FMJ MtlSaint Antoine le Grand, moine en Égypte, 356 – C
Frère Thomas
Ép 6, 10-13,18 ; Ps 15 ; Mt 19, 16-21
17 janvier 2013
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Le combat spirituel

Saint Antoine est le premier moine connu,
qui a vécu en Égypte au début du 4e siècle,
et dont l’évêque Saint Athanase
nous a laissé l’admirable écrit de sa biographie.
L’expérience spirituelle qu’il nous a laissée,
éclairée par les deux lectures bibliques
que nous venons d’entendre, peut se caractériser
par la solitude avec Dieu et le combat spirituel.
La solitude avec Dieu dans la marche à la suite du Christ.
Le combat spirituel qui est abandon à Dieu
qui nous rend de plus en plus apaisés en Lui.

Si la liturgie de l’Église pour la fête de Saint Antoine
a retenu l’Évangile du jeune homme riche,
c’est parce que ce texte a été déterminant
dans la vocation du jeune Antoine.
Il méditait en effet sur les premiers chrétiens qui,
au temps des apôtres,
renonçaient à la possession de leurs biens
pour tout mettre en commun, à cause de Jésus Christ.

C’est alors qu’il entendit cet Évangile proclamé dans une église,
et il le reçut comme s’adressant à lui personnellement.
Il vendit alors ses biens,
confia sa jeune sœur dont il avait la charge
à une communauté de dames consacrées,
puis alla vivre dans la solitude.
Il était d’abord auprès d’un autre ermite,
Paul, aux abords du village,
puis il alla s’enfoncer de plus en plus dans la solitude du désert.

Pourquoi donc le désir de se mettre à la suite du Christ
l’a-t-il conduit à vivre une telle solitude ?
C’est de là que vient le mot moine :
moine vient du grec « monos »,
qui signifie seul… seul avec Dieu.
Pour les premiers chrétiens, la suite du Christ
prenait pourtant plutôt l’aspect d’une vie communautaire.
Jésus avait autour de Lui les douze apôtres.
Puis, après la Pentecôte,
les chrétiens se rassemblaient dans des maisons,
mettant leurs biens en commun.

Cet aspect communautaire de la vie des chrétiens
était également marquant
durant les trois premiers siècles de l’ère chrétienne,
lorsque les chrétiens étaient persécutés,
pourchassés par l’empire romain païen.
Lorsque les chrétiens avaient à rendre témoignage
devant les païens, jusqu’au martyre,
cela les conduisait à vivre dans toute une solitude
par rapport au monde païen qui les environnait.
C’est cette solitude qu’Antoine,
et les moines qui allaient au désert au 4e siècle,
ont recherché.

Quand l’empire romain est devenu chrétien,
une certaine tiédeur a gagné beaucoup de chrétiens.
Antoine a recherché cet amour de la solitude avec Dieu,
cette marche à la suite du Christ,
qui naguère avait conduit les martyrs
à verser le sang à cause du Christ.

Solitude qui cependant ne signifie pas isolement,
ni fuite des humains.
Antoine s’est enfoncé au désert
mais il ne refusait pas les visites.
Et si l’évêque Saint Athanase en a écrit sa biographie,
c’est qu’Antoine attirait du monde à lui :
la dimension communautaire de la vie chrétienne
ne lui était pas étrangère.
Notre Dieu est à la fois unique, seul, séparé,
et trine, famille, communauté.

Notre monde aujourd’hui ressemble à celui de temps d’Antoine :
nous baignons dans toute une culture païenne
tout en pouvant librement vivre notre foi.
Il importe que nous vivions à la fois la solitude avec Dieu
– selon notre vocation à chacune –,
et la communion fraternelle avec les autres chrétiens :
il en va de la vie de notre foi,
du sérieux de notre marche à la suite du Christ.
La lecture de l’Épître aux Éphésiens parle du combat spirituel.
Le combat qu’Antoine a vécu contre le démon
est célèbre et a inspiré bien des artistes.
Ce combat est celui de chaque chrétien,
il n’est pas réservé à des êtres exceptionnels.
C’est un combat spirituel, pour le bien et contre le mal,
pour rejeter les mauvais esprits, les démons
et accueillir l’Esprit Saint.
Ce n’est pas un combat contre d’autres humains.
Un chrétien n’exerce pas de violence physique ni psychologique :
sa violence est dans son refus des inspirations des mauvais esprits.

C’est aussi un combat dans lequel nous ne sommes pas seuls.
Le Christ l’a remporté pour nous avant nous.
Ce combat consiste pour nous d’abord
à nous abandonner au Christ,
à nous abandonner à l’amour du Père.
Si Saint Antoine a pu ainsi vivre si longtemps
dans la solitude du désert,
c’est par la grâce de Dieu.

C’est ce que nous sommes appelés à vivre,
chacun selon notre vocation,
là où nous sommes, dans la ville où nous habitons.

C’est par ce combat spirituel, vécu avec le Christ,
que nous pourrons vivre notre solitude avec Dieu,
notre communion fraternelle, avec les autres chrétiens,
notre amour de tous les humains car, comme Saint Antoine,
ce combat spirituel nous rendra de plus en plus
apaisés intérieurement et aimants extérieurement.

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