Jeudi, 29e Semaine du Temps ordinaire – C
Frère Antoine-Emmanuel
Rm 6, 19-23 ; Ps 1 ; Lc 12, 49-53
24 octobre 2013
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Ce coin de terre qui t’est confié

« Je suis venu jeter un feu sur la terre ? » (Lc 12,49)

Est-ce que Jésus a réussi cette mission ?
Oui… parce que depuis 2000 ans
le feu de l’Amour de Dieu brûle sur la Terre
comme il n’avait jamais brûlé avant.
Il ne brûle pas bruyamment
mais il brûle discrètement parce que c’est le style de Jésus.

Combien d’hommes et de femmes
ont eu le coeur purifié par l’amour de Jésus,
par son Mystère pascal !
Combien d’hommes et de femmes
ont vu s’allumer en eux le feu de l’Esprit Saint
qui les a rendus capables d’annoncer l’Évangile
par leur vie et par leurs paroles.

Il y a désormais un feu qui brûle
au coeur de notre réalité humaine:
Combien de péchés ont été brûles au feu de l’Amour de Jésus.
Combien de vies se sont laissé embraser !

Et tout cela parce que Jésus a consenti, et même a désiré
le baptême de sa Passion.
Le baptême c’est une immersion, une noyade,
et une sortie des eaux dans une vie qui a traversé la mort.
Jésus a connu pour nous cette noyade dans la mort,
dans les enfers de notre humanité en rébellion contre Dieu.
Toutes nos ténèbres se sont collées à sa peau,
il les a toutes assumées jusqu’à en être submergé.
Et de cet océan de péché, Il est sorti vainqueur,
vainqueur par la tendresse du Père,
vainqueur par l’oeuvre de l’Esprit Saint.

Ce que Jésus désirait – le feu, le baptême –
Il l’a vécu jusqu’au bout.
Il n’a pas fait marche arrière de la moindre façon qui soit.
Il S’est entièrement laissé imbiber dans notre péché
et Il est entièrement envahi par la gloire pour nous.

Ce feu est venu parce que Jésus
a accepté le baptême de sa Passion et de sa mort.

*

Frères et soeurs, est-ce du passé tout cela ?
Jésus a-t-Il fini de répandre le feu sur la Terre ?
Son baptême est-il un souvenir ?

Non !
Parce que le baptême nous a unis à Jésus,
parce que nous ne pouvons pas vivre sans Lui,
parce que Jésus vit en nous,
et nous en Lui,
chacun, chacune, nous pouvons dire :
« Je suis venu jeter du feu sur la terre. »

Chacun, chacune, nous avons un feu à allumer sur la terre.
Notre vie nouvelle, notre vie de baptisés, d’enfants de Dieu
est faite pour faire brûler le monde.
Si notre vie chrétienne est vraie et vivante,
par nous, le feu de l’amour de Dieu, se répand sur la terre,
c’est-à-dire dans notre famille, notre milieu,
notre bloc-appartement ou notre communauté.

Si ça brûle en toi,
ça brûlera autour de toi…
Ne serait-ce que par le regard,
par un coup de téléphone, par un courriel,
et surtout par le temps donné à écouter et à aider…
Il y a un coin de terre qui nous est confié.

Mais cela ne peut pas se faire
sans que nous disions aussi :
« je dois recevoir un baptême »… (Lc 12, 50)
Notre vie ne devient féconde pour le Royaume
qu’à travers la croix,
qu’à travers notre croix…
Nous avons parfois l’impression
d’être submergés dans l’hostilité, les problèmes, la souffrance…
Ne serait-ce pas notre « baptême »
où avec Jésus nous portons la souffrance de ce monde
pour la porter au Père…
Nous nous épuisons à nous débattre,
mais si nous remettons à Jésus et au Père
ce qui nous submerge,
nous faisons l’expérience de la Résurrection.

Alors, nous devenons ce que nous sommes :
des créatures nouvelles,
des hommes et des femmes de feu…

Rendons grâce pour la lumière et la chaleur de l’amour
que le Seigneur nous fera porter au monde
ce soir, demain, et jusqu’à notre dernier jour sur cette terre,
et plus encore au-delà !

Et laissons descendre en notre coeur :
« Moi, (mon prénom), je suis venu jeter du feu sur la terre
et pour cela je dis oui à la croix que je porte. »

Seigneur qu’aucune petite ou grande immersion de ma vie
dans le mystère de la croix
ne reste sans fruit.

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