FMJ Mtl28e DIMANCHHE DU TEMPS ORDINAIRE
Frère Antoine-Emmanuel
Is 25, 6-9 ; Ps 22 ; Ph 4, 12-14.19-20 ; Mt 22, 1-14
12 octobre 2014
Sanctuaire du Saint Sacrement, Montréal

Revêtus du Christ, revêtus de sa Joie !

Nous sommes dimanche matin.
Et il fait un temps magnifique.
Vous auriez pu aller bruncher avec des amis.
Vous auriez pu aller profiter des couleurs
sur le Mont-Royal.
Vous auriez pu aller magasiner…

Mais vous êtes venus ce matin
pour l’Eucharistie du Seigneur.

Est-ce que vous voyez la beauté, la dignité, la liberté
de la décision que vous avez prise ce matin ?

Et je le dis particulièrement à Solène, à Boris, à Hariel et Patrick,
qui sont là ce matin et vont vivre leur entrée en Catéchuménat.
C’est une décision de grande liberté.

Tous, en venant ce matin,
nous avons répondu à l’invitation du Seigneur
qui s’est fait entendre dans nos vies
depuis longtemps ou depuis peu.

Ce ‘oui’, nous pouvons le regarder à la lumière de la Parabole
que l’Église vient de nous faire entendre.
Notre Dieu est comme un roi qui invite pour les noces de son Fils.
Et nous avons dit oui…

Or, la Parabole nous enseigne
que tous ne répondent pas à cette invitation, loin de là !
L’invitation du Père céleste à entrer dans la Fête
suscite en réalité beaucoup d’indifférence
et même beaucoup de violence.
Saint Luc parle de ceux qui disent (cf. Lc 14, 18-20)
« Je viens d’acheter un champ »
Traduisons : je ne peux pas venir ;
je suis en train d’emménager mon nouveau condo.
D’autres disent : « Je dois aller essayer mes bœufs ».
Traduisons : il faut que j’apprenne à me servir de ma tablette.
D’autres disent : « Je viens de me marier ».
Traduisons : il faut que j’aille prendre une marche avec ma blonde.

Tout cela, c’est l’indifférence à l’appel de Dieu
parce que le cœur a plein d’autres priorités.
Et cela peut tourner à la violence contre Dieu,
à la violence contre ceux qui parlent de Dieu,
de son amour, de sa miséricorde, de sa joie.

Qui entre finalement dans la joie des noces ?
Les pauvres !
Saint Luc parle des pauvres, des estropiés,
des aveugles, des boiteux (Lc 14,21).

Qu’est-ce que cela veut dire ?
Cela signifie que si nous sommes ici,
c’est parce que l’invitation du Seigneur
a rejoint notre pauvreté de cœur.
Son invitation a rejoint le profond de notre être
qui est une belle, une très belle pauvreté toute ouverte à l’amour.

Et nous sommes là !
Invités d’honneur de la Fête de Dieu.
Invités à ce grand mariage
où le Fils de Dieu épouse notre humanité.

La Parabole s’arrête là ? Non !
Quand vient l’heure d’ouvrir la fête,
le roi entre dans la salle des noces.
Et il inspecte le monde ;
il observe les convives (cf. Mt 22,11).

Vous l’imaginez, le roi qui se promène dans la salle des noces
et qui observe les convives ?
Qu’est-ce qui le préoccupe ?
Qu’est-ce qu’il vérifie ?
Le fait que les invités aient fait beaucoup de jeûnes et d’ascèses ? Non …
Le fait qu’ils font beaucoup de bonnes œuvres ? Non…
Il regarde s’ils portent le vêtement de noces…

Ne pourront vivre la plénitude de la fête
que ceux et celles qui se sont habillés pour la fête,
c’est-à-dire, ceux et celles qui ont vraiment dit oui à la fête.

Car on peut entrer… mais dans le fond on n’y croit pas trop.
« Ce n’est pas possible que Dieu m’aime à ce point.
Ce n’est pas possible qu’Il m’ait pardonné tout ce que j’ai fait.
Je suis là… mais je ne suis pas vraiment de la Fête.
Parce que je ne le mérite pas… »

Alors tu ne peux pas rester à la Fête.

Le vêtement de noces c’est l’émerveillement devant le Salut.
Le vêtement de noces, c’est la joie d’être sauvés.
C’est la joie du Salut.

Voilà ce qui compte :
que nous ouvrions nos cœurs ce matin à la joie d’être sauvés.
Joie parce que c’est un don gratuit.
Joie parce que cela vient de l’Amour de Dieu.
Joie parce que le Salut est offert à toute l’humanité.

Ne laisse pas ton cœur congelé dans la tristesse.
Laisse la joie du Salut l’habiller et le réchauffer.

Et pour cela nous avons ce matin une prophétie formidable,
celle du chapitre 25 d’Isaïe.
Relisez Isaïe 25 !
Qu’est-ce que le Seigneur nous annonce ?
Il nous annonce cinq projets pour prendre soin de nous :

Un : Il prépare un festin, un banquet formidable. (v. 6)
On va s’asseoir ensemble et partager un festin.
Deux : Il va déchirer le voile qui nous empêchait de le voir. (v. 7)
Nous allons voir la beauté de son visage.
Trois : Il va faire disparaître la mort. (v. 8)
Et Il précise pour toujours.
Plus de mort.
Quatre : Il va essuyer les larmes sur tous les visages. (v. 8)
Ceux d’Irak, ceux de Syrie, ceux de Sierra Leone, ceux du Libéria,
ceux de ta famille, le tien, le mien.
Cinq : Il enlèvera notre honte. (cf. v. 10)
C’est-à-dire, Il va se charger à 100 % de nos péchés.

Écoutez bien la suite de cette prophétie :
« On dira ce jour-là : c’est Lui notre Dieu.
Nous avons espéré en Lui et Il nous a délivrés (…).
Exultons, jubilons puisqu’Il nous sauve ! « (Is 25,9).

Frères et sœurs, ce projet, ces cinq œuvres,
le Seigneur les a réalisés !
C’est déjà fait, c’est déjà accompli
dans la Passion, la mort et la résurrection de Jésus,
dans le don de l’Esprit et la mission de l’Église.

Le Salut nous a été donné en Jésus.
Le vêtement de noces, c’est d’être revêtus de Jésus,
de vivre de sa croix et de sa résurrection ;
de vivre de son Esprit et d’être témoin en Église.

Voilà le vêtement que Jésus vient nous donner aujourd’hui.
Nous ne sommes pas encore à l’heure
où le Roi observe les convives,
car ce Jésus n’est pas venu juger le monde,
mais le sauver.
Aujourd’hui, Jésus passe dans les allées,
dans le chœur et à cet ambon,
pour nous donner cette joie du Salut,
pour nous donner sa propre Joie.

C’est encore Isaïe qui nous dit ce qui se passe aujourd’hui.
Écoutez, c’est en Isaïe 61 :
« J’exulte de joie dans le Seigneur,
mon âme jubile en mon Dieu.
Car Il m’a revêtu du vêtement du Salut. » (v. 10)

J’exulte de joie parce que le Père m’a revêtu du Christ.
Patrick, Hariel, Boris et Solène,
vous pouvez déjà exulter de joie
parce qu’au jour de votre baptême,
lors de la Vigile de Pâques en avril prochain,
vous allez être revêtus du Christ.
Revêtus de son Salut,
revêtus de sa Joie.

*

Frères et sœurs, voilà ce que le Seigneur
nous demande aujourd’hui :
de laisser sa Joie envelopper nos cœurs.

Ne laisse pas ton cœur sans joie !
Et, ne laisse pas le cœur de tes frères et sœurs sans joie.

Est-ce que nous pourrions laisser
le monde autour de nous
dans l’ignorance de cette joie du Salut ?

Non ! Être chrétien, chrétienne, c’est être en mission.
Vous le savez, Solène, Boris, Hariel et Patrick :
vous ne demandez pas le baptême
pour « votre spiritualité », pour votre petit bonheur.
Vous le demandez pour devenir porteurs du Christ,
témoins du Christ dans un monde blessé, inquiet, souffrant.

*

Ce matin, le Pape François a présidé une messe d’action de grâce
pour la canonisation de deux saints de chez nous :
l’évêque François de Laval
et la religieuse ursuline Marie de l’Incarnation.

Comment en a-t-il parlé ?
Comme de deux « missionnaires ».
Je termine en vous citant ce que le Pape a dit ce matin.
Nous méditerons ensemble
la deuxième partie de son message dimanche prochain :
« Il faut avoir le courage ».

« Avoir le courage » de vivre cet Évangile
que nous venons d’entendre :
« Allez donc aux croisées des chemins »
comme dit le roi à ses serviteurs (Mt 22,9).
Et les serviteurs sortirent
et rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvaient,
les mauvais comme les bons,
pour les conduire au banquet des noces du roi (cf. v.10).

Les missionnaires ont accueilli cet appel :
ils sont sortis pour appeler tous les gens,
aux carrefours du monde ;
et ainsi ils ont fait beaucoup de bien à l’Église.
Parce que si l’Église s’arrête et se ferme, elle tombe malade ;
elle peut se corrompre, aussi bien par les péchés
que par la fausse science séparée de Dieu,
qu’est le sécularisme mondain de l’esprit du monde.

Les missionnaires ont tourné leur regard vers le Christ crucifié,
ils ont accueilli sa grâce et ils ne l’ont pas gardée pour eux.
Comme saint Paul, ils se sont faits tout à tous
(ils ont su vivre dans la pauvreté et dans l’abondance,
être rassasiés et souffrir de la faim ;
ils pouvaient tout en Celui qui leur donnait la force.
(cf. Ph 4, 12-13))
Avec cette force de Dieu, ils ont eu le courage
de « sortir » sur les routes du monde
mettant leur confiance dans le Seigneur qui appelle.
Ainsi est la vie d’un missionnaire, d’une missionnaire…
pour finir ensuite loin de chez soi, de son propre pays ;
bien des fois tués, assassinés !
Comme c’est arrivé ces jours-ci
pour tant de nos frères et de nos sœurs.

La mission évangélisatrice de l’Église
est essentiellement annonce de l’amour,
de la miséricorde et du pardon de Dieu,
révélés aux hommes dans la vie,
la mort et la résurrection de Jésus Christ.
Les missionnaires ont servi la mission de l’Église,
en rompant le pain de la Parole
aux plus petits et aux plus éloignés
et en emportant à tous le don de l’amour inépuisable
qui jaillit du cœur même du Sauveur.

C’est ainsi que furent saint François de Laval
et sainte Marie de l’Incarnation.

*

Frères et sœurs, voilà notre mission :
« porter à tous le don de l’amour inépuisable du Seigneur ».

Pour cela, Seigneur revêts-nous de ta Joie !
Et qu’elle devienne contagieuse !

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