FMJ MtlMardi, 28e Semaine du Temps ordinaire – A
Frère Antoine-Emmanuel
Ga 5, 1-6 ; Ps 118 ; Lc 11, 37-41
14 octobre 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Un triple déplacement intérieur

Avant de manger, tu te laveras les mains
soigneusement,
jusqu’au coude ;
si tu reviens du marché,
tu ne mangeras pas sans avoir fait des ablutions,
voire sans t’être baigné… (cf. Mc 7,2-4)

Voilà ce que notre pharisien avait appris
et ce qu’il faisait scrupuleusement.

Il est le digne fils d’une mouvance religieuse
qui avait accumulé préceptes sur préceptes.

Les commandements de Dieu étaient ainsi
tellement démultipliés, gonflés, compliqués,
qu’ils étaient devenus une tradition
d’une lourdeur incroyable dont Jésus dira :
« Vous laissez de côté le commandement de Dieu
et vous vous attachez à la tradition des hommes » (Mc 7,8).

Ce pharisien, donc, reçoit Jésus à dîner.
Jésus entre dans la maison et, Lui, ne fait aucune ablution ;
Il va directement s’allonger pour le repas.

Scandale !
Scandale pour le pharisien.
Scandale voulu par Jésus qui veut libérer
ces hommes très religieux de ces excès de ritualisme
qui leur voilent le visage du Père.

Aussi Jésus, avant même que le pharisien prenne la parole,
lui parle avec fermeté.

L’image que Jésus emploie est terrible.
Avec l’observance de vos préceptes sans nombre,
vous ressemblez à un chaudron
magnifique de l’extérieur, brillant, rutilant,
mais l’intérieur est rempli
de convoitise et de méchanceté. (cf. Lc 11,39)

Vous soignez ce qui se voit.
Vous soignez votre apparence.
Vous faites bien voir que vous êtes très religieux,
mais votre cœur est plein d’ordures.
Et vous appelez cela « pureté » !

Cela n’a rien à voir avec le judaïsme !
Cela n’a rien à voir avec la Loi de Moïse.
Vous annulez la Parole de Dieu
par la tradition que vous transmettez (Mc 7,13).
Vous êtes porteurs du levain, de la pourriture, du ritualisme
qui vient corrompre toute la beauté d’Israël.

Jésus a alors une parole d’une nouveauté extraordinaire :
Donnez plutôt en aumône ce qui est dedans,
et alors tout sera pur pour vous (Lc 7,14).

Jésus invite le pharisien à un mouvement,
un déplacement intérieur, considérable.
Un triple déplacement.

D’abord, la pureté n’est plus une affaire individuelle.
Tu ne peux pas être pur tout seul en faisant tes actes de piété.
La pureté, la sainteté passe par l’autre ;
elle passe par le frère, la sœur
à qui tu fais l’aumône, le don, de ton estime, de ton amour,
de ton temps, de ton argent, de ta vie.

Ensuite, la pureté n’est plus une affaire extérieure
de rituels, d’ablutions, de gestes.
Tout devient pur pour celui qui aime.
La pureté ou l’impureté n’est plus dans ce qui nous est extérieur.
La pureté est essentiellement la pureté du cœur.

Paul nous parle aujourd’hui de la foi,
la foi qui jaillit du cœur,
la foi qui est active, opérante, laborieuse,
qui s’exprime dans la charité bien concrète.

Enfin la pureté véritable ne consiste pas à accumuler
des bonnes œuvres de piété,
mais à devenir pauvres.
La pureté, la sainteté est dans une vie qui se donne,
qui choisit la pauvreté évangélique.

Voilà le triple déplacement que Jésus demande au pharisien
et qu’Il nous demande aujourd’hui.

C’est une véritable « libération » nous dit Paul !
C’est pour que nous soyons vraiment libres
que le Christ nous a libérés (Ga 5,1).

Es-tu libre ?
Est-ce que je suis libre
ou bien suis-je encore pris au piège des scrupules religieux ?

Jésus, il y a du pharisien en moi, en nous.
Viens nous libérer !

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