FMJ MtlVendredi, 24e Semaine du Temps ordinaire – A
Frère Antoine-Emmanuel
1 Co 15, 12-20 ; Ps 16 ; Lc 8, 1-3
19 septembre 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Croyez-vous en la résurrection ?

Saint Paul nous pose une question :
« Comment certains d’entre vous disent-ils
qu’il n’y a pas de résurrection des morts ? » (1 Co 15,12)
Comme si Paul nous disait :
vous avez tous la certitude
qu’il y a quelque chose après la mort.
Et vous avez raison.
Vous êtes à l’écoute de votre conscience,
à l’écoute de la raison,
et vous percevez que la mort
n’a pas le dernier mot sur la nature humaine.
Et vous avez raison.

*

Vous dites qu’il y a « quelque chose » après la mort.
Mais quoi ?
« Certains disent qu’il n’y a pas de résurrection ».
C’est-à-dire : certains disent que notre survie au-delà de la mort
c’est une existence quasi symbolique, métapsychique,
une sorte de suspension dans un état mystérieux,
où quelque chose, comme notre âme, demeure en vie.
Certains croient aussi à une réincarnation :
l’âme qui se purifie peu à peu par des passages successifs
dans des corps différents.

Mais tout cela n’est pas – pas du tout – la résurrection.
Le mot de « résurrection » implique nécessairement le corps.
Qui dit « résurrection » dit « corps ».
Nous sommes chrétiens si nous croyons à la « résurrection »,
c’est-à-dire à une transformation de notre corps
qui devient un « corps glorieux »,
qui, dans un processus que nous ne comprenons pas,
est une œuvre de Dieu.

Autres sont les corps qui sont les nôtres aujourd’hui ;
autres sont les corps glorieux.
Mais c’est le même corps,
mon corps, ton corps, qui est transformé.

C’est très difficile pour nous d’admettre cela.
Il s’agit de croire que l’Esprit Saint
qui déjà agit dans notre vie, dans notre corps,
poursuivra son œuvre
jusqu’à accomplir cette transformation.

Il te transformera, Il transformera ton corps
qui deviendra un corps entièrement habité par l’Amour ;
un corps qui ne meurt pas ;
un corps qui vit éternellement.

« Comment certains d’entre vous disent-ils
qu’il n’y a pas de résurrection ? »

Regardez bien que s’il n’y a pas de résurrection des morts,
alors Jésus n’est pas ressuscité.

Mais si Jésus n’est pas ressuscité,
notre foi est vide, elle n’a pas de sens, pas de contenu.
Et si notre foi est vide,
nous perdons notre temps ici.

S’il n’y a pas de résurrection,
il n’y a pas d’Eucharistie ;
il n’y a pas de Sainte communion ;
il n’y a pas de Vie éternelle en Dieu
et nous sommes les plus malheureux
de tous les hommes. (cf. 1 Co 15,19)

Mais, non… « Christ est ressuscité ! » (1 Co 15,20)
Les Apôtres en témoignent,
et ils en ont témoigné jusqu’au martyre.
L’Église en témoigne.
L’œuvre extraordinaire de l’Esprit Saint
dans des générations de croyants en témoigne.
L’existence même de l’Église aujourd’hui en témoigne.
Et chacun de nous pourrait témoigner
des merveilles de l’Esprit dans notre vie
qui sont une manifestation de la Résurrection.

Toute visite de l’Esprit Saint dans notre vie
témoigne de la Résurrection.
« Christ est ressuscité ».
Et Paul continue :
« prémices de ceux qui se sont endormis ». (Id.)
Prémices : cela veut dire les premiers fruits,
la première récolte qui annonce toute la récolte à suivre.
La Résurrection de Jésus est le prélude à cette grande moisson
qui est la résurrection de l’Humanité.
Ta résurrection.
Ma résurrection.
La résurrection de la chair.

Voilà ce dont nous sommes les témoins aujourd’hui !
Témoins comme l’étaient ceux
qui ont suivi Jésus au jour de sa chair.

Regardons brièvement l’Évangile de ce jour.
Qui faisait route avec Jésus ?
Luc mentionne « les Douze ». (Lc 8,1)
Mais, ajoute : et des femmes qui avaient été guéries
d’esprits mauvais et d’infirmités
qui les servaient de leurs biens. (cf. Lc 8, 2-3).

Il y a deux manières de lire cela.
« Pauvres femmes… » c’étaient des femmes fragiles
dont les misères spirituelles et physiques,
nous font pitié…

Ou bien : Voilà des femmes qui,
d’une manière personnelle, profonde, existentielle,
ont découvert plus que les Douze, qui est Jésus.
Elles ont fait l’expérience dans leur âme et dans leur corps
de la puissance de l’Amour de Jésus.
Il y a entre elles et Jésus un lien d’une grande profondeur.
Ce sont de « saintes femmes »,
d’une fidélité exemplaire.
Fidélité qui les mènera jusqu’au pied de la Croix.

Leurs blessures, leurs fragilités sont devenues
le lieu d’une rencontre qui a transformé leur vie.
Elles ont désormais un ministère irremplaçable dans l’Église.
En elles, Dieu nous dit ce qu’est l’Église,
En elles, Jésus montre la beauté de son œuvre de Salut
et elles deviennent de grands apôtres.

*

Frères et sœurs, prenons-les comme exemple
pour devenir nous aussi des témoins de la Résurrection.
Et prions pour que, parmi nous,
beaucoup de femmes assument ce ministère
qui témoigne de la vie et de la beauté de Jésus.
Nous les hommes, en particulier, nous en avons besoin.

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