FMJ MtlMercredi, 7e Semaine de Pâques – C
Frère Thomas
Ac 20, 28-38 ; Ps 67 ; Jn 17, 11-19
15 mai 2013
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit

Voilà que le Fils prie le Père pour nous.
Dieu prie Dieu pour nous.
Dieu est notre avocat, notre défenseur auprès de Dieu.
Quel amour de la part de Dieu !
Nous voilà, nous les humains, nous les croyants,
au cœur des relations entre les personnes de la Trinité !

Si l’Église nous donne à entendre la prière
dite sacerdotale de Jésus avant sa Passion,
durant la semaine conduisant à la Pentecôte,
c’est parce qu’elle la reçoit en la circonstance
comme la prière du Fils au Père,
demandant pour nous l’Esprit Saint.

L’Esprit Saint n’est pas explicitement nommé dans cette prière,
mais son action de Défenseur, de Consolateur
y est préfigurée par l’intercession de Jésus.
Jésus est notre premier Défenseur,
l’Esprit Saint est le second, qui vient après Lui.
Jésus demande aujourd’hui la fidélité au nom du Père.
Il demande pour nous sa joie.
Il demande pour nous la consécration dans la vérité.
Il demande pour nous que nous Lui soyons semblables
comme Fils du Père.

« Père saint, garde mes disciples dans la fidélité à ton Nom
que Tu M’as donné en partage, pour qu’ils soient un,
comme nous-mêmes» (Jn 17,11).
Dans la prière du Notre Père, nous disons :
« Que ton nom soit sanctifié » (Mt 6,9).
Quel est donc ce nom, pour lequel Jésus demande notre fidélité !
Jésus demande au Père que nous lui soyons fidèles,
et nous demandons au Père qu’Il soit sanctifié.
Ce nom, révélé d’abord à Moïse au buisson ardent :
« Je suis celui qui est » (Ex 3,14).
Et plus encore sur le mont Sinaï, au creux du rocher :
« Dieu de tendresse et de miséricorde,
lent à la colère et plein d’amour » (Ex 34,6).
Son nom, dont Jésus l’appelle, c’est Père,
« Abba » en araméen, c’est-à-dire papa chéri (Mc 14,36).

Sommes-nous fidèles à ce Nom de Dieu que nous avons reçu ?
Voulons-nous que ce Nom soit sanctifié,
qu’il soit connu, aimé, vénéré, invoqué, adoré ?
Jésus a une grande vénération pour le nom du Père :
Il ne cesse de parler du Père dans les Évangiles,
et surtout dans celui de saint Jean.
Le nom de Jésus lui-même est aussi le nom de Dieu :
« Dieu sauve ».
Le nom de Dieu est de nos jours banni de bien des milieux.
Pour certains, il évoque la domination,
pour d’autre la peur, la culpabilité, ou encore l’aliénation.
Mais pour nous, que nous Lui soyons fidèles.
Que nous ayons à cœur d’invoquer le Nom de Dieu
abondamment dans notre prière.
Que nous ayons à cœur de sanctifier le Nom de Dieu,
par la sainteté de notre conduite.
Que nous ayons à cœur de parler du Nom de Dieu
quand l’occasion nous est donnée…
et même parfois de provoquer ces occasions.
C’est un Nom à faire connaître,
car il est miséricorde, bonté, lumière et vie !

Jésus prie aussi le Père pour que nous ayons en nous sa joie.
C’est la joie parfaite, qui nous est donnée.
C’est une joie que nous pouvons même ressentir
au cœur des souffrances, des maladies, des pires humiliations.
C’est une joie – dit Jésus – que nul ne pourra nous enlever.
« La joie la plus grande – écrit Jean Vanier –
est l’expression de l’unité en soi. »
Cette joie envahit toute notre personne
et pas seulement une partie de nous-même.
C’est cette joie-là que Jésus demande pour nous.
C’est Sa joie à Lui.

Jésus prie enfin le Père
pour que nous soyons consacrés dans la vérité.
Il est Lui-même la Vérité.
Il ne s’agit pas pour nous de prétendre posséder la vérité,
alors que les autres ne l’auraient pas.
Non ! Il s’agit d’être consacré dans la Vérité.
Jésus ne saurait nous appartenir ;
c’est à nous de Lui appartenir.
Cela nous permet – comme Il l’a fait –
de vivre dans le monde tel qu’il est,
avec tout son poids de mal et d’injustice,
tout en vivant dans la lumière de l’Évangile.
Jésus ne prie pas le Père de nous retirer du monde,
mais de nous garder du Mauvais, du démon.
C’est notamment cette prière de Jésus
qui a inspiré le P. Pierre-Marie Delfieux
pour la fondation de nos fraternités monastiques de Jérusalem
au cœur des villes.

Nous ne sommes plus dans une société chrétienne
– mais la société l’a-t-elle jamais été ? –
mais il importe alors pour nous
d’être consacré dans la vérité qu’est le Christ.
Le danger pour les chrétiens est double :
soit de se fondre dans le monde,
de vivre selon l’esprit du monde…
mais alors ils ne sont plus chrétiens.
Soit de s’isoler du monde ou de le combattre de façon violente…
mais cela Jésus ne l’a pas fait.
Il importe pour nous de vivre de l’Esprit Saint,
de l’Esprit du Père et du Fils, au milieu du monde.
Cela ne va pas sans tension,
cela ne va pas sans souffrance,
mais c’est un passage obligé,
c’est notre croix que nous devons porter avec Jésus,
si véritablement nous voulons marcher à sa suite.

Que l’Esprit Saint vienne sur nous,
le deuxième Défenseur, le Paraclet.
Qu’il nous garde dans la fidélité au nom de Dieu,
le Père miséricordieux, le Fils Jésus, l’Esprit, le Souffle vivifiant.
Qu’Il nous fasse entrer dans la joie parfaite de Jésus.
Qu’Il nous consacre dans la vérité qu’est Jésus,
pour nous garder de l’esprit du monde.
Qu’Il nous rende, à la prière de Jésus, par l’action du Père, semblables à Jésus.

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