FMJ MtlSAINT LUC, ÉVANGÉLISTE – A
Frère Thomas
2 Tm 4, 10-17 ; Ps 144 ; Lc 10, 1-9
18 octobre 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Annoncer l’Évangile par la simplicité et la charité

Luc est le seul des quatre évangélistes
à mentionner l’envoi des 72 disciples.
Les autres ne mentionnent
que l’envoi des douze apôtres par Jésus.
Ce qui est particulier ici,
c’est que Jésus les envoie deux par deux.
Pourquoi cela ?
Et pourquoi aussi Jésus les envoie-t-il démunis de tout :
ni argent, ni sac, ni sandales,
dépendants de la bonne volonté des gens
à les accueillir et à les nourrir ?

Ils ont une Bonne Nouvelle à annoncer.
Alors pourquoi Jésus ne leur donne-t-il pas
les moyens pour le faire ?
Cela prend d’organiser une rencontre
sur la place du village.
Il faut toute une logistique pour accueillir les gens :
un podium, une sonorisation
(s’il n’y a pas de micros à l’époque de Jésus,
il existe des moyens techniques
pour faire porter la voix des orateurs),
des places où faire asseoir les personnes,
de la nourriture, de la boisson
pour les restaurer pendant les pauses.
Cela prend toute une campagne pour préparer l’événement,
pour informer les habitants,
pour leur laisser des plaques gravées,
des pamphlets en papyrus.
Cela prend une animation musicale pour donner de l’ambiance :
des tambours, des flûtes, des harpes, des cithares,
des chanteurs, des danseurs, des danseuses !
Mais non !!
Jésus ne leur donne rien de tout cela !
Quelle école de communication Jésus a-t-il donc suivie ?

Non ! Jésus envoie ses disciples sans rien,
car la Bonne Nouvelle qu’ils ont à annoncer,
c’est dans la relation qu’elle passe.

Quelle est-elle cette Bonne Nouvelle ?
C’est d’abord « Paix à cette maison ».
Si je viens avec une armée de moyens,
est-ce que j’inspire la confiance ?
Est-ce que mon attitude est ajustée au message
que je veux transmettre ?
Mais si je rencontre l’autre
dans la pauvreté de ma personne,
alors une paix véritable peut commencer à germer.
J’arrive comme un étranger,
et je sollicite l’accueil de l’autre :
je lui permet de donner le meilleur de lui-même.
Et voilà que jaillit une Bonne Nouvelle pour lui
(il est capable de faire le bien)
et aussi pour moi (les habitants de cette ville
sont capables de me faire du bien).

Souvent nous nous demandons aujourd’hui
comment annoncer l’Évangile dans nos sociétés sécularisées :
c’est perdu d’avance – pensons-nous –
autant donner à boire à un âne qui n’a pas soif.

Et si nous commencions par rencontrer les gens
de personne à personne,
sur un terrain relationnel existentiel très simple ;
ainsi que Jésus le demande à ses disciples,
dans l’Évangile de Saint Luc.
Cela demande de notre part
de nous appauvrir volontairement,
car si nous partons riches de nos biens,
de notre savoir et même de notre foi,
nous ne parviendrons pas à rencontrer les gens en vérité.
Ce n’est qu’après avoir établi une relation de confiance,
que nous pourrons parler du Christ et de l’Évangile
qui animent notre feu intérieur.

Dans l’Évangile de Saint Luc,
Jésus envoie ses disciples deux par deux.
Si je suis tout seul, je risque vite de me décourager.
À deux, nous nous stimulons réciproquement.
Et surtout à deux, nous vivons la charité, la paix.
Lorsque les gens, en plus de la simplicité,
voient la fraternité en actes, alors la confiance grandit.
Le message de la paix est accompagné
d’une mise en pratique qui le fait sonner vrai !
Il doit y avoir quelque chose – ou même quelqu’Un –
de plus profond derrière tout cela !

Cela est cependant plus exigeant
de partir à deux que tout seul.
Tout seul, je fais ce que je veux,
je rencontre qui je veux.
À deux, nous devons nous mettre d’accord.
À deux, nous allons moins vite,
mais nous allons plus loin.

Et enfin les disciples sont envoyés par Jésus.
Ils ont une mission qui leur est confiée,
et ils ont des comptes à rendre.
Cela leur évite à la fois la médiocrité, la démission ;
et aussi l’excès de zèle.

Paul nous raconte comment
il a eu beaucoup de collaborateurs.
C’est ce qui lui a permis de mener aussi loin
la mission d’annoncer l’Évangile aux païens
qui était la sienne.
Et Luc, qui est resté fidèlement avec lui durant ses missions,
nous en a rapporté le récit,
dans le livre des Actes des apôtres.

Le récit de l’envoi des 72 disciples par Jésus
est précieux pour nous éclairer,
nous qui voulons annoncer l’Évangile
à nos contemporains qui ne Le connaissent pas :
ou du moins qui très souvent en ont une image déformée
qui ne correspond pas à la réalité.

Seules la simplicité dans les relations avec nos contemporains
et la charité entre nous pourront toucher les cœurs !

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