FMJ Mtl28e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – C
Frère Thomas
2 R 5, 14-17 ; Ps 97 ; 2 Tm 2, 8-13 ; Lc 17, 11-19
13 octobre 2013
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Rendre grâce, adorer le Seigneur, avec Marie

L’un d’eux, voyant qu’il était guéri,
revient sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. (Lc 17,15)
Il a pris conscience qu’il était guéri
– sans doute que les neuf autres aussi –
mais contrairement aux autres,
il a pris conscience que sa guérison venait de Dieu,
et il a tenu à Lui rendre grâce !

L’adoration du Saint Sacrement
consiste à rendre à Dieu ce qui est à Dieu.
Dans le prolongement de la messe, de l’Eucharistie,
c’est une action de grâce.
C’est une permanence du Seigneur Jésus
que nous pouvons ainsi offrir à tout un quartier, à toute une ville,
pour que son amour soit connu, aimé et accueilli.

Et la Vierge Marie, dont le cœur retenait
toutes les merveilles de Dieu,
est notre grande sœur, notre maîtresse et notre Mère
sur ce chemin de l’adoration, de l’action de grâce.

Voilà dix lépreux qui abordent Jésus, en Samarie ou en Galilée.
Ils s’arrêtent à distance,
en raison de leur état d’impureté et lui crient :
« Jésus, maître, prends pitié de nous. » (13)
Qui était alors Jésus pour eux ?
En tous cas, ils Lui font confiance lorsqu’Il leur dit,
avant même qu’ils soient purifiés :
« Allez vous montrer aux prêtres. » (14)
Ils sont purifiés alors en cours de route.

Voilà ! Jésus est un bon médecin, un bon guérisseur.
Le traitement qu’Il a prescrit a fonctionné.
Cela pourrait s’arrêter là !
Et pour neuf des lépreux guéris, çà s’arrête effectivement là.
Le général Syrien Naaman va voir le prophète Élisée,
sur la recommandation d’une esclave au service de sa femme.
Lorsqu’Élisée lui prescrit
d’aller se baigner sept fois dans le Jourdain,
Naaman se fâche :
il trouve que le traitement est trop simple.
Il s’attendait que le prophète Élisée
invoque le Dieu d’Israël sur la maladie.
Mais finalement Naaman s’exécute, et il est guérit.

Là encore, l’histoire pourrait s’arrêter là.
Mais Naaman revient auprès d’Élisée,
en faisant cette admirable profession de foi,
cet acte d’adoration : « Je le sais désormais ;
il n’y a pas d’autre Dieu, sur toute la terre,
que celui d’Israël. » (2 R 5,15)

Et l’ex-lépreux samaritain – un étranger à Israël –
revient auprès de Jésus pour lui rendre grâce, en glorifiant Dieu.
La reconnaissance de la seigneurie de Dieu,
de son action dans nos vies, dans le monde !

Lorsque notre fondateur, le frère Pierre-Marie,
avant sa mort, était soigné dans un hôpital,
il est passé par une période d’accalmie de son cancer.
Il disait alors à son médecin : « Je dois l’amélioration de ma santé
aux bons soins de l’hôpital Georges Pompidou
et à la prière de mes frères et sœurs. »
Et le médecin lui répondait :
« surtout à la prière de vos frères et sœurs. ».
Quel bel acte d’adoration de Dieu !

Dans le sanctuaire du Saint Sacrement, depuis plus d’un siècle,
se vit l’adoration du Saint Sacrement.
Qu’est-ce que l’adoration du Saint Sacrement ?
Le Saint Sacrement, c’est d’abord la messe, l’Eucharistie.
Et eucharistie vient du verbe grec ευχαριστειν
qui signifie « rendre grâce ».
Au cours du dernier repas avec ses disciples,
Jésus prit le pain et leur dit :
« Prenez et mangez en tous,
ceci est mon corps livré pour vous.
Vous ferez cela en mémoire de moi ». (1 Co 11,24)

Si « ceci est mon corps »,
alors ceci c’est Jésus Lui-même, car le corps, c’est la personne.
C’est cela le Saint Sacrement.
Que faisons-nous alors du corps du Christ
qui n’a pas été consommé au cours de la messe ?

Nous le gardons dans la sainte réserve, dans le tabernacle.
Nous adorons le Seigneur Jésus,
nous Lui rendons grâce au cours de la messe,
et spécialement après L’avoir mangé
– comme Il nous l’a dit de faire – après la communion.

Si nous L’adorons avant et après le moment où nous Le mangeons,
ne pouvons-nous pas L’adorer avant et après la messe ?
Et si nous L’adorons en dehors de la messe,
ne pouvons-nous pas Le sortir du tabernacle pour Le regarder ?

À ceux – nombreux – qui rétorquent
que le corps du Christ est là pour être mangé
et non pour être regardé,
le pape Benoît XVI répondait qu’il est là pour être adoré.

Lorsque l’ex-lépreux Samaritain est revenu pour rendre grâce,
il n’a pas trouvé Jésus caché derrière un voile ;
mais c’est en face qu’il Lui a rendu grâce.
Si véritablement nous aimons Jésus,
ne voudrions-nous pas voir son corps,
qui est sa présence certes sacramentelle, mais réelle !

De fait quand dans une église est pratiquée
l’adoration du Saint Sacrement, cela présente un grand avantage :
cela permet de garder l’église ouverte.
Plutôt que de chercher – avec difficulté –
des gardiens pour éviter des actes de vandalisme
dans une église ouverte au public,
pourquoi ne pas chercher des veilleurs
pour veiller avec Jésus exposé dans le Saint Sacrement
dans l’église ouverte !
Ainsi une permanence de Jésus est offerte aux passants de la ville !

Combien de lépreux, Samaritains ou non,
combien de Naaman dans notre ville voudraient pouvoir vivre
ne serait-ce qu’un petit temps d’adoration.
Ils peuvent certes prier Dieu en tout lieu,
mais quand ils trouvent un lieu consacré à la prière,
avec d’autres personnes qui prient…
quelle prise de conscience peut alors être la leur
de la puissance de l’amour de Jésus !
Comme le lépreux Samaritain,
qui a pris la peine de revenir vers Jésus pour rendre grâce à Dieu,
et qui n’a pas rendu grâce de façon isolée, dans son coin.
Comme le général Naaman,
qui est revenu vers Élisée pour professer publiquement
sa foi au Dieu d’Israël.
L’adoration du Saint Sacrement…
c’est une permanence de l’amour de Jésus
offerte de façon visible, tangible,
à tout un quartier, à toute une ville.

*

En ce jour le pape François consacre le monde
au Cœur immaculé de la Vierge Marie.
Lors de son apparition à Fatima, au Portugal en 1917,
la Vierge Marie l’avait demandée aux enfants.
Preuve bien du caractère surnaturel de ces apparitions,
car ces enfants n’auraient pu inventer une telle demande.

Le cœur de Marie est immaculé,
c’est-à-dire qu’il accueille parfaitement les merveilles de Dieu.
Si nous ne savons pas adorer,
si nous ne savons pas comment nous tenir
devant le Saint Sacrement,
demandons à Marie de nous apprendre.
Elle est notre Grande Sœur dans la foi.
Elle est notre Mère, donnée à nous par Jésus au pied de la croix.
C’est Elle qui le mieux pourra nous apprendre à rendre grâce,
à reconnaître la seigneurie de Jésus, à l’adorer.
Puisque le pape nous consacre à son Cœur…
alors mettons vite nos cœurs à l’école de son Cœur,
pour que nos cœurs soient des cœurs ouverts à tous les trésors
que Dieu veut donner à chacune de nos vies en son amour.

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