon – son hôte –
ainsi que de bien des convives attablés avec lui.

Alors Jésus lui pose une question sous la forme d’une parabole.
Il l’aide à prendre conscience que cette femme
a plus d’amour envers Jésus, plus de soins,
que lui Simon – qui pourtant l’a invité.

Simon est-il entré dans cette vision que lui propose Jésus ?
En tous cas, il doit reconnaître
que le caractère de prophète de Jésus
ne consiste pas à voir cette femme comme une prostituée.
(Pas besoin d’être prophète pour cela !)
Jésus est prophète en ce qu’il reconnaît l’amour de cette femme.
Cette femme reconnaît en Jésus le Dieu de toute miséricorde.
C’est pourquoi Jésus peut lui pardonner ses péchés.

Simon est ainsi invité à voir son péché à lui,
pour davantage aimer Jésus, source de toute miséricorde.

Comment je viens à Jésus ?
Comme Simon, en me croyant impeccable,
mais en ayant sur les autres des visions bien arrêtées ?
Si je l’invite chez moi, ce sera de manière formelle.

Dans ce cas, je n’aurai pas beaucoup d’amour de Jésus…
je n’en prendrai pas bien soin,
et je ne prendrai pas bien soin de mes frères et sœurs,
par voie de conséquence.

Ou bien je viens à Jésus comme la femme de l’Évangile,
en ayant bien conscience de mes péchés, de mes limites,
et en me réfugiant auprès de Jésus miséricordieux ?
Dans ce cas, j’aurai beaucoup d’amour pour Jésus,
j’en prendrai bien soin,
et je prendrai, par voie de conséquence,
bien soin de mes frères et sœurs.

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