FMJ Mtl2e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – C
Frère Antoine-Emmanuel
Is 62, 1-5 ; Ps 95 ; 1 Co 12, 4-11 ; Jn 2, 1-11
20 janvier 2013
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Avec Marie

Est-ce que vous avez du vin ?
Je ne parle pas de votre cave !

Le vin est le symbole de l’amour…
« Est-ce que nous avons du vin » signifie :
Est-ce que nous aimons Dieu ?
Y a-t-il de la joie entre toi et Dieu ?

La plupart d’entre nous ressemblons
aux gens de Cana :
nous sommes relativement vertueux,
fidèles à beaucoup de lois,
des lois de la religion,
et même des lois que nous nous fabriquons
pour que Dieu nous soit bienveillant.
Comme à Cana où les jarres d’eau de purification
étaient vides parce que l’on avait bien obéi
à tous les préceptes.
Mais il n’y avait plus de vin !
L’obéissance à toutes les lois,
même les plus exigeantes,
n’ont pas fait jaillir la joie avec Dieu
l’amitié avec Dieu,
la communion avec Dieu.

Et s’il n’y a pas cette joie avec Dieu,
il n’y a pas de vraie joie avec les autres.
Pour qu’il y ait une vraie joie avec l’autre,
il faut un « troisième »…

La question qui vient est alors :
Seigneur, comment la joie pourra-t-elle
déborder en nous et entre nous ?
L’Évangile nous parle de 600 litres de bon vin !

La réponse nous vient à travers quelqu’un : Marie.
Marie est la première nommée
dans l’Évangile d’aujourd’hui.
Elle semble être le personnage principal du récit
puis Elle s’éclipse devant son Fils.

Que nous apprend Marie?
À regarder, à prier et à croire.

À regarder d’abord.
À Cana, le manque de vin, tout le monde le voit,
mais personne ne le voit
dans la lumière de la présence de Jésus.
Certes Jésus est là,
mais, même pour les disciples,
la présence de Jésus n’est pas déterminante.
Seule Marie voit la réalité
dans cette lumière : Jésus est là,
et Jésus est Seigneur.
Alors, tout apparaît différemment.
C’est ce regard qui manquera aux apôtres
quand il y aura toute une foule
et seulement cinq pains et deux poissons.
Marie, Elle, voit !
Et nous ?

Vous pourrez faire l’exercice de vous souvenir :
face à telle difficulté,
est-ce que j’ai regardé la réalité
dans la lumière de Jésus, de sa présence, de son Salut,
de la puissance de son Amour ?

Ensuite Marie nous apprend à prier,
c’est-à-dire à présenter à Jésus la réalité :
« Il n’ont plus de vin » (Jn 2,3).
Pas de discours, pas de formule,
pas de manipulation pour obtenir les faveurs du Seigneur.
Mais la réalité crue, toute crue,
présentée à Jésus.
Pas de fard, pas de produits de beauté, pas de masque
mais la simplicité :
je dépose la réalité telle qu’elle est entre Tes mains.
Sans donner à Jésus de conseils
pour qu’Il règle les choses comme moi je le pense :
Seigneur, je préfère ta manière d’agir que j’ignore
à mes manières de voir les choses.
Enfin, Marie nous apprend à croire.
« Tout ce que vous demanderez dans la prière
croyez que vous l’avez déjà obtenu,
et cela vous sera accordé. » (Mc 11,24)
C’est cela que vit Marie vis-à-vis de Jésus.
Elle consent à ce que Jésus éprouve sa foi :
« qu’y a-t-il entre toi et moi, femme,
mon heure n’est pas encore venue » (Jn 2,4).
Seigneur, ton heure n’est pas encore venue,
mais tu peux déjà en manifester la joie, la fécondité !
Et Marie se tourne vers les serviteurs :
« tout ce qu’il vous dira, faites-le » (Jn 2,5).

Marie vit un mystère incroyable :
sa foi compte pour que le miracle de l’amour se produise.
Sa prière compte.
C’est à sa prière que Jésus peut faire jaillir
les flots de grâce de son cœur.

Et nous aussi, nous participons à ce mystère.
Dieu a voulu que sa grâce jaillisse
dans cette rencontre entre son Amour qui se donne
et la foi de Marie en nous qui fait confiance.

Je pense au texte du prophète Isaïe que nous avons entendu :
Pour la cause de Jérusalem, je ne me tairai pas,
Pour Sion, je ne prendrai pas de repos,
avant que la justice et le salut jaillissent. (cf. Is 62,1)

Le Seigneur nous appelle à ne pas nous taire,
mais à nous tourner vers Lui avec instance.
Il attend notre cri pour déverser sa Vie dans le monde,
pour déverser sa Vie dans nos vies.

Et quel est le résultat de ce regard,
de cette prière, de cette foi de Marie ?
Six cent litres… de vin excellent !
C’est-à-dire un amour nouveau, comme enivrant,
qui nous habite, qui habite nos relations.

Et il y a beaucoup de chrétiens
qui témoignent de cet amour nouveau
qui dans une vie prend la place de la tristesse
des « noces sans vin ».

*

Je termine en faisant le lien avec la semaine de prière
pour l’unité des chrétiens.

Que se serait-il passé
si Jésus n’avait pas fait le miracle du vin ?
La chicane aurait prise ou bien ouvertement,
ou bien de manière plus « polie » à l’intérieur des cœurs.
Quand nous sommes aux prises avec des situations de manque
et que nous ne les voyons pas à la lumière de Jésus,
ce qui monte en nous, c’est la peur,
la frustration, la colère, la violence.

N’est-ce pas cela la cause de toutes nos divisions en Église ?
Nous n’avons pas regardé le vécu de nos communautés
à la lumière de la présence de Jésus,
alors on s’enlise, on s’enfarge dans des chicanes
qui se transmettent de génération en génération.

Alors aujourd’hui, nous demanderons au Seigneur
pour tous les chrétiens le regard de Marie,
la prière de Marie, la foi de Marie…

Nous, l’Église, les communautés ecclésiales,
nos familles, nos communautés,
nous ressemblerons toujours
à une noce sans vin où on se chicane
tant que nous ne nous mettrons pas
à l’école de Marie.

« Femme, voici ton fils » (Jn 19,25).
« Fils voici ta mère » (v. 26).

© FMJ – Tous droits réservés.