FMJ MtlMercredi, 27e Semaine du Temps ordinaire – C
Frère Antoine-Emmanuel
Jon 4, 1-11 ; Ps 85 ; Lc 11, 1-4
9 octobre 2013
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

As-tu vraiment raison de te mettre en colère ?

Vous avez entendu la question de Dieu à Jonas :
« As-tu vraiment raison de te mettre en colère ? » (Jon 4,4)

As-tu vraiment raison de te mettre en colère
quand je pardonne à la ville païenne …
Quand je leur manifeste un amour gratuit,
alors que toi tu penses mériter mon amour par tes peines ?

Et nous, avons-nous raison de nous mettre en colère
quand Dieu aime et pardonne ceux qui nous ont fait du mal ?
Quand Dieu bénit un frère, une sœur ?
Quand Dieu permet le mal
et même s’en sert pour nous conduire à Lui ?

Avons-nous raison de nous mettre en colère
quand Dieu n’agit pas selon nos plans ?
Quand Il n’exauce pas nos prières
comme et quand nous le voudrions ?

« As-tu vraiment raison de te mettre en colère ? »

D’où viennent les guerres en Syrie, en Terre Sainte,
dans nos familles et dans nos cœurs ?
D’où viennent les guerres parmi nous ?
N’est-ce pas précisément de nos passions (…) ?
Nous convoitons et nous ne possédons pas.
Alors nous tuons.
Nous sommes jaloux et nous ne pouvons pas obtenir ce que nous convoitons et nous faisons la guerre. (cf. Jc 4, 1-2)

Et Saint Jacques va plous loin :
« Vous ne possédez pas parce que vous ne demandez pas.
Vous demandez et vous ne recevez pas
parce que vous demandez mal :
vous demandez afin de dépenser pour vos passions » (Jc 4, 2-3).

Seigneur, souvent je demande « mal »
parce que je te demande ce qui va satisfaire mes passions,
mes envies, ma jalousie…

Seigneur, apprends-nous à prier !

C’est la requête qu’a fait à Jésus un de ses disciples.

Dans sa réponse, est-ce que Jésus a interdit la prière de demande ?
Non ! Tout au contraire.
Il lui a appris – Il nous apprend – à demander
le pain de chaque jour,
c’est-à-dire tout ce qui maintient en vie
notre âme et notre corps ;
à demander le pardon de nos péchés,
la grâce à l’heure de la tentation
et la délivrance du mal.

Mais Jésus nous apprend aussi à « bien » demander…
Avant toutes ces demandes,
il y a ce qui oriente nos demandes :
« Que ton nom soit sanctifié
Que ton règne vienne » (Lc 11,2).

Tu donnes ton cœur à Jésus,
et Lui l’oriente dans la bonne direction,
celle de la vie, de la joie…
celle de l’amour… celle du Père.
Ce n’est pas « que nos passions triomphent »
Mais : « Que ton nom soit sanctifié
Que ton règne vienne. »

Je ne veux plus construire le monde
autour de mes passions, de mes colères.
Je veux raconter le nom de Dieu ;
je veux servir la venue du Règne de Dieu.

Quelle merveille !
Ma vie peut servir l’avènement du Règne de Dieu sur cette terre.
Ma vie blessée, ma vie abîmée…
elle peut servir le grand projet de l’Amour du Père.
La pauvre pierre ébréchée que je suis
peut s’assembler avec d’autres pierres
pour bâtir l’amour ici-bas !

Imaginez un instant que juifs, chrétiens et musulmans
désirent vraiment le Règne de Dieu…
Les chrétiens demanderaient aux juifs
le sens de la Promesse et de l’Alliance.
Les chrétiens demanderaient aux musulmans le sens de l’adoration.
Les juifs et les musulmans demanderaient aux chrétiens
de les introduire dans le mystère du Dieu fait chair,
dans le mystère de la Croix,
dans le mystère de la Trinité,
dans le mystère de l’Eucharistie.

Et beaucoup d’argent employé pour des lances et des missiles
seraient employé pour nourrir un milliard d’humains affamés
et pour libérer la création de notre consommation égoïste.

Mais tout cela commence dans nos cœurs.

« As-tu vraiment raison de te mettre en colère ? »

Seigneur fais nous passer des passions de Jonas
à la Passion du Christ.
Chaque fois que nous prions le Notre Père,
nous nous offrons à Toi
pour que ton Règne d’amour et de miséricorde
irrigue toute notre ville aussi païenne qu’elle soit.
Amen.

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