FMJ MtlJeudi, 5e Semaine de Pâques – A
Frère Antoine-Emmanuel
Ac 15, 7-21 ; Ps 95 ; Jn 15, 9-11
26 mai 2011
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Déjà aimés

Dans la toute première prédication de l’apôtre Pierre
jaillit un appel :
« Convertissez-vous donc et revenez à Dieu » (Ac 3,19).

Le Mystère pascal, cet événement incroyable où l’amour de Dieu
s’est mis à nu devant nous – et pour nous –
appelle une conversion.

Une conversion semblable à celle que Copernic défendait
quand il affirmait que c’est la Terre qui tourne autour du soleil
et non l’inverse.

Que nous dit de fait Jésus aujourd’hui ?
« Si vous observez mes commandements,
vous demeurerez dans mon amour » (Jn 15,10).

Nous, nous dirions volontiers :
« Si vous observez mes commandements,
moi je vous aimerai… »
Donnant, donnant !
Si tu m’obéis, je t’aime.
Si tu ne m’obéis pas, je ne t’aime pas.
Alors, je vais t’obéir pour obtenir ton amour.

C’est comme cela que fonctionnent beaucoup de nos relations.
C’est aussi comme cela
que nous fonctionnons le plus souvent vis-à-vis de Dieu,
ce qui nous mène dans une voie sans issue,
parce que, justement, Dieu ne « fonctionne » pas de cette manière.

Jésus nous le dit clairement aujourd’hui :
obéissant ou pas, nous sommes déjà aimés.

L’amour de Jésus pour nous ne repose sur rien.
Absolument rien.
Absolument rien qui vienne de nous.
Et c’est énervant pour le vieil homme !
Je voudrais bien être un peu l’auteur de ton amour pour moi…
mais il n’en est pas ainsi.

Comme le Père a aimé Jésus
par pur amour,
parce qu’Il est Amour,
de la même manière,
avec la même gratuité, la même pureté,
Jésus nous aime.

Notre obéissance ou notre désobéissance
à ce que Dieu nous demande
n’a aucune influence sur l’amour que Jésus nous porte.

Nous sommes souvent comme le coq
qui croit que le jour se lève parce qu’il chante.

Et c’est bien le contraire…

Dieu ne nous aime pas à cause de ce que nous faisons,
et même à cause de ce que nous sommes.
Nous sommes parce qu’il nous aime.
Nous existons par ce qu’il nous aime.

*

Mais Jésus nous mène plus loin.
Il nous dit : « Si vous observez mes commandements,
vous demeurerez dans mon amour. »

L’obéissance à ce que Jésus nous demande
ne nous donne pas d’être aimés,
– nous le sommes déjà –
mais nous donne de demeurer dans l’Amour de Jésus.

Chaque petit acte d’obéissance à Jésus, à sa Parole,
nous fait entrer dans l’Amour de Jésus,
nous fait goûter son Amour.

Au lieu d’être un trésor inconnu,
l’Amour de Jésus devient nôtre.

Souvent, nous disons :
« mais le Seigneur m’aime-t-il vraiment ? »
La réponse est là :
obéis à sa Parole, et tu entreras dans son Amour,
tu le goûteras.

L’amour de Jésus
n’est pas une idée seulement, ou un sentiment,
c’est du réel, du factuel, du concret.
On y entre avec la vie,
pas seulement avec la tête ou les émotions.

Il y a une expérience de l’amour du Christ
qu’on ne peut faire qu’avec les mains et les pieds,
avec la vie – pas avec l’imagination.
Et c’est bien cela qui nous mène à ce que Jésus appelle
l’accomplissement de notre joie.

La joie de Jésus, sa joie la plus personnelle et profonde,
c’est d’obéir au Père,
c’est-à-dire d’accomplir
concrètement, corporellement, sa volonté
en donnant sa vie pour la recevoir par après.

Et c’est cette joie qu’il veut nous partager.
Joie de la vie donnée,
joie de l’obéissance très concrète, très incarnée.

*

Seigneur Jésus, toi dont l’amour
nous précède éternellement
mais que nous connaissons si peu,
réveille en nous la charité;
qu’en posant des gestes d’amour ce soir, et demain,
nous découvrions la profondeur de ton amour
et entrions dans la joie,
la joie accomplie qui est ta joie !
Amen.

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