FMJ MtlJeudi, 6e Semaine de Pâques – C
Frère Thomas
Ac 18, 1-8 ; Ps 97 ; Jn 16, 16-20
9 mai 2013
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Le langage de la croix, démonstration d’Esprit et de puissance

Voilà que Saint Paul est arrivé à Corinthe.
Il y rencontre plus de succès dans sa prédication qu’à Athènes.
Il a adopté pour cela le langage de la croix,
qui est une démonstration d’Esprit et de puissance.

Dans l’Évangile, Jésus nous dit
que notre peine se changera en joie.
C’est là encore la sagesse de la croix.

Hier Paul évangélisait les Athéniens,
sur l’agora, devant l’Aréopage.
Tout semblait bien aller.
Ses interlocuteurs étaient ouverts
aux questions religieuses, philosophiques,
et Paul employait des arguments avec le Dieu des philosophes,
de qui nous tenons le mouvement et l’être.

Mais dès que Paul parle de la résurrection,
la plupart des gens cessent de l’écouter !
Pourquoi ? Parce qu’à ce niveau,
la raison discursive requiert de laisser place à la foi.
Les Athéniens – la plupart à qui Paul s’adresse –
ne sont pas prêts à faire ce saut.

Arrivé à Corinthe, Paul rencontre
davantage de succès auprès des païens.
Il a certes toujours des difficultés auprès des juifs
qui refusent de reconnaître en Jésus le Messie,
mais les païens, eux, accueillent favorablement l’Évangile.
Pourtant, la ville de Corinthe,
ville portuaire avec bon nombre de prostituées
pour tous ces messieurs,
n’était pas réputée pour ses bonnes mœurs.
Ainsi les philosophes d’Athènes n’ont pas accueilli l’Évangile,
alors que les gens simples aux mœurs relâchées de Corinthe
l’ont accueilli.
C’est donc qu’accueillir l’Évangile
n’est ni une question de savoir, ni une question de morale,
mais une question de foi.

Dans sa première épître aux Corinthiens,
Paul parle ainsi du langage de la croix.
Il affirme être arrivé tout tremblant auprès des Corinthiens
(après son échec à Athènes),
et qu’il n’a rien voulu savoir auprès d’eux
sinon Jésus Christ crucifié.
Sa parole n’avait auprès d’eux
rien des discours persuasifs de la sagesse
– contrairement à sa parole auprès des Athéniens –
mais c’était une démonstration d’Esprit et de puissance.
Non que la sagesse, l’intelligence
doivent être absents du témoignage évangélique.
Au contraire, il convient par ailleurs
que l’Évangile soit confronté
avec les sciences, les savoirs de ce monde.
Il importe que des théologiens mettent leurs compétences
au service d’une intelligence de la foi.
Et pensons à ce propos par exemple
à tout le travail du pape Benoît XVI.

Mais arrive un moment où la raison discursive
doit laisser la place à la foi.
Ce fut le cas pour la croix de Jésus.
Après toutes les paroles
prononcées par Jésus durant sa vie publique,
sa Pâque, sa mort et sa résurrection
ont été une démonstration d’Esprit et de puissance.
Le Bon Larron s’est converti, ainsi que le centurion…
et beaucoup d’autres.

La messe que nous célébrons
est une démonstration d’Esprit et de puissance.
Chaque fois que vous allez prier,
c’est une démonstration d’Esprit et de puissance.
Les manifestations telles que les JMJ
ne s’adressent pas à la raison discursive mais d’abord à la foi.
Ou encore les témoignages des martyrs,
qui opposent leur douceur et leur foi
à la violence de ceux qui les malmènent.
Ou encore à tous ceux et celles qui manifestent pacifiquement
contre des lois injustes, animés en cela par leur foi.
Je pense notamment au mouvement des veilleurs en France,
qui se rassemblent depuis près d’un mois un peu partout
pour prier pour le droit de chaque personne
d’avoir accès à son père et à sa mère,
et qui font souvent face à des policiers
qui ne comprennent pas bien pourquoi
on leur demande de surveiller de tels jeunes pacifiques.

Jésus, Lui, explique aujourd’hui à ses disciples
le sens de ses paroles :
« D’ici peu, vous ne me verrez plus ;
et, encore un peu après, vous me reverrez. »
Il leur dit : « Vous allez pleurer et vous lamenter
– parce que vous ne me verrez plus –
tandis que le monde se réjouira. »
Votre peine se changera en joie
– parce que vous me reverrez. »

Là encore nous somme renvoyés au langage de la croix,
qui est démonstration d’Esprit et de puissance.
Si nous prenons par exemple
l’objection à la foi en Dieu qui revient très souvent :
Si Dieu est bon et tout puissant,
comment se fait-il qu’il y ait tant de mal sur la terre ?

Le poète français Paul Claudel avait répondu :
« Dieu n’est pas venu supprimer la souffrance,
Il n’est même pas venu l’expliquer.
Mais en son Fils Jésus Christ,
Il est venu la remplir de sa présence ».
Autrement dit, si nous vivons la maladie,
des difficultés professionnelles,
financières, familiales, personnelles, relationnelles…
ou encore si nous souffrons
en raison de notre fidélité à l’Évangile…
mieux vaut vivre tout cela avec Jésus que sans Jésus.
Car Jésus, Lui, est passé de la mort à la vie…
et par notre foi en Lui,
Il nous fait passer de la peine à la joie –
même au cœur des pires épreuves.

Que vienne en nous l’Esprit Saint.
Qu’Il nous fasse comprendre le langage de la croix,
par l’intelligence de notre foi.
Que chacune de nos vies,
et que la vie du corps du Christ,
l’Église, que nous formons,
soit démonstration d’Esprit et de puissance
en nous faisant passer, en faisant passer le monde,
de la peine à la joie,
de la mort à la vie !

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