FMJ MtlSamedi, 4e Semaine de Carême – C
Frère Antoine-Emmanuel
Jr 11, 18-20 ; Ps 7 ; Jn 7, 40-53
20 mars 2010
Montréal, Sanctuaire du Saint-Sacrement

Celui qui est Dieu

Soukkot, la fête des Tentes !
Fête populaire et joyeuse qui rassemble
une foule de pèlerins venus de tous les horizons de la diaspora.
8 jours de joie.
8 jours pour célébrer la Providence divine.
8 jours en mémoire du désert
où Israël avait été nourri et abreuvé par la grâce divine.
8 jours qui culminaient en ce huitième jour
où l’on puisait avec enthousiasme à la source de Siloé
évoquant ainsi les derniers temps
où l’on puisera avec joie aux sources du salut (cf. Is 12,3).

*

Cette année-là, la fête revêt une allure particulière.
Arrivé discrètement au milieu de la semaine (cf. Jn 7,14),
Jésus est là.
Aujourd’hui ce ne sont pas tant ses œuvres
que sa parole qui attire l’attention de tous.
Ne s’est-il pas écrié au dernier jour de la fête,
debout dans le Temple :
Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi,
et qu’il boive, celui qui croit en moi (Jn 7,37).
Du côté de la foule des pèlerins, c’est l’émerveillement,
l’émerveillement devant une parole prophétique,
une parole libre et libérante.

C’est vraiment lui le Prophète (Jn 7,40).
entend-on sur l’esplanade.
La parole de Jésus pleine d’exigence et de miséricorde,
de vérité et de justice est celle d’un prophète.
Voici tant d’années qu’il n’était plus de prophète
et nul ne savait jusqu’à quand.
Mais aujourd’hui, un grand prophète
s’est levé parmi nous (Lc 7,16).
Un prophète, c’est un homme libre pour Dieu
qui ne se laisse jamais étouffer par
le carcan des lois trop humaines
ou la stérilité d’un culte privé de souffle.

Cette liberté, la foule la reconnaît en Jésus,
au point de confesser qu’il est non seulement un prophète
mais le prophète annoncé à Moïse :
C’est un prophète comme toi, dit le Seigneur,
que je leur susciterai au milieu de leurs frères ;
je mettrai mes paroles dans sa bouche
et il dira tout ce que je lui ordonnerai (Dt 18,18).

Le grand prophète, véritable médiateur
tel est bien Jésus :
Le Père qui m’a envoyé, dit-il, m’a Lui-même commandé
ce que j’avais à dire et à faire connaître (Jn 12,49).
Les paroles que je vous dis,
je ne les dis pas de moi-même,
mais le Père demeurant en moi fait ses œuvres (Jn 14,10).

Il est même plus que le grand prophète,
Il est le Verbe : Il est la Parole de Dieu.
Ainsi la confession de la foule était-elle authentique,
mais imparfaite.

*

Parole de liberté, donc.
Parole d’autorité aussi :
C’est le Christ (Jn 7,41),
c’est le Messie clamaient d’autres pèlerins.
Sa Parole est une parole puissante.

Et qui peut avoir une telle autorité sinon le Messie tant attendu ?
Celui qui doit venir inaugurer les temps messianiques,
et établir la royauté d’Israël sur le monde entier.
L’autorité de Jésus est celle d’un vrai libérateur.
Cela, les témoins de ses miracles l’avaient déjà confirmé :
Qu’est-ce que cela l’interrogeait-on,
un enseignement nouveau, donné avec autorité ? (Mc 1, 27)
Celui-là n’est-il pas le fil de David ? (Mt 12, 23)
Voici qu’il parle avec autorité,
non pas comme les scribes (Mc 1,22).

Ainsi se manifestait l’enthousiasme des foules
au point qu’on voulait le faire roi (cf. Jn 6,14).

Là aussi, la confession de la foule est authentique
mais bien imparfaite :
Car la Parole de Jésus n’est pas celle d’un libérateur politique,
venu nous libérer des contingences qui nous pèsent ?
Il est beaucoup plus que cela.
Ses paroles sont esprit et elles sont vie (Jn 6,63).
Ses paroles ne passeront pas (Mt 21,33).
Et Pierre pourra confesser
qu’Il a les Paroles de la Vie éternelle (Jn 6,68).
En vérité, en vérité, je vous le dis,
si quelqu’un garde ma parole,
il ne verra jamais la mort (Jn 8,51).
Telle est la vérité sur la Parole de Jésus,
le Christ de Dieu,
venu pour nous libérer de la mort
et nous faire partager la Vie de Dieu.

Parole de liberté que celle de Jésus
qui est plus que le grand Prophète.
Parole d’autorité de celui qui est plus que Messie.
Parole de sainteté enfin.
Quelle splendide confession que celle des gardes du Temple
revenus bredouilles de leur mission :
Nul n’a parlé comme cet homme ! (Jn 7,46)
Car il y a dans les paroles de Jésus
quelque chose qui est radicalement autre,
qui est totalement nouveau.
Nous n’en sommes plus seulement à l’admiration
devant les paroles pleines de grâce
qui sortent de sa bouche (Lc 4,22).
mais à une confession de foi
devant la sainteté de Jésus.

Nul n’a parlé comme cet homme !
Comment peut-on être homme et parler ainsi ?
D’où vient cet homme ?
Aussi la question surgit : celle de l’origine de Jésus !

Une question que l’Évangéliste
laisse dans ce passage sans réponse.
Car c’est à nous, frères et sœurs de répondre.
Bien sûr, il est originaire de Bethléem
ce qu’ignoraient les pharisiens et ce qui accrédite sa messianité.
Mais il est plus que cela !
Aussi Nicodème a-t-il bien raison de dire,
qu’au nom de la Loi, portée à son accomplissement,
il faut l’écouter
et il faut voir ce qu’il fait pour découvrir d’où il vient.
Telle est bien notre nouvelle Loi,
inscrite en nos cœurs par l’Esprit :
écouter Jésus et entrer dans la foi.
Écouter Jésus et reconnaître la liberté,
l’autorité et la sainteté de sa parole.
Écouter Jésus et croire qu’Il est Lui-même
le Verbe de Dieu, plein de grâce et de vérité (cf. Jn 1, 14).
Écouter Jésus parce que sa parole
nous fait passer de la mort à la vie.
Écouter Jésus et confesser qu’Il est en vérité
l’envoyé du Père, le Fils de Dieu.
Prophète, il nous enseigne,
Messie il nous sauve,
Fils du Père, il nous donne de rencontrer Dieu.

Frères et sœurs, que la Parole du Christ
réside chez-vous en abondance (Col 3,14).
Écoutez-le ! (Mt 17,5)

Afin que Jésus ne soit plus rejeté
mais reconnu comme le Crucifié ressuscité
qui nous aime et nous sauve.
Celui qui est la Vie et qui nous donne la Vie.
Celui qui vient de Dieu.
Celui qui est Dieu.
Parle Seigneur Jésus,
ton serviteur, ta servante écoute.

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