FMJ MtlSamedi, 27e Semaine du Temps ordinaire – A
Frère Thomas
Ga 3, 22-29 ; Ps 104 ; Lc 11, 27-28
11 octobre 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Heureux ceux qui gardent la Parole de Dieu

« Heureuse la mère qui t’a porté dans ses entrailles,
et qui t’a nourri de son lait ! » (Lc 11,27)
Autrement dit : « Oh comme j’aurais été heureuse
si j’avais pu être ta mère. »
C’est ce que cette femme pense.
Et elle a des raisons de le penser.
Jésus est un homme de bien,
un homme de Dieu.
Quel bonheur, quelle fierté pour une mère
pour qui la religion a de l’importance d’avoir un tel fils !

Pourtant, elle ne connaît pas le revers de la médaille.
Déjà rendue vers la fin de la vie publique de Jésus,
Marie pourrait témoigner à cette femme
que ce n’est pas de tout repos
que d’être la mère d’un tel Fils.
Jésus renvoie cette femme à une Béatitude
qui est à la portée de tous :
« Heureux ceux qui entendent la Parole de Dieu,
et qui la gardent ! » (v. 28)
C’est cela d’abord qui rend sa Mère Marie heureuse,
et non pas le fait qu’elle ait été choisie par Dieu
pour être la Mère de son Fils.

De fait, il se trouve de tous temps
des personnes qui s’imaginent
que le bonheur qui vient de Dieu
consiste à être proche physiquement de Jésus,
puis de ses apôtres, puis de la hiérarchie de l’Église.
Raisonner ainsi revient à regarder le Royaume des Cieux
comme un royaume de la terre.
Plus je suis proche des grands de ce royaume,
meilleure sera ma place,
mieux je vais me porter.

Ainsi, je projette sur le Royaume des Cieux
les hiérarchies, les échelles sociales de cette terre.
Mieux vaut être religieux (ou religieuse) que laïc.
Mieux vaut être prêtre que laïc.
Mieux vaut être évêque que prêtre.
Mieux vaut être pape qu’évêque.
Et au sommet de la hiérarchie
se trouvent les saints, les anges,
et Jésus, le Père et le Saint Esprit.
Mieux vaut pour moi habiter proche d’une église,
d’une communauté religieuse,
que d’habiter loin.
Mieux vaut travailler dans l’Église,
dans un milieu ecclésial,
que dans un milieu profane.

Combien je suis alors malheureux,
si je suis un pauvre laïc
qui habite loin d’une église,
et qui travaille dans un milieu profane, non-chrétien !

C’est oublier que Jésus, dans son Royaume,
est venu renverser toutes les pyramides de cette terre.
Il a déclaré : « les derniers seront les premiers
et les premiers seront les derniers » (Mt 20,16)
Et Il est mort sur une croix,
comme un maudit de la Loi de Dieu,
hors des remparts de la ville de Jérusalem,
par la main des Romains païens.

Les Béatitudes de Jésus ne déclarent pas heureux
ceux qui ont de bonnes places
dans l’Église sur cette terre.
Elles déclarent heureux les pauvres,
les affligés, les affamés,
ceux qui sont persécutés
à cause de la justice,
à cause de Jésus.

Et celle que Jésus
donne à cette femme aujourd’hui dit :
« Heureux ceux qui entendent la Parole de Dieu
et la gardent. »
Cela met tout le monde sur le même pied d’égalité.
Ce n’est pas la place dans l’Église qui compte,
mais la droiture de vie.
Souvenons-nous, lorsque Jésus déclare
à ceux qui Lui disent :
« Nous avons mangé et bu en ta présence,
nous avons fait des miracles en ton nom ».
« Jamais Je ne vous ai connus,
écartez-vous de Moi
vous qui commettez le mal ! » (cf. Mt 7, 21-23)

Le saint pape Jean XXIII a voulu montrer au monde
combien cette échelle est illusoire.
Il a supprimé la chaise à porteurs du pape
et a eu à cœur de rester simple et direct dans ses relations.
Ses successeurs sont allés dans le même sens que lui.
Et par la convocation du Concile Vatican II,
il a voulu remettre en valeur
l’Église peuple de Dieu, corps du Christ,
où une hiérarchie organique reste présente
mais où tous ont des comptes à rendre
à la même Parole de Dieu.
C’est bien aussi ce que nous dit Saint Paul aujourd’hui :
tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus (Ga 3,28).

Ainsi donc, notre femme de l’Évangile de ce jour
n’a rien à envier à Marie la Mère de Jésus !
Si elle entend la Parole de Dieu,
la garde, et la met en pratique,
là où elle se trouve,
elle sera tout aussi heureuse que Marie.

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