Jeudi, 30e Semaine du Temps ordinaire – A
Frère Thomas
Ép 6, 10-20 ; Ps 143 ; Lc 13, 31-35
30 octobre 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Jésus se dérobe à ceux qui veulent mettre la main sur Lui

L’évangéliste Luc est celui des quatre évangélistes
qui nous parle le plus d’Hérode Antipas,
le fils d’Hérode le Grand.
En bon historien, Luc présente d’abord Hérode
comme tétrarque régnant sur la Galilée
– sous la domination de l’occupant Romain –
au moment où Jean Baptiste commence à prêcher au Jourdain.
Ensuite nous voyons – sous la plume de Luc –
Hérode emprisonner Jean le Baptiste.
Puis nous le voyons désireux de voir Jésus.
Voilà maintenant qu’Hérode veut faire mourir Jésus.
Au moment de la Passion, Luc est le seul
à nous montrer Hérode voulant voir Jésus
faire un miracle devant lui.
Enfin, dans le livre des Actes des apôtres,
Luc nous montre encore Hérode
faisant décapiter l’apôtre Jacques (frère de Jean)
et arrêter Pierre.
Et finalement nous voyons Hérode
mourir lamentablement de maladie.

Quel personnage controversé qu’Hérode Antipas.
Qu’est-ce qui lui prend aujourd’hui
à vouloir faire périr Jésus ?
Et il est remarquable que ce soient des pharisiens
– eux-mêmes souvent controversés
dans leurs relations avec Jésus –
qui avertissent Jésus.
Mais Jésus ne saurait être à la merci
des caprices d’un petit roitelet.
Il marche résolument vers Jérusalem
pour y subir sa Passion,
pour y mourir à la suite de tant d’autres prophètes.

Jésus fait dire à Hérode
– qu’il appelle renard,
sans doute en raison de son caractère bien tortueux –
« Aujourd’hui et demain,
Je chasse les démons et Je fais des guérisons ;
le troisième jour, Je suis au but. » (Lc 13,32)
Autrement dit :
« Ce n’est pas toi qui mettras la main sur moi.
Tu voulais Me voir,
maintenant tu veux Me faire mourir.
Un jour viendra
où d’autres que toi M’arrêteront,
et tu Me verras.
Mais Je ne te dirai rien,
et Je ne te montrerai rien
de ce que tu Me demanderas ».

Quelle détermination,
quelle assurance de la part de Jésus.
Il sait ce qu’Il fait,
Il sait où Il va.
Quelle assurance,
mais quelle sensibilité aussi.
Jésus est bien conscient
de la dureté du cœur
de ceux qui ont le pouvoir à Jérusalem.
Leurs pères avaient persécuté
bien des prophètes avant Lui,
tels Jérémie, près 600 ans avant Lui,
ou encore Zacharie, au temps du roi Joas,
près de 800 ans avant Jésus Christ,
lapidé sur le parvis du Temple.
Jésus ne Se fait aucune illusion
sur le sort qu’ils Lui réservent.
Et Jésus déclare :
« Vous ne Me verrez plus
jusqu’au jour où vous direz :
“ Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur”. » (v. 35)

Il fait probablement allusion à Hérode
qui voulait Le voir.
Le voir pour le tuer ?
Jésus Se dérobe à ceux et celles
qui veulent Le voir pour le tuer.

Jésus dit encore autre chose.
Quelque chose de terrible !
« Maintenant, Dieu abandonne
votre temple entre vos mains. » (v. 35)
C’est comme un désaveu de Dieu
pour le Temple de Jérusalem,
qui pourtant avait été construit à sa gloire.

Jésus Se retire, Dieu Se retire.
Je l’avais pourtant cherché ;
j’ai pourtant cherché à Le servir ;
je m’étais intéressé à ses commandements ;
je les avais étudiés ;
j’ai fait mon possible pour les mettre en pratique.
Est-ce que je ne ressemble pas, parfois,
un peu à Hérode Antipas ?

Mais Jésus Se retire ;
Dieu Se retire.
Il me donne ainsi un avertissement
– si je veux bien le recevoir :
Tu M’as cherché, mais M’as-tu aimé ?
M’as-tu vraiment accueilli dans ta vie ?
As-tu changé ta vie,
as-tu tourné ta vie vers Moi ?
Jésus Se retire… afin que je Le cherche davantage,
que je Le cherche pour de vrai.

Laissons-nous interpeler par Jésus aujourd’hui :
« Jérusalem, Jérusalem,
combien de fois J’ai voulu rassembler tes enfants
comme la poule rassemble
ses poussins sous ses ailes,
et vous n’avez pas voulu ! » (v. 34)
Ne disons pas trop vite :
c’est à Hérode, aux pharisiens,
aux grands prêtres que Jésus parle.

Lorsque je vois Jésus qui S’avance vers sa Passion,
je ne peux pas rester tranquille !
Cela signifie que quelque chose
est à changer dans ma vie !

Si je marche avec Jésus,
je vivrai bien des malaises, des questionnements,
mais plus encore,
je découvrirai sa miséricorde agissante et transformante.

© FMJ – Tous droits réservés.