FMJ MtlLE SACRÉ-CŒUR DE JÉSUS – C
(Clôture de l’année sacerdotale)
Frère Antoine-Emmanuel
Éz 34, 11-16 ; Ps 22 ; Rm 5, 5b-11 ; Lc 15, 3-7
11 juin 2010
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Dans le monde, mais pas du monde

Je fléchis les genoux en présence du Père
Qu’Il daigne vous faire un don, un immense don :
Que le Christ habite en vos cœurs par la foi
et que vous soyez enracinés,
fondés dans l’Amour (Ép 3, 14..17).

Voilà ce que Paul demandait au Père
pour les chrétiens d’Éphèse.
Voilà ce qu’aujourd’hui
nous pouvons demander les uns pour les autres :
Que le Christ habite dans (nos) cœurs par la foi.

Par la foi …
Si tu vis de la foi, si tu crois,
tu verras la gloire de Dieu. (Jn 11,40)
Tu verras comment le Christ Jésus
peut habiter dans ton cœur, dans ta vie.

Ainsi, poursuis Paul,
vous connaîtrez l’amour du Christ
qui surpasse toute connaissance (Ép 3,19).

Connaître ici n’est pas seulement intellectuel.
Ni seulement sentimental.
C’est une expérience qui descend plus profond en nous
et qui affecte notre volonté.
C’est un véritable nouveau moteur en nous.

Connaître l’Amour du Christ, c’est connaître son Cœur.
Mais comment pouvons-nous connaître le Cœur du Christ ?

Comment pouvons-nous connaître
ce qui surpasse toute connaissance ?

*

Le premier pas est de contempler ce Cœur à travers l’Écriture.
Nous bénéficions de la Révélation
qui nous apporte une vérité objective, claire, définitive.
Elle nous parle d’un cœur de chair, un cœur non partagé
qu’aucun attachement ne détourne de l’amour.
Ce cœur d’où jaillissent éternellement
le Sang du Sacrifice et l’Eau de la Vie.
Ce cœur eucharistique que Jésus Lui-même percevait
comme un cœur doux et humble (Mt 11,29).
Voilà ce que nous pouvons contempler
à la lumière de la Révélation.

À travers l’Écriture, mais aussi à travers la Tradition,
voici comment le Cardinal Newman évoquait le Cœur de Jésus.

Mon Dieu, mon Sauveur, j’adore votre Cœur sacré ;
car ce Cœur est le siège
de toutes vos plus tendres affections pour nous, pécheurs.
Il est l’instrument et l’organe de votre amour ;
Il a battu pour nous ;
Il a soupiré d’un grand désir de notre amour ;
Il a souffert douloureusement pour nous et pour notre salut.
Le zèle l’enflamma, pour que la gloire de Dieu
fût manifestée en nous et pour nous.
Il est le canal par lequel
votre affection humaine débordante est venue à nous ;
par lequel est venue à nous toute votre divine charité.
Toute votre incompréhensible compassion pour nous,
comme Dieu et comme homme, comme notre Créateur,
notre Rédempteur et notre Juge,
est venue à nous et y vient toujours par ce Sacré-Cœur
en un fleuve aux courants mêlés inséparablement.
Ô symbole très sacré et sacrement
de l’amour divin et humain dans sa plénitude.
Vous m’avez sauvé par votre force divine
et par votre affection humaine,
et enfin par ce Sang miraculeux dont Vous débordiez.

L’Écriture et la Tradition
reflètent de mille manières ce cœur battant
mais elles nous conduisent aussi plus loin que la seule méditation.

Pour connaître le Cœur de Jésus,
il nous faut demander à Jésus Lui-même de nous le faire goûter.

*

Goûter ce Cœur.
C’est-à-dire laisser venir à nous les flots de l’Amour.
Le chemin royal pour cela
est celui de nous reconnaître brebis perdue.

Oui, Seigneur, je suis cette centième brebis
qui s’égare sans cesse sur des chemins de traverses,
loin de l’Évangile.
Cette brebis séduite par le monde,
cette brebis qui n’a pas le courage
d’être et de demeurer libre.

Le Cœur de Jésus, nous le découvrons
lorsque nous nous reconnaissons pleins de boue,
sentant mauvais,
le corps perclus d’épines et déjà en train de chuter
dans le ravin de la mort.

Quand nous pensons ne mériter que l’abandon
et que nous nous découvrons cherchés ;
quand nous attendons des coups de bâton
et que nous nous retrouvons sur le Cœur du Pasteur ;
quand nous sommes convaincus
d’être relégués au rang des incorrigibles
et que nous sommes fêtés,
alors nous connaissons le Cœur du Christ.

*

Peut-on aller plus loin ?
Je le crois.
Connaître pleinement le Cœur du Christ,
cela nous vient quand nous demandons à Jésus
de faire l’expérience de son Cœur en nous,
l’expérience de vivre avec un cœur, d’agir selon son Cœur.

C’est une demande audacieuse
mais qui plaît tellement au Seigneur.

Une demande douloureuse
parce qu’immédiatement nous réalisons
que nous avons encerclé notre cœur
d’un nombre incroyable de limites.
Nous avons imposé à notre cœur de ne pas trop aimer
et il faut aller au-delà.

Vivre du cœur de Jésus, c’est aussi souffrir d’une immense soif :
une soif des âmes,
une soif de la Vie de Dieu dans chaque âme.

C’est surtout être consommé par un élan infatigable vers le Père.
C’est aller, sans cesse et sur toute les routes, vers le Père.
Vers le Père avec tous les humains.
Vers le Père avec toute la création.

*

Seigneur Jésus, ce soir nous te le demandons,
et nous te le demandons pour tous les prêtres du monde
fais nous connaître ton Cœur.

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